"C'est un coup de foudre absolu", une relation passionnelle, voire fusionnelle. Cécile Charroy entretient une véritable passion pour la porcelaine. L'artiste a installé son atelier à Caluire-et-Cuire, près de Lyon, au sein d'un collectif d'artisans.
"Ma passion pour la porcelaine a forgé mon parcours", explique Cécile Charroy. Après cinq ans aux Beaux-Arts de Lyon, elle a intégré une section "céramique contemporaine" aux Beaux-Arts de Limoges. Chine, Japon, Italie, Pays-Bas, Portugal, la jeune créatrice a tracé sa propre route de la porcelaine pour engranger un maximum de connaissances et d'expériences sur cette fascinante matière millénaire. La porcelaine, l'artiste en parle comme d'une personne, difficile à canaliser et à apprivoiser.
"Coup de foudre"
"J'ai eu la chance en 2009 de partir aux Pays-Bas, chez un designer qui travaillait le coulage. Et là, ça a été un coup de foudre absolu. J'ai senti le potentiel de cette matière, le potentiel de formes, qui allait me permettre de renouveler sans cesse ma créativité".
Quand j'ai rencontré cette matière, il y a eu un gros coup de foudre. C'est sa translucidité, c'est sa douceur. C'est difficile à expliquer. Je pense que je suis loin d'être la seule à être fascinée par cette matière.
Cécile Charroyartiste céramiste
Cécile Charroy parle de sa relation avec la porcelaine, comme d'une relation avec une personne. Une relation exclusive et délicate. "C'est une matière exigeante, réputée pour être capricieuse aussi. Mais je pense qu'il suffit de l'amadouer, de l'apprivoiser. Elle et moi, on s'entend bien".
"Une matière exigeante"
Coulage, cuisson, émaillage, décoration... la porcelaine nécessite savoir-faire, concentration et maîtrise. L'artiste céramiste a ses propres techniques, développées au fil du temps. "Je ne force jamais le démoulage. Car la porcelaine a une mémoire de la déformation. Si lorsqu'elle est fraiche et encore souple, on induit une déformation, elle va s'en souvenir. Et pendant la cuisson haute température, elle va reprendre sa forme déformée".
Ses créations sont à la fois audacieuses et épurées. Parfois insolentes ou surprenantes comme ces masques de céramiques.
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"Je suis une créatrice, un esprit créatif qui aime penser des formes. J'essaie de faire des choses que je trouve belles, en tant qu'artisane d'art, créatrice, céramiste". Difficile de ranger Cécile Charroy dans une case : "on m'a souvent dit que je débordais du moule, c'est peut-être pour cela que j'en fabrique. Mais ce que j'aime, c'est travailler la matière, travailler avec mes mains [...] j'entretiens une relation presque thérapeutique avec la porcelaine", confie la jeune femme.
Porcelaine, entre tradition et modernité
"Il y a beaucoup de choses que je ne décide pas. C'est la porcelaine qui choisit. C'est cette poésie qui me plait. C'est être dans le lâcher-prise et laisser la matière s'exprimer à travers ma créativité. J'y vois une collaboration entre la matière et moi. C'est peut-être une façon un peu déjantée de voir les choses", explique l'artiste en riant.
La céramique, une matière fragile ? La céramique, "un truc de vieux" ? La question fait rire Cécile : "Oui et non. Il y a quelque chose de séculaire et ancestrale dans cette matière. Et aujourd'hui, sur la scène contemporaine en matière de céramique, on peut avoir des choses tellement innovantes dans l'aérospatial, l'aéronautique, la médecine de pointe", énumère l'artiste. La céramique ne se limite pas aux arts de la table. "C'est une matière qui a beaucoup d'histoire, mais qui a aussi beaucoup d'histoires à raconter".
Cécile Charroy a rejoint le collectif lyonnais d'artisans Les Manufactures, en 2020.