Alors que l’épidémie de COVID semble repartir dans certains territoires, quelle est la situation en Auvergne et plus particulièrement dans le Puy-de-Dôme ? Au CHU de Clermont-Ferrand, depuis quelques jours, le nombre de malades hospitalisés augmente légèrement.
Mercredi 3 novembre, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a confirmé une reprise de l'épidémie de COVID en France, s’appuyant notamment sur la hausse du nombre d'hospitalisations et des taux d'incidence de nombreux départements, dépassant à nouveau le seuil d'alerte. Selon lui, il s’agit plus d’une "montée" de l'épidémie qu'à une "envolée". Mais qu’en est-il en Auvergne et plus particulièrement dans le Puy-de-Dôme ?
Il est difficile de dire si c’est l’amorce d’une recrudescence
Le Pr Ousmane Traoré, chef de service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand, assiste à une légère reprise de l’épidémie mais se montre très mesuré : « On a des tendances qui sont à interpréter avec prudence. On avait eu depuis longtemps une diminution du nombre de cas et on est arrivés à un plancher. Là, c’est encore très préliminaire, on a ces 2-3 derniers jours un peu plus de cas qui ont été hospitalisés. Mais il est difficile de dire si c’est l’amorce d’une recrudescence ou si c’est juste conjoncturel avec un peu plus de cas. Il est sûr que depuis le milieu de la semaine dernière, on a eu plus de personnes hospitalisées. Aujourd’hui on a 9 personnes en réanimation et 8 dans les services conventionnels. On a 17 patients alors que ces dernières semaines on était plutôt autour de 8-9-10 patients. On a sur ces derniers jours une petite augmentation mais on ne peut pas dire si elle va se confirmer ».
Des profils de personnes hospitalisées
Le médecin précise le profil type des personnes hospitalisées au CHU de Clermont-Ferrand pour cause de COVID : « Jusqu’à présent, la plupart des personnes qui sont hospitalisées étaient soit non vaccinées soit des personnes vaccinées mais immunodéprimées. Ce sont des personnes avec des pathologies extrêmement fragilisantes. On a eu ces derniers jours quelques personnes âgées, de plus de 80 ans, vaccinées mais qui n’avaient pas de fragilité particulière mais au-delà de 80 ans, on n’a jamais totalement une santé de fer ».
Des mesures barrières "bien moins appliquées"
Le Pr Ousmane Traoré s’interroge sur les conséquences des épidémies saisonnières dans un contexte de COVID. Il explique : « On se pose toujours la question sur comment tout cela va se comporter avec les épidémies hivernales. On se posait déjà la question à l’automne 2020 et il n’y a pas eu du tout d’épidémie hivernale, grippe ou bronchiolite. Certaines épidémies sont déjà là, comme la bronchiolite ou les rhinovirus. Cela montre que les mesures barrières sont bien moins appliquées que l’année dernière ».
Un CHU qui se tient prêt
Pour le chef de service d’hygiène hospitalière, le CHU de Clermont-Ferrand est prêt à s’adapter en cas de nouvelle poussée épidémique : « On a continué les cellules de crise depuis février 2020. On a juste changé les fréquences en fonction de la situation épidémiologique locale et nationale. Là, elles ont lieu toutes les deux semaines. On remettra des cellules hebdomadaires ou quotidiennes si besoin. Le dispositif reste en action. En fonction du nombre de cas et du nombre de passages aux urgences, on s’adapte. Si les passages aux urgences pour syndrome respiratoire augmentent et que la positivité des tests COVID augmente, cela signifie qu’il faut certainement commencer à prévoir un nombre de lits d’aval réservés aux cas de COVID ».
De nouveaux tests
Désormais, le CHU de Clermont-Ferrand est doté d’un nouvel outil qui s’avère très précieux : « On a introduit aux urgences des tests de diagnostic rapides, qui donnent des résultats en une douzaine de minutes. Cela permet d’orienter les patients et de détecter aussi d’autres virus. C’est un plus qu’on n’avait pas l’hiver précédent ».
La situation en Auvergne
Pour la semaine glissante du 24 au 30 octobre, Santé Publique France a publié des données concernant le taux d'incidence par département.
Voici les taux d'incidence par département en Auvergne :
- Dans le Puy-de-Dôme : 27,3 pour 100 000 habitants.
