Toujours prompte à vanter ses atouts, la ville de Lyon met son passé horticole à l'honneur avec un festival international de la rose du 27 mai au 1er juin qui prévoit le baptême d'une rose certes parfumée, mais pas vraiment "Made in Lyon". La "Only Lyon", née à Malicorne dans l'Allier.

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Du 27 mai au 1er juin, Lyon accueille pour la première fois en France le 17e congrès mondial des sociétés de roses, qui se tient tous les trois ans. L'occasion de dire au monde que la région lyonnaise a vu la naissance de plus de 3.000 nouvelles roses et reste aujourd'hui encore le premier lieu de création de variétés nouvelles
de rosiers de jardin.

Ainsi, à côté des "Merveille de Lyon", "Notre-Dame de Fourvière", "Reine de laGuillotière" ou "La France" - la première rose qui se déploya solitaire au bout d'une tige (une création révolutionnaire de Jean-Baptiste Guilot en 1849) - le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, présentera "Only Lyon"

Une rose marketing et parfumée

Cette rose, qui porte le nom de l'agence de marketing territorial OnlyLyon, affiche sans complexe son ambition : permettre de "diffuser à l'international le savoir-faire lyonnais". Dotée d'une robe blanche, avec des nuances de rose, elle s'ouvre en quartier et a - fait rarissime de nos jours- du nez.

Mais elle n'a pas grand-chose de lyonnais, au moment où le gouvernement vient justement de lancer le logo "Fleurs de France". Elle a été mise au point en Auvergne par Arnaud Delbard, créateur de fruits et de roses depuis trois générations.

Les pépinières Delbard, 3 générations au service de la rose

Arnaud Delbard, c'est le petit-fils de Georges. Depuis trois générations, la famille crée des fruits et des roses à Malicorne, dans l'Allier, et cherche la rose parfaite: celle qui conjuguera critères esthétiques (gros bouton sur tige allongée), techniques (résistance aux maladies du rosier qui supporte le transport, la chambre froide) et qui aura du "sentiment". C'est-à-dire du nez...

Dans la salle des mariages de Malicorne, Arnaud Delbard tente des associations. Il pioche parmi une collection de milliers de roses, blanches, fuchsia, jaunes; des odeurs de litchi, de musc, de pêche, de rose; des longues tiges, des épines ou moins d'épines, des fleurs qui s'ouvrent en turbine, en quartier. Certaines, il est allé les chercher en Chine ou en Iran. Dans cet incroyable éventail, il choisit deux variétés pour une tentative de mariage.

Ensuite, Catherine Morge, hybrideuse ici depuis 20 ans, "castre la rose": elle "enlève les pétales, les étamines pour dégager le pistil". Puis elle "va saturer le pistil avec du pollen d'une autre variété". De là va pousser le fruit, contenant des dizaines de graines, des nouvelles variétés frères et soeurs, qui seront ensuite plantées et testées pendant plusieurs années. Mais au final, ils ne vont retenir qu'une poignée de nouvelles fleurs par an.

La "Only Lyon", créée en Auvergne et cultivée à l'étranger

Dans ce lent processus, le parfum reste toutefois une variable d'ajustement. Les pays producteurs "veulent des plantes qui font des prouesses techniques", admet Arnaud Delbard. La production de la plupart des fleurs coupées a été délocalisée en Equateur, Colombie, au Kenya ou en Ethiopie, même s'il subsiste en France quelques serres dans le Var.

Pour produire des roses en France toute l'année, il faudrait chauffer et mettre de la lumière plusieurs mois par an. Cela coûterait trop cher et aurait une empreinte carbone importante. Sur l'équateur, il y a 12 heures de soleil et 12 heures de nuit, toute l'année. C'est le printemps perpétuel, justifie Arnaud Delbard.


Évidemment produire là-bas induit d'avoir des fleurs qui supportent le transport, avec des pétales durs, résistants et de longues tiges pour les vases. Et comme le parfum vient de la décomposition moléculaire des pétales, et qu'il s'exprime au mieux sur des pétales mous, en poussant si loin, les roses en ont perdu leur
âme.

A ce titre, Only Lyon, rose classique à la robe blanche et rose ET odorante, sonne comme une promesse. Même, si le mieux pour "avoir une rose parfumée, serait de rétablir des circuits courts et de sur-emballer la fleur pour la protéger", reconnaît le rosiériste.
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