Clermont-Ferrand : pompiers visés, magasins saccagés ... Bilan de la violente manifestation des gilets jaunes

Ce sont près de 2 500 gilets jaunes qui ont marché le 23 février dans Clermont-Ferrand selon la préfecture, le double selon les organisateurs. C’est surtout la violence de quelques centaines d’entre eux qui a surpris et donné lieu à de vifs affrontements avec les forces de l’ordre.

Clermont-Ferrand semblait préparée pour subir un siège : mobilier urbain caché, vitrines renforcées, commerces fermés. Si ces dispositions avaient pu un temps paraître démesurées, elles se sont révélées bien utiles dans l’après-midi du 23 février, lorsque la 15ème mobilisation des gilets jaunes a dégénéré.

33 interpellations, 16 gardes à vue, 11 blessés

Au total, ce sont entre 2500 manifestants selon la Préfecture, et le double selon les organisateurs, qui ont défilé dans Clermont-Ferrand. Parmi eux, les services de l'État estiment avoir vu "500 éléments violents", qui se seraient rendus coupable des saccages et des affrontements. En fin de journée, on dénombrait 33 interpellations, dont 16 ont donné lieu à des gardes à vue. Par ailleurs, 9 manifestants ont été blessés, tout comme deux membres des forces de l'ordre.

Malgré ce lourd bilan, inhabituel à Clermont-Ferrand où les 14 précédentes mobilisations de gilets jaunes s'étaient déroulées pacifiquement, le Maire de la ville, Olivier Bianchi, estime que le pire a été évité : "Grâce à l'anticipation et les mesures qui ont été prises, je pense que les dégats aujourd'hui sont moins forts que ce qu'ils auraient pu être."

L'élu PS déplore toutefois que cette manifestation n'ait pas été déclarée, puisque cela aurait permit, selon lui, d'éviter des dégâts : "Je veux bien entendre qu’il y a des différences entre les gilets jaunes et les casseurs, j’en suis persuadé, mais il faut que le mouvement des gilets jaunes comprenne que ces manifestations, il doit les déclarer. Cela permet d’éviter ce que l’on a vécu hier, des changements de parcours au dernier moment, des explosions entre petits groupes qui sont ingérables et donc des destructions."

Un début de manifestation pacifique

Pour sécuriser cette manifestation non déclarée, les forces de l’ordre se sont déployées sur les grands axes routiers et les gares, pour contrôler les personnes se rendant à Clermont-Ferrand. Ce dispositif a engendré l’interpellation de 13 personnes, dont 7 ont été placées en garde à vue, car elles transportaient du matériel jugé répréhensible, tels que des armes par destination (boules de pétanque, pieds de biche, pistolets d’alarme ou à grenailles, etc) ou des accessoires de protection. Les premiers gilets jaunes avaient de leur côté commencés à se réunir place du 1er mai dès 10 heures. Un cortège de plus d'un millier de personnes s’est élancé vers 13h30, en prenant la direction du centre-ville. Un hélicoptère de la gendarmerie et quelques policiers à moto ont suivi les manifestants, qui se sont rapidement engouffrés dans les petites ruelles du centre historique de Clermont-Ferrand.

Rencontre avec les forces de l'ordre et début des affrontements

Après un premier arrêt bref à Jaude, le cortège s’est remis en marche en direction de la place Gaillard, avant d’emprunter à nouveau des petites rues. Les forces de l’ordre étaient jusque-là totalement invisibles, en dehors de l’hélicoptère. La première rencontre a eu lieu à proximité du Palais de Justice, vers 14h30. Un cordon de gendarmes mobiles, décasqués et boucliers posés, bloquaient la progression sur la rue des Vieillards, obligeant le cortège à bifurquer place du Champgil. La tension a grimpé progressivement, jusqu’à ce qu’un groupe de manifestants tente de forcer le passage. Les forces de l’ordre ont immédiatement répliqué, sans sommation d’usage puisqu’en situation de légitime défense, avec des lacrymogènes. La manifestation a alors éclatée, et les échauffourées ont débuté. Tous les manifestants se sont retrouvés assez rapidement place de Jaude et avenue des États-Unis. Des pavés et bouteilles en verre ont commencé à voler, et croisaient en l’air des grenades et palets lacrymogènes. Les fauteurs de troubles, très mobiles, ont profité de la taille de place de Jaude et de la configuration des petites ruelles alentours pour échapper au contrôle des forces de l’ordre. Des protections de vitrines de certains magasins et banques ont été arrachées, des fenêtres brisées, des distributeurs de billets détruits. Les portes de la boutique SFR de la rue du 11 Novembre, malgré les structures de protection en bois, ont été vandalisées.

Affrontements et casses

D’abord quelques dizaines, puis quelques centaines d’individus se sont clairement montré hostiles et cherchaient à casser du mobiliser urbain et affronter les forces de l’ordre. À leurs côtés se trouvaient également des gilets jaunes pacifiques, des riverains ou de simples passants, tous complètement dépassés. Une vague d’indignation les a traversés lorsqu’une boutique de lingerie a été vandalisée et pillée par des casseurs, sans que les forces de l’ordre n’interviennent. Les affrontements ont duré près de 4 heures, et revenaient régulièrement à la place de Jaude, qui a passé une bonne partie de l’après-midi baignée dans un nuage irrespirable de lacrymogènes. Un feu a également été allumé, alimenté par une douzaine de conteneurs à ordures. Lors de l’intervention de pompiers pour stopper l’incendie, des casseurs ont tenté de les attaquer, mais ont très vite été repoussés par les forces de l’ordre. Celles-ci en ont profité pour rapidement prendre le contrôle de la place. Cela leur a ensuite permis de chasser et disperser les manifestants dans les rues alentours. Quelques interpellations ont alors eu lieu, parfois musclées, par exemple vers 18h30 au croisement de la rue Saint-Dominique et de la rue des Minimes. Une demi-douzaine de personnes se présentant comme policiers, mais ne portant aucun élément permettent de les identifier comme tels, ont arrêté un jeune homme avec vigueur. Une certaine confusion a alors animé ces petites ruelles, et une policière visiblement paniquée a sorti son arme de poing et mis en joue les personnes se trouvant à proximité pour leur intimer de quitter les lieux. Le calme est revenu vers 19 heures, la place de Jaude totalement contrôlée par les CRS et gendarmes mobiles. Des employés de la ville ont presque immédiatement commencé à nettoyer les lieux, relayés tard dans la nuit. Le dimanche matin, seules les vitrines endomagées et le mobilier urbain portait encore les stigmates de la veille.
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