Ma seule et unique rencontre avec la légende rousse des Verts, c'était en avril 2018. J'étais émue, amusée et heureuse d'avoir réussi à approcher ce géant vert fourbu. Récit de Valérie Benais, journaliste à France 3 Rhône-Alpes.
Ma seule et unique rencontre avec la légende rousse des Verts restera gravée dans ma mémoire.
C'était en avril 2018, dans le cadre d'une série de reportages sur les cinquante ans de mai 68. Je souhaitais raconter le 13 mai à Saint-Etienne: jour de paralysie au lendemain de l'appel à la grève générale mais aussi jour de fête pour l'ASSE.
Le matin, ils étaient des milliers à manifester dans la capitale ligérienne et trois fois plus nombreux l'après-midi pour accueillir leur équipe, Robert Herbin en tête, brandissant la coupe de France remportée la veille. Quelques cinquante mille supporters enthousiastes étaient rassemblés pour ovationner le cortège entre la gare de Châteaucreux et l'Hôtel de Ville.
J'avais donc l'intention de solliciter les souvenirs des mythiques anciens joueurs de l'ASSE.
Il n'a pas été facile à débusquer le bonhomme
C'est l'adorable Georges Bereta, ancien milieu de terrain de l'ASSE, qui m'avait communiqué son numéro, et finalement "Roby", comme l'appelait son vieux pote, s'était laissé convaincre de venir prendre un café avec d'autres anciens.
Rendez-vous donc au bar de l'Etrat, sur les hauteurs de Saint-Etienne, la commune où il vivait seul avec son chien. "Un ermite", me disait-on de lui.
Jusqu'au dernier moment j'ai tremblé à l'idée qu'il n'honore pas ce rendez-vous. "Un sacré caractère, fantasque" murmuraient certains. Mais finalement il est arrivé, à peine en retard. "Vous avez de la chance", m'a-t-il lancé.
Le souvenir d'un vieil homme "efflanqué et bougon"
J'ai le souvenir d'un vieux monsieur de 79 ans, un peu efflanqué, la tignasse aux reflets encore roux malgré les cheveux blancs, bougon pour la forme mais qui, une fois attablé avec Georges Bereta et Georges Polny, ancien défenseur, se prêtait vite au jeu, en se chamaillant sans tarder sur la composition de l'équipe de 1968.
Mais ce n'était sans doute pas ce qui l'avait le plus marqué dans sa carrière. "Lui, tout ce dont il se rappelle c'est 76, y'a que cette finale de coupe d’Europe qu'il n'a pas digéré", avait taclé Polny.
Apparemment, les poteaux carrés de la défaite face au Bayern de Munich lui restaient toujours en travers de la gorge. "Voilà!", confirmait Roby, "tout le reste c'est du passé."
Moi j'étais émue et amusée aussi de ce moment passé avec Robert Herbin et les autres, heureuse d'avoir réussi à approcher ce géant vert fourbu, et en même temps triste de savoir que c'était sans doute la seule fois.