" Je passe 6 à 10 heures par jour à broder ", à 81 ans, Marie-Thérèse prépare le concours de MOF

C'est une octogénaire qui prépare le concours de Meilleur Ouvrier de France en broderie. La spécialité de Marie-Thérèse, une habitante d'Andrézieux-Bouthéon, près de Saint-Etienne : la peinture à l'aiguille. Une discipline qui nécessite rigueur, patience et dextérité.

"Depuis août, je passe entre 6h et 10 heures par jour à broder pour ce concours", explique Marie-Thérèse Massard. Sur son tambour à broder, très concentrée, elle travaille d'arrache-pied et en silence pour présenter le concours de MOF - Meilleur ouvrier de France -  de broderie en "peinture à l’aiguille". Cette technique consiste à reproduire sur une toile à broder des motifs de flore et de faune de manière réaliste. 

Passionnée de dessin

Âgée 81 ans, Marie-Thérèse a toujours fait de la broderie depuis l'enfance. "J'ai même brodé mon trousseau avec ma mère", explique cette ancienne employée des impôts, passionnée de dessin. Cette habitante d'Andrézieux-Bouthéon est allée voir "les meilleurs" pour apprendre. Elle a notamment fait appel à Raymonde Faure, auréolée de ce titre dans trois disciplines. "J'avais fait des stages de broderie mais ça ne me satisfaisait pas", confie l'octogénaire.

"Elle a l'œil !"

Elle a donc contacté Raymonde Faure qui enseigne depuis plus de 30 ans. Marie-Thérèse est devenue son élève, et elle est même la toute première qu'elle présente au concours de MOF. Personne ne remplissait toutes les conditions pour accéder à ce prestigieux concours avant elle. "Je n'avais jamais eu des personnes qui pouvaient le faire. J'ai d'autres élèves qui font de la peinture à l'aiguille, mais ce n'est pas pareil. Je n'ai jamais eu d'élève comme Marie-Thérèse !". L'élève est émue, elle embrasse son professeure.

Je n'ai jamais eu d'élève comme Marie-Thérèse

Raymonde Fort, sa formatrice

Pour faire "vivre" le motif, le sens du point compte, la couleur aussi. "On utilise des couleurs qui se fondent les unes dans les autres," explique Raymonde Faure. "Ce qui a facilité le travail de Marie-Thérèse, c'est qu'elle fait de la peinture. Elle a l'oeil", explique le professeure. 

"Marie-Thérèse, c'est une très bonne élève et c'est une personne qui va jusqu'au bout quand elle commence quelque chose", confie Raymonde Faure. "Elle connaît le travail bien fait. Je pense qu'elle en est très capable". 

Si une couleur ne va pas, je la défais avec plaisir. Si ce n'est pas net, je défais pour arriver à cette perfection qu'on essaye de trouver chez les MOF. C'est ce qui compte : toujours faire bien !

Marie-Thérèse Massard

Aujourd'hui, Marie Thérèse ne ménage pas ses efforts  pour réussir l'épreuve. Ce concours de Meilleur Ouvrier de France est "un gros défi". 

Une question de reconnaissance

Pourquoi passer un tel concours ? "La reconnaissance du travail bien fait avant tout, même tardivement. Le jour où Raymonde m'a dit que mon travail pouvait être présenté à ce concours, c'était vraiment sensationnel !" explique Marie-Thérèse Massard.

Elle aimerait bien mettre ses connaissances au profit des plus jeunes. "Je verrais bien des cours dans ce domaine. Mon rêve, un cours le mercredi pour que les scolaires puissent y aller," explique-t-elle timidement. "En tant que stagiaire, je ne me sens pas la possibilité de faire cette demande. Mais si j'étais Meilleur Ouvrier de France, je crois que j'aurais plus de poids pour obtenir l'ouverture de ce cours pour les jeunes".

Marie-Thérèse Massard se forme à la broderie depuis neuf ans dans les ateliers des Meilleurs ouvriers de France (MOF), une association qui existe depuis 1937 et accueille environ 200 personnes dans la Loire. "Je ne pourrais plus me passer de ma peinture à l'aiguille. C'est de la détente", explique-t-elle.

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