Pas toujours simple de trouver une idée de cadeau à mettre au pied du sapin. À Saint-Etienne, des commerçants misent sur le locavore et l'esprit de clocher pour attirer les clients.
En temps normal, dans le centre-ville de Saint-Etienne, la boutique Trincamp vend des objets vintages sur les fleurons historiques de la ville : l'ASSE bien sûr, mais aussi Manufrance ou encore Casino. En ce mois de décembre, c'est une nouvelle pièce qui a pris place dans la vitrine de la boutique.
"Pas un pull de Noël moche"
Un pull vert, avec un paysage stéphanois enneigé. "Il y a la fameuse Tour Montreynaud qui n'existe plus, mais qui est restée dans l'imaginaire stéphanois, le stade Geoffroy Guichard, les usines et bien évidemment le chevalement", décrit Dorian Beaune, fondateur de la boutique. Sur cette représentation fantasmée de Saint-Etienne, le chevalement, la structure qui permettait aux mineurs de descendre dans la mine, sert de point de départ à un télésiège qui part en direction des crassiers enneigés de Saint-Etienne.
"C'est un pull de montagne et non pas un pull de Noël moche fabriqué à l'autre bout du monde", insiste Dorian Beaune qui a voulu créer un pull hommage à sa ville. Un vêtement fabriqué dans le département à Roanne. "On a un bon lancement : en moins d'une semaine on a vendu les trois quarts de la première partie de la production", assure le Stéphanois.
"On fait le chiffre d'affaires de l'année"
Des produits fabriqués dans le département, la boutique de l'office de tourisme en vend toute l'année. Des chocolats, du vin, des gâteaux, des affiches et même des sacs banane. A l'occasion des fêtes de fin d'année, la boutique se pare de guirlandes lumineuses et de fausse neige. "On est sur une période dense, avec beaucoup de personnes qui viennent faire leurs achats de Noël, détaille Emilie Richard, la Directrice adjointe. Le mois de décembre, c'est le gros mois, on fait à peu près le chiffre d'affaires de l'année. On sent que les gens cherchent du local. "
L'Office de tourisme a même créé ses propres produits pour les fêtes, cultivant l'imaginaire local. Avec, par exemple, le "babet de compagnie", une pomme de pin dans une boîte à qui il faut donner beaucoup d'attention. On ne manque pas d'humour à Saint-Etienne ou alors, on sait faire feu de tout bois. "On a pas mal d'étudiants ou de personnes qui sont là pour le travail qui viennent pour ramener des cadeaux dans leur famille", précise la directrice adjointe.
Babet, baraban, gâté ...
Il faut sans doute être stéphanois pour savoir qu'un "Babet" est une pomme de pin, que "Bauseigne" est un peu l'équivalent du "peuchère" marseillais ("mon pauvre !" en bon français) et que "Fouilla" sert juste à marquer la surprise. Des mots de gaga (le parler stéphanois) qui permettent de différencier les vrais locaux et les Lyonnais venus en goguette.
Des Stéphanois ont même monté une marque autour de ces mots : "Le Baraban Forez Club", un baraban étant un pissenlit. Sur des cartes, des mugs, des briquets, des t-shirts, ils ont imprimé des expressions locales, et aussi quelques slogans revendicatifs, tel que "Nul n'est censé ignorer la Loire." La marque tient son premier stand au marché de Noël : "On a un très bon accueil des Stéphanois. Parmi nos clients, on a beaucoup de mamans et de papas d'expatriés qui vont envoyer des colis à leurs enfants", sourit Elsa Soubeyrand, associée du Baraban Forez Club.
De notre côté, on vous propose quelques mots stéphanois qui riment bien avec Noël, tel que : "avoir son benaise" (avoir le ventre plein), faire la "pampille (faire la fête) et faire un "gâté" (faire un calin).