Des déchets de plastique découverts sur un terrain de la Société des Eaux de Volvic (Puy-de-Dôme)

Des déchets de plastique ont été découverts en mars dernier, en plein cœur de la réserve naturelle de Volvic, dans le Puy-de-Dôme. La Société des Eaux de Volvic, propriétaire du terrain, a effectué un premier diagnostic et estime que la qualité de l’eau « n’est pas affectée ».

La Société des Eaux de Volvic (SEV) a révélé le jeudi 13 octobre que des déchets de plastique PVC ont été découverts en mars dernier à proximité d’une ancienne usine de Volvic, dans le Puy-de-Dôme. La SEV indique que ces déchets sont constitués de plastique PVC, de verre et de bois, sur une surface d’environ un hectare, soit environ 2 % de la réserve naturelle où est situé l’impluvium (système de captage et de conservation des eaux pluviales) de Volvic. C’est la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) qui a fait cette découverte. Gaëlle Giraud, conservatrice de la réserve pour la LPO, raconte : « La LPO est gestionnaire de la réserve naturelle régionale des Cheires et Grottes de Volvic. Dans ce cadre-là, on réalise différentes missions pour le bon fonctionnement de la réserve, dont des actions de surveillance et de veille. A l’occasion d’une des tournées de surveillance en mars dernier, on a été attirés par des déchets inhabituels sous la végétation. Comme on se situait sur des parcelles de la Société des Eaux de Volvic, on les a alertés, ainsi que la Région, de cette découverte. On sentait que c’était des déchets qui étaient là depuis longtemps ».

" Cela fait au moins une trentaine d’années qu’ils sont présents"

Elle poursuit : « Ce n’est pas simple à décrire mais ce sont de gros blocs de plastique blanc compacté. Cela n’avait pas la forme de bouteilles. On voit que cela a été retravaillé. On a essayé d’estimer depuis quand ces déchets étaient là, par photographie aérienne notamment. On n’a pas réussi à tout retracer mais cela fait au moins une trentaine d’années qu’ils sont présents. Il y a 30 ans, la gestion des déchets n’était pas la même qu’aujourd’hui. Avant, des choses ont été faites, qui ne sont plus acceptables en termes de traitement des déchets, sur un site naturel ». En tant que propriétaire du site, la SEV a immédiatement été alertée. Elle assure que ces déchets sont antérieurs à l’acquisition de la marque Volvic par Danone, qui date de 1993. Cathy Le Hec, directrice Ressources en Eau et Environnement Danone France, explique : « Notre première réaction a été une réaction de surprise. C’est un site qui fait partie de l’impluvium, qui a été classé depuis 2014. Cette découverte a amené des interrogations. En termes de vérification, les investigations menées ont permis de dire que c’était un bloc de PVC vraisemblablement en lien avec l’activité qu’il y avait sur le site historique de Volvic. C’était le matériau utilisé entre les années 60 et le début des années 90 pour la fabrication de bouteilles ».

La qualité de l’eau n’a pas été affectée

Cathy Le Hec, directrice Ressources en Eau et Environnement Danone France

Un travail d’investigation a alors été mené. Il a permis d’établir un premier diagnostic. Cathy Le Hec souligne : « Au regard des espèces, on ne pouvait pas faire des sondages dans le sol, avec des équipements généralement bruyants. Il a fallu trouver des méthodes alternatives d’imagerie du sous-sol pour pouvoir apporter des réponses. Ce travail nous permet de dire, de façon historique, qu’il y a eu un dépôt de déchets, vraisemblablement de production. Il y aurait aussi du verre et du bois, mais tout cela restera à confirmer par un diagnostic que l’on souhaite mener désormais ». Afin de rassurer les consommateurs, la SEV estime que l’entreposage de ces déchets est sans conséquence sur la qualité de l’eau minérale. Cathy Le Hec insiste : « La qualité de l’eau n’a pas été affectée. Cette qualité est complètement conforme à celle de l’eau minérale. C’est un point majeur. Il n’y a absolument pas d’impact. La surface concernée est d’un hectare sur 4 000 hectares au total du bassin de recharge de la nappe. Par ailleurs, la localisation de ces déchets est en moyenne à 2 mètres de profondeur. La nappe de Volvic est captée entre 50 et 100 mètres de profondeur. On a des dizaines de mètres de roche de protection de l’eau minérale ».

