Après plusieurs années sans augmentation, les propriétaires stéphanois pourraient connaître une hausse de 15 % de leur taxe foncière. C'est ce qu'a annoncé la majorité municipale. Une douche froide, dans une ville populaire où la part de la population imposable est réduite.
Depuis la suppression de la taxe d'habitation, la taxe foncière est l'unique levier fiscal dont disposent les communes. Pour les propriétaires stéphanois, la fiche d'impôt risque de gonfler cette année, avec une taxe foncière qui pourrait connaître un bond de 15%.
Une taxe pas encore votée, mais qui inquiète
Pour Christian Vacher, propriétaire d'un appartement de 120 mètres carrés, sa taxe l'an passé représentait une dépense de 1 196 €. Avec 15 % d'augmentation, il devra débourser 180 € de plus par an. "Ça me fait râler, je mentirai en disant le contraire. 15% de plus, ce n'est pas négligeable, surtout quand on ramène ça au pouvoir d'achat de Saint-Etienne qui n'est pas l'un des plus élevés de France", souligne le Stéphanois.
Cette hausse, annoncée lors du conseil municipal du 29 janvier, concerne la taxe foncière sur le bâti et le non-bâti, mais aussi la taxe d'habitation résiduelle. Une taxe discutée, mais pas encore votée. Elle pourrait l'être lors de la prochaine séance le 25 mars.
En préambule de cette annonce, Nora Berroukeche, adjointe à la finance, a expliqué que le contexte national et international, pèse sur le budget de la ville, tout comme la hausse du coût des crédits et la baisse des dotations de l'État pèsent sur le budget de la ville, soulignant que : "les taux d'imposition n'ont pas subi de hausse à Saint-Etienne depuis 2010". Plus précisément, depuis 14 ans, la municipalité de Saint-Etienne n'avait pas fait d'augmentation fiscale à sa seule initiative.
La ville de Saint-Etienne est arrivée au terme de sa démarche d'optimisation de ses dépenses. Aller plus loin dans les économies porterait atteinte au service public.
Nora Berroukeche, adjointe à la finance
Une pression sur les classes moyennes ?
Pas de quoi convaincre l'opposition qui l'a fait savoir. "Moins d'un Stéphanois sur deux paye l'impôt, a attaqué Lionel Bouchel, conseiller municipal UDI. En 2022 36,4 % des foyers fiscaux sont imposés. Vous prenez le risque de voir partir les classes moyennes dont nous manquons." Le conseiller municipal réclame une augmentation de 9 % et non pas de 15 %.
Comment voulez-vous conserver un dynamisme commercial alors même que la paupérisation du centre-ville est assourdissante. Quand il n'y a plus un centime d'euro dans les étages, il est impossible de nourrir un commerce de pas-de-porte.
Lionel Boucher, conseiller municipal
"L'immense majorité des propriétaires stéphanois sont des petits propriétaires pour lesquels l'acquisition d'un bien immobilier est souvent le fruit d'une vie de travail", s'est exaspéré Pierrick Courbon, conseiller municipal d'opposition (Groupe Saint-Etienne Demain).
En augmentant de 15% sa taxe foncière, Saint-Étienne deviendrait-elle une exception dans la région? Si on la compare aux villes de même taille de la région, avec cette forte augmentation, elle se place dans la fourchette fiscale.
Selon l'UNPI (Union Nationale des Propriétaires Immobiliers), en 2022 la taxe foncière sur les propriétés bâties était de 38,85% à Saint-Etienne. À Dijon, elle était de 50,28%, et de 52,63% pour Grenoble. En 2023, pas de changement à Dijon, mais à Grenoble, la taxe foncière municipale a augmenté de 25%.
Une ville populaire
Problème, Saint-Etienne reste une ville plus populaire que ses consœurs. Selon l'INSEE, en 2021, seuls 47,6% des ménages stéphanois étaient imposables en 2021, soit 10 % de moins que Dijon. Le niveau de vie médian est aussi plus bas : 21 960 €, contre 23 960 à Dijon et 24 730 à Grenoble.
La taxe foncière est donc supportée par une plus petite part de la population, qui dans son ensemble a moins de moyens. Une augmentation des taxes qui a un impact sur les propriétaires, mais qui devrait aussi être répercutée sur les loyers des locataires.