"Une surprise, l'effet d'une bombe": l'annonce de Lactalis scandalise les agriculteurs de la Loire

Le géant du lait Lactalis va réduire dès la fin de l'année sa collecte de lait de près de 9%. La région Auvergne Rhône-Alpes devrait être épargnée dans un premier temps mais dans les Monts du Lyonnais, territoire vivant principalement du lait, l'inquiétude est bien présente.

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"Inacceptable", "un signal extrêmement grave": l'annonce le 25 septembre au soir par le groupe Lactalis de la réduction progressive de près de 9% de ses volumes de lait collectés en France est vécue comme "une déflagration" par les éleveurs, déjà soumis à rude épreuve. À partir de fin 2024, Lactalis, premier groupe laitier mondial, va réduire "de l’ordre de 450 millions de litres" sa collecte annuelle en France. Pour amortir l’impact de cette décision le groupe s’engage à ce que la réduction des volumes "soit progressive entre 2024 et 2030". 

L'annonce du géant laitier (Président, Lactel, Galbani), faite par communiqué mercredi 25 septembre au soir, fait enrager les syndicats mais aussi les éleveurs. Au milieu de ses vaches sur la commune de Cuzieu dans les Monts du Lyonnais, Richard Tisseur fournit 500 000 litres de lait par an à Lactalis. C'est la moitié de son chiffre d’affaires. Son exploitation ne se trouve pas dans la zone définie hier par Lactalis, car la première étape de réduction porte sur 320 millions de litres et touchera surtout les zones Est et sud Pays de Loire d'ici 2026, soit 160 millions de litres de lait. 

Une profession déjà fragilisée

Pour autant, Richad Tisseur, responsable des producteurs laitiers Lactalis du Sud-Est est inquiet pour la profession et ses collègues : "il y a beaucoup d'agriculteurs jeunes qui ont fait des investissements dans des bâtiments, on ne peut pas leur dire dans 18 mois ou deux ans, vous arrêtez il n'y a plus de camion de lait qui vient"

"Même si c'est à l'horizon 2030, il y a quand même des producteurs qui vont arrêter de livrer à Lactalis. Ici on est à la limite, on se dit qu'en 2030 c'est nous qui y passons", ajoute Richard. Dans les Monts du Lyonnais, les terrains accidentés ne sont pas propices à la culture, l'agriculteur ne peut pas faire autre chose que l'élevage. "Si on ne produit pas de lait, ça sera de la viande mais si tout le monde s'y met, il y aura trop de viande donc il faut que les deux soient sur le territoire", explique le producteur ligérien.

Des promesses et un avenir incertain

Dans la Loire, la moitié des producteurs de lait dépend de Lactalis. Cette annonce vient fragiliser une profession déjà en grande difficulté, alors qu'un agriculteur sur deux n'est pas remplacé quand il prend sa retraite. "Il y aura des arrêts, c'est certain", estime l'agriculteur.

L'annonce a eu "l'effet d'une bombe" selon Mathieu Vassel, président des Jeunes Agriculteurs du département. "On n’était pas du tout au courant, c'est un signal peu favorable pour la profession laitière"

"Chaque année on a la chance de pouvoir installer une trentaine de jeunes en production laitière mais mine de rien, si on a pas de collecteur de lait, ça sera compliqué de continuer à l'avenir.", explique Mathieu Vassel. 

Après des années de tensions agricoles sur le sujet, Lactalis avait fini par annoncer en avril une nouvelle formule de calcul du prix du lait revalorisant le prix payé aux éleveurs à 425 euros pour 1 000 litres, en prenant en compte un "prix de revient agricole", c’est-à-dire l’estimation de ce que doit recevoir un éleveur pour pouvoir gagner sa vie. Il avait à l’époque prévenu qu’il réfléchissait à réduire la production laitière globale.

Lactalis justifie sa décision par un excédent de lait de l'ordre de 30 %, une partie transformée et destinée à l'export. Une opération coûteuse et peu rémunératrice pour le géant du lait. Le groupe estime que la réduction des volumes lui permettra de "mieux valoriser le lait" restant, "en cohérence avec la récente évolution" des formules de prix du lait.

Mieux valoriser le prix du lait : une promesse de longue date faite aux agriculteurs, qui comptent interpeller leur nouvelle ministre, Annie Genevard, dès le sommet de l'élevage à Cournon-d'Auvergne du 1er au 4 octobre dans le Puy-de-Dôme.

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