Surendettement dans la Loire, "la situation n'est pas si catastrophique", selon la Banque de France

La Loire est le département de la région Auvergne Rhône-Alpes qui compte le plus de personnes surendettées, après l'Allier. Des solutions existent, proposées par la Banque de France. L'agence basée à Saint-Etienne arbitre les demandes en commission, et depuis un an, elle doit traiter un quart de dossiers supplémentaires.

À Saint-Etienne, le bâtiment de la rue d'Arcole date de 1835. Sa façade est imposante, presque intimidante. C’est ici que les victimes de surendettement viennent chercher une solution à leurs problèmes financiers, quand banquiers, créanciers ou débiteurs se font trop pressants. Ils s'adressent à la Banque de France.

Surendettement dans la Loire : "pas si catastrophique"

"Dans la Loire, le surendettement a connu une très forte baisse ces dix dernières années. Nous étions à environ 3000 demandes en 2014 et c'est redescendu à 1500 l'année dernière," explique Philippe Kiehl, Directeur départemental de la Banque de France dans la Loire. "Par contre, il faut noter un léger rebond depuis le second semestre de 2023, voire un rebond un peu plus important ces derniers mois", ajoute-t-il. Une tendance qui n'est pas propre à la Loire, souligne cependant le responsable. La courbe du département suit la courbe générale. "La Loire est un peu au-dessus de la moyenne nationale, mais pas aussi touchée qu'une trentaine d'autres départements au niveau national", assure Philippe Kiehl.

Selon le responsable départemental de la Banque de France, on dénombre "un peu plus de situations de surendettement dans la Loire par rapport au reste de la région". En Auvergne Rhône-Alpes, c'est le département de l'Allier qui est le plus touché par le surendettement.  Mais Philippe Kiehl tempère : dans la Loire, "la situation n'est pas très bonne, mais n'est pas si catastrophique", d'autres départements qui sont "beaucoup plus touchés", notamment dans le nord de la France. 

En 2023, le nombre total de dossiers déposés auprès des commissions de surendettement de la Banque de France est en hausse de 8 % par rapport à 2022. Au total, 121 617 dossiers ont été déposés au cours de l’année dans l'hexagone. Le niveau des dépôts de 2023 reste néanmoins inférieur de 15 % à celui de 2019, année de référence.

En Auvergne Rhône-Alpes, le nombre de dossiers de surendettement a grimpé en un an, entre 2022 et 2023 :  + 11,3%. Au total, 12 922 dossiers ont été déposés l'an dernier dans les 12 départements. Si l'inflation a plombé les finances des plus fragiles, la région reste malgré tout relativement épargnée par le phénomène du surendettement.

Dans la Loire, le nombre de dossiers déposés auprès de la Banque de France en 2023 s'élève à 1507. Il est de 2908 dans le Rhône, 1108 dans l'Ain, 826 dans la Drôme et 445 en Ardèche.

Personnes surendettées : quels profils ?

Crédits à la consommation, inflation et baisse du pouvoir d’achat, chômage ou situation de travailleur pauvre, les causes qui mènent au surendettement sont multiples. Quels sont les profils des personnes en situation de surendettement.

"Ce sont avant tout des personnes seules. Elles se divisent en différentes catégories : des personnes en emploi pour approximativement un petit tiers, des personnes au chômage pour un gros quart, ensuite les retraités représentent 12% et enfin les personnes qui sont inactives. Elles ne sont ni en emploi, ni au chômage, ni à la retraite et ont souvent des problèmes de santé," détaille le responsable départemental de la Banque de France.

Restructurer ou effacer la dette

La Banque de France ne prête pas d’argent et ne rembourse pas les dettes, mais elle examine chaque dossier en commission de surendettement. Le dossier est généralement traité en 3 à 4 mois. Sur les 1500 demandes reçues dans la Loire, 9 sur 10 sont déclarées éligibles à la procédure. L'objectif étant de "restructurer les dettes des ménages en difficulté financière". Il s'agit soit d'étaler les dettes sur un délai pouvant aller jusqu'à sept ans, soit effacer la dette, totalement ou en partie.

"Soit il y a une capacité à rembourser et on fera un plan dans le temps pour rembourser sur sept ans, ou un peu plus en matière immobilière. Soit, on efface les dettes, car la personne n'a vraiment aucune capacité à rembourser", précise Philippe Kiehl. Près de la moitié des dossiers ligériens voient leur dette être complètement effacée, "compte tenu du contexte socio-économique". Le taux d'effacement est assez élevé, reconnaît le responsable. À une nuance près : "une situation sur deux mène à un effacement total de dette. Mais en montant, cela ne concerne qu'un quart du montant global", précise-t-il. Pour les autres, poursuites, saisies et expulsions peuvent être suspendues, le temps nécessaire au règlement.

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