Ils sont à la retraite et veulent résister à l'oubli. Le combat de ces "papys" se joue contre le temps, avec une arme de poids: un char d'assaut de 8 tonnes, réplique grandeur nature du tout premier tank à canon, fabriqué en 1917 par le fleuron de l'industrie St-Chamonaise.
L'original pesait 20 tonnes, il embarquait 8 hommes, un canon de 75, et 4 mitrailleuses Hotchkiss: avec lui naissent les blindés français.
Baptisé St-Chamond, du nom de la ville où il est créé en 1917, ce char s'illustre autour des tranchées, pendant la Grande Guerre. Il n'en reste plus qu'un seul exemplaire, exposé dans un musée de l'Est de la France.
Désormais il y a aussi cette maquette à l'échelle 1, fabriquée d'après les plans originaux par les "papys" de l'Association des Amis du Vieux St-Chamond, et le CERPI Centre d'Etudes et de Recherches du Patrimoine Industriel.
8 tonnes de projet pédagogique
Pour le concevoir, ces têtes grises font appel à deux lycées professionnels de la ville. Depuis 2014, les élèves en font leur projet de fin d'année: ils ont soudé les tôles du char, usiné et posé les milliers de rivets du blindage, et contribué à la réalisation des chenilles, dont chaque patin pèse 47 kg.La stratégie des "papys" se décline en deux phases : pédagogique et historique. Il s'agit de rappeler aux générations actuelles toute l'importance de ce que fut l'industrie locale !
Patrimoine industriel
Spécialisée dans l'armement avec les Forges et Aciéries de la Marine (devenues GIAT Industrie avant de fermer) l'industrie de St-Chamond a fabriqué jusqu'à deux millions d'obus par mois !En 1917, il faut un avantage décisif pour vaincre les Allemands : les ouvriers parviennent à fabriquer 400 chars en moins d'un an... jusqu'à l'Armistice !
Aujourd'hui, il ne reste qu'à passer un coup de peinture camouflage sur la réplique du char, puis elle sera offerte à la ville qui lui a donné son nom.
Ce char sera peut-être exposé à Novaciéries, le site où il a vu le jour en pleine guerre, il y a déjà cent ans !