Soutien de Gilles Artigues et adjoint de Gaël Perdriau, Lionel Boucher s'est vu retirer ses délégations municipales à la mairie de Saint-Etienne. Il dénonce des "dérives mafieuses" de la part de l'élu de la Loire.
Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, a annoncé avoir destitué de ses délégations Lionel Boucher, en charge des animations de la ville de Saint-Etienne, après un vote de la majorité municipale. Pour ce dernier, cela ne fait aucun doute, il paie son soutien à Gilles Artigues, "soumis à un chantage odieux", écrit l'élu stéphanois en référence à l'affaire du chantage à la vidéo intime à la mairie de Saint-Etienne.
Il avait été le premier membre de la majorité municipale a clairement réclamé la démission du maire de Saint-Étienne lors du conseil municipal du 26 septembre 2022, après les révélations de l'affaire par Mediapart.
Ce jeudi 8 juin, il a réagi au micro de France 3 Loire, racontant le déroulé de sa "mise à la porte et de sa liberté retrouvée :
"Gabriel Perdriau m’a reçu trois minutes entre deux portes pour m’expliquer qu'il me retirait mes délégations. C’est surréaliste ! Il se permet de faire le Père Fouettard alors qu’il a passé 40 heures en garde à vue, deux nuits en cellule, qu’il est mis en examen et il se permet encore de jouer de l’autorité. Il commet une belle erreur puisqu’il me redonne la liberté de parler sur tous les dossiers du champ municipal et je vais bien évidemment utiliser cette voix pour poursuivre mon travail au service des Stéphanois... Je vais pouvoir dire combien Gaël Perdriau abime notre ville non seulement avec cette affaire mais aussi avec un positionnement politique totalement étriqué qui fait que nous sommes détestés de l’ensemble des financeurs, des autres collectivités, de l’Etat.
Le “système Perdriau”, oui je l’ai subi, tous les élus le subissent : c’est du chantage, c’est du “prêt-bande” : un ultra-copinage qui aujourd’hui est un peu sectaire et qui tourne autour d’une trentaine d’élus..."
Dans un communiqué la mairie de Saint-Etienne expliquait mercredi : "un conseil de majorité s'est tenu lundi 5 juin pour préparer le prochain conseil municipal, à la fin duquel les élus de la majorité municipale ont tenu à exprimer leur désapprobation, vis-à-vis de l'attitude de monsieur Boucher qui ne participe plus aux réunions de travail municipales, ni ne porte les dossiers pour lesquels il a reçu délégation du maire de Saint-Etienne, dans le cadre du plan de mandat 2020 - 2026."
Le premier adjoint, Jean-Pierre Berger s'est expliqué plus longuement sur ce qu'il considère comme le choix de la majorité.
"Ça fait plusieurs mois qu’on en train de subir les invectives, les insultes dans la presse de Lionel Boucher, qui, de fait n’appartient plus à la majorité mais qui est toujours dans la majorité. Et à un moment, il fallait que ça s’arrête ... C’est la majorité donc qui a demandé au maire de lui retirer ses délégations de façon à éclaircir la situation. Comme l’avait dit Jean-Pierre Chevénement, “quand on n’est pas d’accord soit on démissionne, soit on ferme sa gueule”. Il n’a fait ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas lié au maire. Nous la majorité, si on a fait cela, c’est pour la ville. Il faut qu’on travaille tranquillement et si c’est le bazar dans la majorité, si la majorité explose, comment on fait pour tenir la ville? ... Nous ce qui nous importe c’est d’être jugé sur les résultats".
La destitution d'adjoint de Lionel Boucher, qui reste pour l'instant à son poste mais sans délégations, sera soumise au conseil municipal du 26 juin prochain. Ce dernier compte sur un sursaut d'honneur et de courage de la part de mes collègues". a réagi Lionel Boucher,
Selon l'article L. 2122-18 du Code général des collectivités territoriales, le maire peut retirer les délégations distribuées à ses adjoints. Il n’est pas tenu de motiver formellement sa décision, ce qui signifie que les motifs du retrait n’ont pas à être formulés mais cela doit être "sous réserve de ne pas être inspiré par un motif étranger à la bonne marche de l'administration communale". C'est ensuite au conseil municipal de se prononcer sur le maintien de l’adjoint dans ses fonctions.
Rappel des faits
En août 2022, le média d'investigation Médiapart révèle une affaire de chantage à la vidéo intime à la mairie de Saint-Etienne. Affaire qui impliquerait le maire Gaël Perdriau, son ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri, son ancien adjoint Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet. La victime du chantage serait Gilles Artigues, l'ancien premier adjoint.
Ce dernier a d'ailleurs réagi ce jeudi dans un mail à notre rédaction dénonçant ce nouvel épisode de cette affaire :
"Lionel Boucher est injustement sanctionné par le Maire de Saint-Etienne. C'est pour moi, une épreuve supplémentaire. Je ressens de la tristesse et de la colère pour le mal qui est fait à un vrai ami. Ses prises de position courageuses ont forcé l'admiration des Stéphanois. Il n'a pas voulu se taire malgré les pressions faites de promesses puis de menaces.
Gilles Artigues, ancien 1er adjoint de la mairie de St Etienne après le retrait de délégation à Lionel Boucher, adjoint aux animations.
Le 6 avril 2023, le maire a été mis en examen pour chantage et placé sous statut de témoin assisté, pour "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique". Le chantage aurait été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales, subventionnées par la mairie.