Ils sont étudiants, salariés ou déjà retraités. De tous les âges, de tous les univers professionnels, ceux qui battent le pavé pour s'opposer à la réforme des retraites expliquent leur colère.
Marthe l'étudiante
A tout juste 18 ans, étudiante en licence d'anthropologie à Lyon, Marthe Tissot se sent déjà concernée par la réforme des retraites qu'elle estime injuste. "Devoir m'inquiéter pour ma retraite, qui n'interviendra pas avant 30 ou 40 années, ce n'est pas normal." Déjà stressée par le futur monde du travail, elle se mobilise pour son avenir afin dit-elle de "sortir de cette dynamique du travail qui emprisonne". Selon Marthe, le travail doit être un outil au service de l'humain et non plus cette logique de métro-boulot-dodo qui prévaut aujourd'hui. Présente lors des trois premières manifestations, elle y brandit chaque fois la même pancarte en carton au slogan peu amène pour le chef de l'Etat. "Je l'ai trouvée lors du premier défilé. Manifester, c'est une occasion de répondre au gouvernement qui nous rit au nez". Marthe a la ferme intention de participer à la prochaine journée d'action, samedi 11 février.
Ulrich le chef égoutier
Solide gaillard aux tempes poivre et sel, Ulrich Bouchut est égoutier depuis 22 ans. Un métier physiquement éprouvant et c'est bien ça qui pousse ce quadragénaire à battre le pavé avec ses collègues. "Aujourd'hui, ce qui me dérange, c'est la façon dont nous sommes traités. Entendre que notre métier n'entre pas dans les critères de pénibilité alors que notre environnement est insalubre et potentiellement dangereux, ça me met en colère. Tous les jours, nous risquons notre vie". Sur la réforme des retraites, il est catégorique. "Moi, lorsque j'ai signé mon contrat, je devais cotiser 37 ans et demi. C'était la retraite de la fonction publique. On est passé petit à petit à 40, puis 43 ans de cotisations. Ca s'allonge de plus en plus, j'espère ne pas finir ma carrière trop esquinté...".
Jacques le retraité
Le bras sur les épaules de sa compagne, Jacques Martinengo défile toujours en couple ! Il n'a loupé aucune des manifestations contre la réforme des retraites. A 73 ans, ce retraité "actif, combattif et en forme" est un ancien intermittent du spectacle. Il se considère comme un privilégié. "Je ne peux pas faire autrement qu'être solidaire avec les gens plus jeunes. Je suis là pour remplacer tous ceux qui travaillent et qui ne peuvent manifester".
Eliette l'ergonome
En manteau à carreaux, Eliette défile d'un pas de sénateur. Depuis une dizaine d'années, elle est ergonome, un métier qui place le bien être au travail au premier plan. A titre personnel, elle ne se sent pas concernée par cette réforme. "Je suis diplômée, j'ai commencé à travailler à 25 ans donc je sais que je ne prendrai pas ma retraite avant l'âge de 67 ans. Mais comme je travaille précisément sur les enjeux de la pénibilité, je me sens concernée pour les autres". En particulier les femmes " qui seront les grandes perdantes de cette réforme, en raison de carrières hachées, de temps partiel subi ou de manque de qualifications."
Une cinquième journée de mobilisation a déjà été annoncée par les syndicats le jeudi 16 février 2023.