Fin novembre, le gouvernement a annoncé qu'il souhaitait augmenter fortement les droits d'inscription à l'université pour les étrangers. Mais à Clermont-Ferrand, l’université a décidé de ne pas appliquer la mesure à la rentrée prochaine. C'est la première en France à prendre cette décision.
En novembre dernier, le gouvernement a annoncé une très forte hausse des frais d'inscription pour les étrangers venus de pays hors Union Européenne. Le plan, baptisé "Bienvenue en France", vise à attirer plus d'étudiants étrangers en améliorant leur prise en charge. En contrepartie, les frais doivent être très fortement augmentés : ils doivent passer de 170 € à 2770 € en licence, de 243 € à 3770 € en master et 380 € à 3770 € en doctorat.
Mais à Clermont-Ferrand, l'université a décidé de ne pas appliquer les directives gouvernementales : à la rentrée prochaine, les étudiants étrangers ne paieront pas plus cher pour s'inscrire.
Mi-décembre, les enseignants avaient déjà voté une motion pour s'opposer à cette augmentation. "Elle représente une rupture d'égalité dans l'accès à l'enseignement supérieur dans notre pays" explique Cyril Triolaire, maître de conférence à l'Université Clermont Auvergne. "Or, cette égalité d'accès à l'université, c'est aujourd'hui un des socles du service public de l'enseignement supérieur."
Sur les 35 000 étudiants de Clermont-Ferrand, 5 000 sont étrangers. La mesure les a particulièrement inquiétés.
Pour Ningfei Duan, doctorante chinoise à l'UCA, multiplier les droits d'inscription à l'université par 15 serait insurmontable : "Faire une thèse, c'est pas évident ... Je ne peux pas à la fois faire ma thèse et chercher un emploi ailleurs pour financer mes études !"
Pour Oumar Diallo, étudiant sénégalais, la mesure rendrait la fac française inaccessible à beaucoup d'étudiants d'Afrique francophone. Elle nuirait selon lui au rayonnement de la France à l'international : "aujourd'hui, un étudiant qui fait ses études en France et qui rentre chez lui, c'est toute une culture de la France, la langue française, l'histoire de la France qu'il va ramener avec lui dans son pays d'origine. Je pense que ça, c'est très important pour le rayonnement de la France."
S'il n'augmentera pas les frais à la rentrée 2019, Mathias Bernard, président de l'Université Clermont Auvergne, souhaite néanmoins discuter pour trouver d'autres modalités de financement : "Il y a besoin de pouvoir définir une politique tarifaire vraiment concertée qui permette de prévoir des exonérations pour des étudiants qui n'ont pas la possibilité de payer des droits d'inscription à 3 700 euros !"
D'autres universités réfléchissent à emboîter le pas de l'université clermontoise, mais pour le moment, seule l'UCA a formalisé sa décision.