Depuis le début d’année 2021, trois porteurs de projet se sont lancés dans l’aventure de Raboule à Clermont-Ferrand. Ils ont créé une association qui veille à limiter l’emballage à usage unique dans la restauration. Une application permet aux clients d’utiliser des contenants en verre réutilisables.
Qui ne se souvient pas de la consigne en verre de nos parents ou grands-parents, lorsqu’il fallait rapporter la bouteille au supermarché ? C’est en suivant cette inspiration que trois porteurs de projet de Clermont-Ferrand ont lancé en 2021 l’association Raboule. Au sein de ce trio, on trouve deux restaurateurs et un entrepreneur. Laura Bossé, restauratrice, qui dirige La Goguette, explique le concept de l’association : « Elle veille à limiter l’emballage jetable à usage unique dans la partie restauration. Le but est d’essayer de proposer une alternative durable, qui passe par des contenants réutilisables. C’est le retour de la consigne que nos grands-parents ont connue et que l’on veut remettre dans le circuit actuel avec les modes de consommation d’aujourd’hui ».
Une législation qui contraint les restaurateurs
Elle poursuit : « Ce n’est pas nouveau et cela existe dans d’autres métropoles en France. Cela vient anticiper une réglementation qui est passée avec la loi anti-gaspi, écrite en 2015 et votée en 2017. Elle est en vigueur depuis le 1er janvier. Sur une trentaine d’années, tous les semestres ou trimestres, il y a des objets en plastique de notre quotidien qui ne vont plus être disponibles ». Selon la porteuse de projet, l’utilisation du service se fait simplement : « Le but est d’aller chez le commerçant du réseau Raboule. Il faut demander le plat du jour ou le dessert en contenant Raboule. L’utilisateur a recours à une application développée avec 7 autres structures comme Raboule. Dans cet espace, il doit convertir des euros en crédit. A partir de ce crédit, on peut emprunter des contenants. Il y a l’action « emprunt », « remplissage » si on a son propre Tupperware, « rendre ». La consigne revient à 0 euro pour le particulier. Il n’y a aucun frais. La consigne coûte 3 euros par contenant. Quand il le ramène, les 3 euros sont à nouveau crédités sur son compte ».
Des commerçants qui adhèrent au projet
Laura Bossé poursuit : « On a commencé le 29 juin et on a déjà 6 commerçants partenaires. A la fin de l’année 2021, l’objectif est d’atteindre les 17. Jusqu’à 2023, on espère se développer. C’est une association avec 3 iniateurs. Je suis restauratrice, tout comme Frédéric Coursol. Quant à Arthur Nicollin, il est le dirigeant d’une coopérative de coursiers à vélo indépendants. On fonctionne par le bouche à oreille ». Elle indique: « Le mot vient de « raboula », un mot du patois auvergnat qui signifie repas communautaire. Il a été transformé par le jargon en « raboule ». On a voulu garder cette sémantique-là pour se rassembler autour du repas communautaire, et se faire comprendre par toutes les strates d’âge ».
180 00 tonnes de déchets jetés par an par la restauration rapide
Une étude de l’ADEME, réalisée avant le confinement, montre que 180 000 tonnes de déchets par an sont jetés par la restauration rapide. Un argument auquel les restaurateurs sont sensibles. « Les restaurateurs ont conscience de ces tonnages de déchets d’emballage mis à la poubelle car utilisés une seule fois. Par conscience, ils veulent agir. D’autres choisissent Raboule par enjeu économique. La consigne revient moins chère que l’emballage jetable. Il y a eu récemment une inflation des prix » indique la restauratrice. Elle enchaîne : « Un seul contenant remplace 2 000 emballages jetables grâce au cycle de lavage ».
Déjà 100 utilisateurs
En quelques jours, l’association compte déjà 100 utilisateurs. Frédéric Coursol, restaurateur, chef des Grandes Tables de la Comédie et initiateur du projet, souligne : « L’idée est de vraiment réduire son impact sur l’environnement. Les restaurateurs doivent répondre à des obligations législatives. On a aussi consulté des boulangers, des bouchers, des épiciers en vrac. Il y a une sensibilisation pour limiter les emballages et privilégier une solution plus durable. Il faut aussi penser qu’une finalisation indirecte va se mettre en place avec les clients ».
Ce coût est calé en fonction de leur consommation
Avec les nouvelles habitudes liées au confinement, les restaurateurs doivent aussi changer leur fonctionnement. Le projet Raboule a été pensé en prenant en compte le volume de contenants utilisés par le commerçant. Frédéric Coursol indique : « Il y a des obligations calendaires et aussi la volonté de construire un projet commun. On est dans une démarche main dans la main. On est une association aujourd’hui mais on pourra évoluer en SCOP par exemple. Il n’y a pas de coût pour l’utilisateur mais pas pour les restaurateurs. Mais ce coût est calé en fonction de leur consommation. Plus leur volume de contenants Raboule est important, moins leur abonnement est cher. On s’est positionné en dessous du tarif des consommables jetables. Ca peut commencer à 30 euros mensuels pour un certain volume de contenants et cela évolue par paliers. Le ventre mou se situe autour de 100-150 euros mensuels ».
Des coûts de fonctionnement
Il précise : « La difficulté est d’acquérir notre parc de contenants. C’est notre principal investissement. On se partage la partie du développement de l’application avec d’autres structures, dont le coût est de 100 000 euros. On a des appels du pied du privé mais pour le moment on ne souhaite pas s’éparpiller ». Laura Bossé affirme : « On a sollicité des soutiens financiers auprès de la Métropole et de la Région. On se finance par l’apport des trois porteurs de projet. On est aussi signataire d’une charte du Ministère de la transition écologique ».
Un contenant en verre
Le contenant a aussi été réfléchi. « On a choisi un verre trempé résistant et assez léger. Il est fait à partir de verre recyclé et il est lui-même recyclable. On a choisi une entreprise française, Arc, qui travaille à partir de matériaux français. Pour le couvercle, on a retenu une solution en polypropylène : c’était la seule solution pour une bonne étanchéité et une bonne résistance. On a défini pour le moment 3 contenants » confie Frédéric Coursol. Les porteurs de projet ont plusieurs pistes de développement. « On est une structure assez jeune. Il faut d’abord que l’on reste Clermontois pour gérer les flux et la logistique. On a des demandes dans l’agglomération et à Vichy » indique Laura Bossé. Elle continue : « On a été appelés sur pas mal d’événements. Cela nous permet de nous faire connaître et de sensibiliser les personnes au concept. On espère convaincre un commerçant par semaine à partir de septembre. Il y a déjà une liste d’attente ». Avec ce projet, l’association espère se faire connaître afin de permettre une sensibilisation du plus grand nombre aux principes écologiques.