Dépassé cette saison par le duo Duplantis-Kendricks, Renaud Lavillenie s'est offert une petite bouffée d'oxygène en décrochant, samedi, à Albi, son dixième titre de champion de France en plein air du saut à la perche au terme d'un duel fratricide avec son cadet Valentin.
Si de nombreuses vedettes de l'athlétisme tricolore ont fait l'impasse sur ce rendez-vous national programmé tardivement en raison de la crise sanitaire, le champion olympique 2012 n'aurait raté pour rien au monde le déplacement dans le Tarn.
Boulimique de compétition et combattant hors normes, l'ex-recordman du monde (6,16 m) est un féru de statistiques et réussir la passe de dix sur la scène française lui tenait particulièrement à coeur. Surtout en ces temps compliqués où il a bien du mal à tenir le rythme infernal imposé par le prodige suédois Armand Duplantis (20 ans) et l'Américain Sam Kendricks.
Lavillenie est encore loin des standards actuels de ses deux rivaux, qui ont tous les deux allègrement dépassé les 6 m cet été (6,07 m pour Duplantis, 6,02 pour Kendricks). Mais le Clermontois peut tout de même repartir d'Albi avec le sourire: le voilà nanti d'une 18e médaille d'or nationale en comptant les Championnats de France en salle, avec à la clé sa meilleure performance de l'année (5,80 m).
Au cours de cet exercice particulier, réduit à peau de chagrin, Covid-19 oblige (JO reportés à 2021, Euro annulé), tout est bon à prendre et Lavillenie, qui fêtera ses 34 ans vendredi, ne s'est pas fait prier pour gonfler encore un peu plus son exceptionnel palmarès.
Dans un stade municipal d'Albi à la jauge réduite de moitié (4.000 places au lieu de 8.000), il a toutefois dû s'employer pour écarter la concurrence de son frère Valentin (29 ans), qui l'a titillé jusqu'au bout avant de craquer (5,70 m).
"C'était une grosse bagarre mais je suis resté sur mon plan de concours. Je savais que, si les conditions étaient bonnes aujourd'hui, je pouvais faire 5,80 m. Je voulais éviter de perdre trop de jus sur un concours long, ça a été sympa de pas être esseulé trop tôt. Les autres jeunes ont mis la pression aussi un peu" a déclaré Renaud Lavillenie. "C'était un concours intéressant et j'ai réussi à garder mon cap. L'objectif de cette pseudo saison est rempli. Il me reste deux compétitions internationales (à Rome le 17 et à Doha le 25 septembre, ndlr) où je dois me bouger si je ne veux pas faire de la figuration face à Duplantis et Kendricks." conclut le champion de France.