John Accary est ébéniste. Un métier aux débouchés compliqués. Pour l'exercer et en vivre, il a choisi une voie détournée : il dispense des formations très pointues via les réseaux sociaux.
"Bonjour à tous, aujourd'hui, on va fabriquer un mange-debout en chêne massif". John Accary est un ébéniste 2.0. Quand il fabrique un meuble, c'est juste pour avoir un support de cours. Il s'est lancé dans la formation avec sa chaîne YouTube et prodigue des conseils avec des tutoriels en ligne pour acquérir un niveau équivalant au CAP.
Je me suis rendu compte que 80 % de l'apprentissage se fait par mimétisme. Donc finalement, en regardant une leçon au format vidéo, instinctivement, on va avoir tendance à reproduire les gestes.
John Accary,ébéniste
À l'issue de sa formation, John savait une chose : "il ne voulait pas travailler pour un patron". Son métier disparaît peu à peu et il ne voulait pas faire juste de la menuiserie. Les ébénistes qui vivent de leurs créations en mobilier pur sont rares. Il faut du temps pour construire son image de marque et les pièces sont souvent orientées haut de gamme, voire très haut de gamme.
Transmettre et créer
Alors, il y a cinq ans, ne trouvant pas d'ébénisterie sur la partie francophone de YouTube, John s'est lancé dans un atelier de 2 m2.
"Je fais les vidéos que j'aurais aimé voir quand j'ai commencé".
John Accaryébéniste
Aujourd'hui, avec plus de 80 000 abonnés, l'ébéniste n'a pas besoin de vendre des meubles pour vivre. Il en crée juste pour pouvoir tourner ses tutos et pour la famille... Ce sont des pièces qu'il a imaginées, sans contrainte, sauf celle de parvenir à les créer. Aucune consigne, pas de client. Une liberté totale.
Il lui faut plusieurs semaines pour fabriquer une vidéo. John assure tous les postes. Il imagine les meubles, trouve les solutions, met en scène le tout, et assure le montage des vidéos. Certaines affichent plusieurs centaines de milliers de vues. La formation coûte 590 euros. 200 "apprentis" jusqu'au Canada l'ont suivie jusqu'à aujourd'hui.
Sa communauté est une niche. "C'est le bricoleur qui veut apprendre de nouvelles techniques, de nouvelles choses ou même des gens qui n'ont pas du tout d'atelier" mais on est bien au-delà du tuto de base. Ce sont des pièces d'exception qui sont fabriquées. Ici pas de trucs et astuces de bricolage. Il s'agit de concevoir entièrement des pièces uniques dans la plus pure tradition. "Le but, ce n'est pas de faire des choses qui ont déjà été faites". John assure un suivi personnalisé pour chaque personne inscrite qui suit le cursus proposé.
Un ambassadeur de l'artisanat d'art
Au-delà de son activité, John veut redonner de l'éclat à sa profession, expliquer ses particularités. "Ma mission, c'est de montrer aux gens ce qu'est réellement l'ébénisterie, puisque beaucoup de gens ne font pas la différence entre la menuiserie et l'ébénisterie. L'artisanat, c'est quelque chose de très positif selon moi. Donc. Je suis content d'essayer d'inverser cette tendance de l'oubli du métier".
Il sera présent aux Journées des savoir-faire manuels, les 11 et 12 novembre à Violay dans la Loire.