De la banque à la Maréchalerie. Olivier Reynaud, le banquier devenu maréchal-ferrant est passionné par la locomotion du cheval. Sa reconversion professionnelle s'est imposée à lui. Après un CAP, il a lancé son activité. L'artisan est installé à son compte depuis septembre 2022.
Ce n'est pas un fossé, c'est carrément le grand canyon. De sa vie d'avant, Olivier Reynaud ne regrette rien. Autrefois banquier, il est aujourd'hui maréchal-ferrant. Un métier physiquement harassant. Une reconversion qui n'allait pas de soi mais la maréchalerie s'est imposée à lui. C'est sa passion des chevaux qui l'a entraîné sur ce chemin inattendu. Olivier vient tout juste de fêter son 42e anniversaire. Sa nouvelle vie, il la savoure. Loin des bureaux, loin de contraintes devenues insupportables.
Nouvelle vie
Olivier ne s'en cache, son parcours est bien atypique, surprenant même. Sa vie professionnelle commence en région parisienne, dans l'univers de la banque après des études brillantes, un bac +4 en commerce international. "A 26 ans, j'étais consultant en services financiers et je gagnais très bien ma vie", explique-t-il. Mais entre pressions et compétition, c'est la désillusion.
C'est tardivement, à 29 ans, qu'il découvre le monde du cheval. Un peu fortuitement. Un milieu qui lui est totalement inconnu. Olivier Reynaud s'y consacre alors à 100%, découvre le Reining (discipline de compétition d'équitation western), devient même entraîneur de chevaux, part outre-Atlantique pendant quelques temps avant de revenir en France. Retour à la case banque cette fois-ci dans la Loire pour quelques années avant de refermer définitivement ce chapitre. Car l'amoureux des grands espaces étouffe dans cet univers "cloisonné". L'ancien banquier plaque tout et retourne sur les bancs de l'école, à Sury-le-Comtal pour passer un CAP agricole de maréchal-ferrant. Il apprend à forger et à poser des fers.
J'avais besoin d'un métier en plein air, j'avais besoin d'un métier avec les chevaux et j'avais besoin d'un métier physique.
Olivier Reynaudmaréchal-ferrant
Le quadragénaire a renoncé à une carrière prometteuse pour vivre au grand air, près des chevaux et ne regrette rien. Aujourd'hui l'univers de la banque est bien loin derrière lui. Olivier n'y retournerait pour rien au monde. Depuis septembre 2022, il s’est installé à son compte et a créé son entreprise, "OR Maréchalerie". L'artisan est installé à Saint-Just Saint-Rambert, près de Montbrison. C'est de là qu'il rayonne pour se rendre chez ses clients, des particuliers, des fermes ou encore des centres équestres. Un fourgon tout équipé lui sert d'atelier et de forge ambulante. A l'intérieur tout le matériel pour ferrer les chevaux, une enclume, une meuleuse, différentes tailles de fers et une forge qui fonctionne au gaz.
Travail de précision
"Le pied du cheval, c'est primordial. On a des équidés très imposants, qui font jusqu'à 700 kilos et qui reposent sur des pieds qui sont l'équivalent de notre dernière phalange", explique Olivier. "Quand on dit pas de pied, pas de cheval, c'est vraiment le cas", explique le professionnel. Le maréchal-ferrant est indispensable. Ce professionnel a tout de l'orthopédiste, tant le travail d'ajustement des fers est précis. Un pied en mauvais état, fourbu et c'est la santé du cheval qui est compromise.
Plus que de sa vie passée, Olivier aime parler de son métier. Il est d'ailleurs intarissable. Plus qu'un maréchal-ferrant, le professionnel est aussi un pédagogue-né qui explique chaque geste à ses clients.
"Un ferrage, ce n'est pas simplement poser des fers. Il faut observer l'animal, le voir évoluer.... moi je mets 1 heure 30 pour ferrer un cheval", précise-t-il. Après le passage du maréchal-ferrant, l’animal peut garder ses fers environ 6 semaines. Un vrai budget pour les propriétaires de chevaux.
il y a une expression qui dit “Pas de pieds, pas de cheval”. Et c'est la réalité.
Olivier ReynaudMaréchal-Ferrand
Olivier est cependant un partisan du cheval "pied-nu". Pas si paradoxal. "La ferrure, c'est un mal nécessaire", explique-t-il. "Ferrer un cheval quand il en a besoin, parce qu'il a des problèmes d'orthopédie, ça a du sens. Ferrer un cheval parce qu'il est monté une fois dans la semaine pour aller faire de la randonnée, pour moi, c'est un non-sens. Le cheval est à 98% de son temps au pré, autant le laisser pied-nu", ajoute-t-il.
Le ferrage vise à protéger le pied de l'équidé, on l'a bien compris. Le quadra travaille aussi en collaboration avec des vétérinaires, réalise des fers sur prescriptions. Outre la ferrure, le parage est essentiel et doit être effectué régulièrement. Curer, poncer, couper la corne...etc. Une véritable pédicure pour éviter que le sabot ne casse ou ne fende. C’est une étape primordiale car la corne pousse en continu et souvent de façon inégale.
Un métier qui est aussi une question de temps. Olivier a décidé de ne pas prendre en charge plus de 5 à 6 chevaux par jour. "C'est aussi pour me préserver, car c'est un métier très physique". Est-ce qu'il regrette sa vie d'autrefois ? La réponse est directe : "De ma vie d'avant, rien ne me manque. Aujourd'hui, je suis épanoui dans mon travail et dans ma vie personnelle aussi. Le fait d'être épanoui dans mon travail m'a aidé à m'épanouir dans ma vie personnelle".