Déchets, excréments, moisissure : les conditions de détention à la prison de La Talaudière à nouveau dénoncées par une député de la Loire

4e visite de la prison de la Talaudière, près de Saint-Etienne, pour la députée insoumise de la Loire Andrée Taurinya. 400 personnes sont détenues dans cette maison d'arrêt considérée comme l'une des plus vétustes de France. L'établissement a été épinglé par le Conseil d'Etat en mai 2023 pour ses conditions de détention extrêmement dégradées, mais les améliorations tardent à se mettre en place.

La députée LFI de Saint Etienne, Andrée Taurinya, réélue début juillet, se bat depuis plus de 2 ans pour améliorer les conditions de détention à la maison d'arrêt de la Talaudière. Vétuste, la prison tarde à réaliser des travaux de rénovation exigés par le Conseil d'Etat en mai 2023. Avant la dissolution, l'élue a visité la prison pour la 4ème fois - toujours à l'improviste - et elle a encore constaté des manquements. 

Accompagnée d'un représentant de l'Observatoire international des prisons, Andrée Taurinya s'est d'abord rendue dans les salles d'attente de l'unité médicale. Rien n'a changé depuis sa dernière visite, 6 mois plus tôt : il y a des traces de vomi et de déjections sur les murs.

Face à cette réalité, la députée enrage : "Vous vous imaginez ? Vous allez chez le médecin et vous vous retrouvez dans une salle d'attente avec un mur dans cet état là ? C'est inimaginable !.. Ce n'est pas parce qu'ils sont détenus que ce sont des moins que rien ou des sous-hommes... Ce ne sont pas des animaux, ce sont des êtres humains, donc ils ont les mêmes droits que n'importe quel autre être humain !"

Des atteintes à la dignité humaine

Dans certaines cellules, la situation n'est guère meilleure : encore et toujours des traces d'humidité, des équipements cassés, des sanitaires souillés. Et les cloisons séparant l'espace nuit des toilettes ne sont toujours pas conformes. Une intolérable atteinte à l'hygiène et à la dignité humaine, pour Andrée Taurinya : "Je veux m'assurer que les droits fondamentaux sont respectés", explique la députée LFI. "Le droit fondamental à l'intimité, c'est un droit inaliénable. On doit pouvoir faire ses besoins en toute tranquilité !"

Dans la coursive menant à la cour de promenade, des tonnes de déchets. Ce jour là, leur déblaiement n'aurait pas pu être réalisé, faute de personnel : selon la direction, il manquerait actuellement une dizaine d'agents à la maison d'arrêt.

Les 3 dernières visites de l'élue ont permis de contraindre l'administration pénitentiaire à agir. Les plaintes déposées à partir de ses rapports par l'Observatoire International des Prisons (OIP) - association de défense des droits des détenus - sont remontées du Tribunal administratif jusqu'au Conseil d'Etat. En mai 2023, ce dernier a reconnu l’indignité des conditions de détention au sein de l'établissement stéphanois et ordonné à l’administration de les améliorer en urgence.

Mais certains travaux prennent du retard : "L'une des injonctions consistait à faire venir une nacelle pour nettoyer les fil barbelés où restent accrochées toutes sortes de déchets", donne Andrée Taurinyia en exemple. "Mais comme le devis n'est pas validé, l'entreprise n'est pas venue. Il y a des excréments de rats et ça sent très mauvais, alors que les détenus sont obligés de passer par là pour aller en promenade."

En off, certains surveillants disent ne pas comprendre pas ce qu'ils qualifient d'acharnement... D'autant que la maison d'arrêt stéphanoise, qui date des années 60, a démarré un plan de rénovation sur plusieurs années. La députée LFI, elle, estime être dans son rôle en exerçant ainsi son droit de visite d'élue : "Il y avait un problème de toilette, dans le quartier des femmes, qui a pu être immédiatement résolu : j'ai pu obtenir des douches pour les femmes en période de menstruations autant de fois qu'elles le voulaient alors qu'auparavant ça n'était qu'une fois par semaine... Donc oui, là, je me sens parfaitrement utile."

5 heures d'inspection, des centaines de photos, cette nouvelle visite donnera lieu à un rapport. Il pourra être repris par les associations qui luttent pour améliorer les conditions de vie des personnes en détention. " Ce n'est pas parce qu'elles ont été condamnées à une peine de prison que les personnes l'ont été à des conditions indignes de détention, précise Johann Bihr, de l'Observatoire International des Prisons. "Le droit de visite des parlementaires est la garantie d'un contrôle effectif des conditions de détention dans les prisons françaises."

Considérée comme l'une des plus vétustes de France, la maison d'arrêt de la Talaudière est dans le collimateur des associations depuis de nombreuses années. Près de 400 personnes y sont détenues pour des peines ne dépassant pas 2 ans.

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