Un programme d'actions défini

Désormais, la SEV a établi un plan d’actions avec un calendrier précis. Cathy Le Hec détaille ce programme : « Nous voulons trouver des solutions pour retirer ces déchets en limitant notre impact sur la réserve et en faire une opportunité de gestion pour la suite. On souhaite obtenir les autorisations pour faire les diagnostics approfondis. Nous sommes relativement confiants pour pouvoir mener à bien ces diagnostics en début d’année 2023. Au regard de l’ensemble des autorisations que l’on doit obtenir auprès de l’Etat et de la Région, nous espérons pouvoir procéder à l’enlèvement de ces déchets historiques début 2024 ». Gaëlle Giraud, conservatrice de la réserve pour la LPO, confirme ce calendrier : « Dès 2023, il y aura une phase de diagnostic complémentaire qui sera mené, pour mieux comprendre la nature des déchets. Il y a des déchets PVC mais il y aura probablement du bois et du verre. Il nous manque encore des éléments pour finaliser le diagnostic. Notre priorité est de veiller au respect de la biodiversité et de limiter les impacts qu’il pourrait y avoir sur la faune et la flore. Au cours de cette phase, on va accompagner la SEV. Ensuite, selon les résultats du diagnostic, l’objectif est de pouvoir réhabiliter le site et de retirer les déchets à partir de 2024. L’objectif serait de mettre en place un plan de réhabilitation qui permettrait l’implantation d’espèces locales et qui serait plus favorable à plus de biodiversité ».

L'inquiétude d'une association environnementale

Du côté des défenseurs de l’environnement, cette découverte de déchets a aussi été une mauvaise surprise. François-Dominique de Larouzière, membre de l'association Preva (Protection des Entrées sur les Volcans d’Auvergne), indique : « J’ai d’abord ressenti une forme de dégoût. Ensuite j’ai pensé que finalement ce sont les mêmes techniques qui sont utilisées partout. Dans les Vosges, dans le secteur de Vittel, les mêmes découvertes ont été faites il y a quelques années. L’environnement ne compte pas devant des gens qui ne font pas attention et qui ne pensent qu’à faire du profit. On n’a aucune considération pour la Terre qui nous sert de cadre de vie. Je rappellerais qu’on n’en a qu’une, donc à force de faire n’importe quoi partout, on va finir par avoir de gros problèmes ». Il s’interroge sur les conséquences de la présence de ces déchets sur la qualité de l’eau : « La découverte vient d’être faite. On sait que ces matières plastiques se dégradent. On sait qu’il y a des risques pour l’environnement. Pour ce qui est de l’impluvium, je ne me prononcerai pas en l’absence de données objectives et scientifiques. Les scories qui filtrent l’eau pour lui donner ses qualités exceptionnelles ont probablement filtré en grande partie les microparticules de plastique qui ont pu se détacher de cet amas monstrueux qu’on vient de découvrir, dans une zone naturelle ».

La question des responsabilités

François-Dominique de Larouzière espère qu’on fera la lumière sur les responsables de ces déchets : « Cela devrait être de la salubrité publique que de chercher les responsabilités. J’entends bien ce que dit Volvic mais je demande à voir. J’attends la confirmation par une enquête sérieuse, pour savoir quelles sont les responsabilités et qui l’a fait. Pour arriver à des stocks pareils, je pense qu’on est déjà dans un process industriel important. Je ne pense pas que les petits embouteilleurs historiques avant le rachat par un grand groupe aient pu se lancer dans de telles opérations. Mais je reste prudent ». Du côté de la SEV comme celui de la LPO la priorité n’est pas d’identifier les responsables. Gaëlle Giraud, conservatrice de la réserve pour la LPO, conclut : « Notre objectif n’est pas de trouver qui est à l’origine du dépôt des déchets mais plutôt de traiter le problème ». 

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