L'association Tunisie France Culture à Clermont-Ferrand a lancé une cagnotte pour récolter des fonds. Depuis quelques mois, la situation sanitaire en Tunisie s'est considérablement aggravée : à cela se rajoute une crise politique et économique. En Auvergne, la communauté tunisienne est inquiète.
A Clermont-Ferrand, au sein de l'association Tunisie France Culture, l'émotion est palpable. Souha est très inquiète au point d'avoir perdu le sommeil. L'une de ses nièces a été sauvée après une hospitalisation à domicile. Souha Slim, présidente de l'association Tunisie France Culture, explique : « Tout le monde ne peut pas avoir ce privilège de rester chez soi pour se faire soigner. Cela coûte énormément cher. Il n’y a pas de place ni dans les hôpitaux, ni dans les cliniques ».
Plusieurs crises
La crise sanitaire s'accompagne aussi d'une crise socio-politique. Le président tunisien a démis son premier ministre et suspendu le parlement pour un mois. Houda Mokni, membre fondateur de l’association Tunisie France Culture, souligne : « Il y a une défaillance totale du système économique, social, avec la crise politique qui s’y ajoute. On n’a plus de vision d’avenir. Actuellement, ce qui nous inquiète le plus, vu ce qui se passe, c’est que l’on s’écarte de l’objectif principal, la crise sanitaire ».
Plus de 18 000 victimes du COVID
En Tunisie, plus de 18 000 personnes sont mortes, victimes du COVID. Les hôpitaux sont saturés et manquent de moyens matériels et humains. Souha est en contact avec Kaissar Sassi, médecin de l'association des Médecins tunisiens du monde actuellement sur place. Contacté par téléphone, il confie : « Malheureusement, dans toutes les réanimations de la Tunisie, les réanimateurs se trouvent chaque jour confrontés à des décisions pour choisir quel patient ils vont prendre en charge. Ils favorisent d’une façon systématique les femmes enceintes. On a eu une vague de décès parmi les femmes enceintes, ce qui était très triste pour la Tunisie. Nous avons déploré des dizaines de morts de femmes enceintes ».
On est frustrés, on est en colère
Sandra Saïd, secrétaire Tunisie France Culture, précise : « On a le cœur déchiré en étant loin. On est frustrés, on est en colère, on a surtout envie d'aller aider, d’apporter notre aide d’une manière ou d’une autre. C’est là qu’on a peur car nos familles nous disent de ne pas venir ». L'association a lancé un appel aux dons en ligne. Les fonds serviront à équiper les soignants de masques FFP2, de surblouses, de gants, du matériel qui manque cruellement.