Les travailleurs indépendants manifestaient ce lundi 16 novembre une nouvelle fois dans les rues de Lyon. Ils espèrent sortir du confinement et ouvrir dès le 27 novembre et demandent des aides de l'Etat pour payer leurs charges.
Sur un bout de trottoir à Lyon, le député Bruno Bonnell improvise une conférence de presse devant quelques journalistes. Il constate une "catastrophe économique, surtout avant Noël". Il comprend "ce désespoir et ces réelles angoisses". Il considère ces fermetures comme "une question de fraternité, de solidarité nationale". Il espère voir "un retournement de situation suffisamment significatif pour que les commerces rouvrent au 1er décembre".
Ils réclament une réouverture le 27 novembre
Soudain, une personne de l'assistance le coupe. Il n'est pas journaliste. C'est un entrepreneur. Jean-Sébastien Veilleux, président de la Fédération de l'habillement en Rhône-Alpes. M. Veilleux veille au grain tellement la situation est insoutenable pour les petits commerces. Il a entendu le matin-même le ministre de l'économie Bruno Le Maire souhaiter une réouverture le 27 novembre. "Il y a une vraie différence, et ça peut paraître du détail, entre le 27 novembre et le 1er décembre" annonce-t-il au député. "Parce que ça fait un week-end de plus avant Noël. C'est majeur, en plus du phénomène Black Friday (prévu le 27 novembre). Donc la première bataille, c'est de gagner la réouverture le 27 plutôt que le premier." Une demande qui rejoint celle de huit associations de commerçants de moyennes et grandes villes dans une lettre ouverte adressée au chef de l'État.
Le député Bruno Bonnell l'écoute attentivement. S'ensuivent d'autres remarques. Par exemple sur les assureurs, accusés d'encaisser des primes sans couvrir les pertes d'exploitation. Ou sur les aides que pourraient proposer l'Etat afin de couvrir des charges. Ou encore sur les congés payés, engrangés en période de chômage partiel, qu'il faudra assurer avec 125 jours d'exploitation en moins.
"On veut travailler"
En quelques minutes, cet échange a résumé les craintes des 1.000 petits patrons venus manifester dans les rues de Lyon. Ils se sont réunis pour un troisième lundi consécutif afin d'alerter sur la situation de leurs établissements, fermés depuis le reconfinement.
L'UMIH (Union des métiers de l'industrie hôtelière), la FNH (Fédération nationale de l'habillement) ou encore des Toques blanches, une association de restaurateurs lyonnais, les ont appelé à s'élancer depuis la place Bellecour vers la préfecture avec comme slogan commun "On veut travailler".
Restaurateurs, coiffeurs, patrons de discothèques, artistes de cirque... Drapés de noir jusqu'au masque, ou d'un panneau "À vendre" avec le numéro de l'Elysée, tous ont convergé vers la préfecture de région."J'ai jamais vu autant de patrons manifester", constate l'un d'entre eux.
C'est le cas du chef étoilé Christian Têtedoie, 59 ans, et 170 salariés sous sa coupe, qui voit le travail de toute une vie menacé par les dettes. "Il y a un moment où cela va devenir un vrai souci et les banques ne vont plus nous suivre. [...] On a une perte sèche qui est trop importante", s'inquiète le restaurateur.
Pour Anne Delaigle, représentante du collectif "Au nom des indépendants", "on a protégé les plus faibles" sur le plan sanitaire tandis "qu'on laisse les plus gros s'en sortir sur le plan économique". La styliste redoute une société post-Covid où on "n'achètera plus que des produits fabriqués en Chine sur Amazon".
Fanny Hemmerlin, responsable du "Mouvement Carré nord Presqu'île", s'interroge sur les conditions de la réouverture en décembre: "A quoi bon si la population est toujours confinée ? Il ne faut pas non plus de limite territoriale comme à l'issue du premier confinement, notre zone de chalandise est de 130 kilomètres."