- Dans l'Allier : 42,9
- Dans le Cantal : 24,5
- En Haute-Loire : 79,3
Dans ce dernier département, le masque sera à nouveau obligatoire dans les écoles primaires à compter du lundi 8 novembre, car le taux d’incidence dépasse le seuil d’alerte de 50.
On part d’une situation où la circulation virale est assez faible
Jean Schweyer, directeur délégué de l’Agence Régionale de Santé Puy-de-Dôme, est plutôt satisfait des chiffres dans ce département : « Le taux d’incidence reste très bas dans le Puy-de-Dôme. Il s’établit à 27 et pour les personnes de plus de 65 ans, il est à 25. Ce sont des taux qui sont satisfaisants car le taux de la région est à 54 et le taux de la France est à 61. Le Puy-de-Dôme fait actuellement partie des départements les moins impactés par l’épidémie, ce qui est plutôt satisfaisant et qui incite à la vaccination. On va rentrer dans la période hivernale de grippe. Pour les personnes particulièrement fragiles, il faut éviter de cumuler le risque de contracter le COVID. On part d’une situation où la circulation virale est assez faible ».
L'impact sur les hôpitaux
Il indique que le nombre de cas d’hospitalisations pour COVID dans le Puy-de-Dôme est plutôt faible : « Le nombre de personnes hospitalisées pour COVID est à 34 dans le Puy-de-Dôme, ce qui est un chiffre très bas et qui comprend les personnes en soins de suite. On n’a pas d’impact majeur sur le secteur hospitalier dans le département ».
La tendance est plutôt rassurante
Si les taux augmentent pour des départements voisins comme l’Allier et la Haute-Loire, Jean Schweyer ne se veut pas pour autant alarmiste : « La tendance est plutôt rassurante dans le département par rapport à une petite augmentation qu’on constate au niveau de la région et dans la France entière. Il faut vraiment être prudent mais pour l’instant, le Puy-de-Dôme n’est pas impacté. Il n’y a pas besoin d’être inquiet. Il faut être vigilant car il y a quelques semaines dans le Puy-de-Dôme on a eu une petite hausse et le taux d’incidence est passé au-dessus de 50. Il peut y avoir des fluctuations relativement rapides. En revanche, il n’y a pas d’inquiétude majeure à avoir ». Il rappelle l’importance de la vaccination : « Les personnes qui sont hospitalisées pour COVID ne sont pas vaccinées. Depuis le début, on fait ce constat. On a pu avoir des personnes vaccinées qui ont fait de courtes hospitalisations pour la surveillance mais c’était des personnes très âgées. On n’en a jamais eu en réanimation. Il est très clair que ce sont les personnes qui ne sont pas vaccinées qui sont concernées par les hospitalisations ».
La question de la 3e dose
Le directeur délégué de l’ARS Puy-de-Dôme met en avant les chiffres de la vaccination dans le département : « Dans le Puy-de-Dôme, par rapport à la population totale, on a 76,2 % des personnes qui ont reçu au moins une dose, contre 76,4 % dans la région et 76,3 % dans la France entière. Pour les personnes de plus de 12 ans, ça représente 87,2 % de personnes vaccinées avec au moins une dose. Il reste encore environ 8 000 personnes qui sont entre les deux doses. On a dépassé le chiffre symbolique des 500 000 personnes vaccinées dans le département, avec 503 346 personnes vaccinées ». Il ajoute : « La 3e dose est importante. Si on a un doute, il faut prendre le conseil de son médecin. Cette dose est très utile car elle vient renforcer l’immunité des personnes âgées et fragiles, mais aussi pour les personnes qui ont des pathologies. Pour la première dose chez les plus de 80 ans, on est un peu en-dessous de la moyenne régionale. On souhaite rappeler l’intérêt de se faire vacciner ».
Un numéro vert
Dans le Puy-de-Dôme, les centres de vaccination sont maintenus ouverts sur le territoire. A Clermont-Ferrand, il y a le CHU, Polydome et Croix-de-Neyrat. Les centres de Chamalières, Thiers, Ambert, le Mont-Dore, Issoire, les Combrailles restent ouverts. Un numéro vert, le 0800 730 957, vient d’être mis en place. Six équipes mobiles dans le Puy-de-Dôme se rendent au domicile de la personne concernée pour la vacciner.