Double fracture et 45 jours d'ITT : il raconte son agression "par erreur" par un membre présumé du bastion social

Deux plaintes ont été déposées suite à des agressions imputées à des membres du bastion social, groupuscule d'extrême droite fraîchement installé à Clermont-Ferrand. L'un des deux plaignants nous raconte sa version de son agression.

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Anthony a 32 ans et vit à Clermont-Ferrand. Malgré ses efforts pour articuler, sa diction trahit la blessure que lui laisse son agression. Double-fracture de la mâchoire, sept heures d'opération, 45 jours d'interruption totale de travail. "J'en ai encore pour un bon mois avant que la douleur se tasse complètement", estime-t-il. Pour en arriver là, il a suffi d'un coup de pied et de trois coups de poing savamment placés. "Je dois reconnaître une certaine efficacité dans l'acte, ironise Anthony, j'essaie d'en rire pour garder le moral".
 

"Vous vous trompez de personne !"


Le 13 juillet, Anthony passe la soirée dans un bar, rue de la Treille, avec un ami. Un vendredi soir classique. Il s'approche du comptoir pour commander un verre. "À ce moment, un homme entre dans le bar précipitamment, l'air complètement paniqué, se remémore le Clermontois, il demande au serveur de le protéger, parce qu'il a des membres du bastion social à ses trousses, après les avoir "un peu trop" provoqués selon ses mots". Le groupuscule d'extrême droite est implanté dans un local en contrebas de la rue, qu'il doit inaugurer le lendemain sous protection policière. "Le serveur ne voulait pas que le type, sûrement un antifasciste, reste dans le bar et lui attire des emmerdes. Alors il lui a dit de sortir par la porte de service, derrière."
 
Mais le fuyard préfère rester dans le bar, à l'abri, et se plante juste derrière Anthony. Lui suit les événements avec une certaine distance, attendant son verre. "J'entends alors la porte s'ouvrir, je me retourne et je prends un coup de pied dans les côtes qui me projette en arrière". Le temps que lui ou son ami comprenne la situation, trois coups de poings fusent et lui brisent la mâchoire. "Mon ami s'est interposé entre mon agresseur et moi en lui criant qu'il se trompait de personne, que je n'avais rien à voir avec ça, explique le Clermontois, complètement sonné à cet instant, et pendant ce temps l'antifa en a profité pour se faire la malle discrètement."
 

Excuser un coup de pied et trois coups de poings


L'agitation s'empare du bar, tandis qu'Anthony tente difficilement de retrouver ses esprits. "J'entendais des clients qui invectivaient mon agresseur et ses camarades venus le rejoindre", se souvient-il. Un membre du groupe se dirige vers Anthony pour lui formuler des excuses maladroites, qui font rire jaune le blessé : "Il se justifiait en expliquant qu'ils m'avaient confondu avec quelqu'un qui s'était vanté d'avoir dégradé leur local. Je me foutais de leurs raisons, mais en plus ils m'ont confondu avec quelqu'un qui était grand, chevelu et imberbe, alors que je suis de taille moyenne, cheveux courts et grosse barbe."

De son côté, le bastion social nie en bloc, mais souligne les intimidations et dégradations matérielles dont il est victime. "Le store qui ferme notre local a été plusieurs fois arraché, on a été obligé de coller des plaques en bois sur les vitres, s'indigne Quentin Gimel, responsable local de l'association, et puis la serrure a été collée une fois et on a des nouveaux tags presque toutes les nuits, on est en sécurité nulle part". Il assure que l'association 1901 a porté plainte suite à ces dommages et à des menaces. "L'extrême gauche diffuse nos identités en ligne, bientôt je parie qu'ils vont publier nos coordonnées", s'énerve-t-il. "Mais on n'a absolument rien à voir avec ces histoires d'agressions, ce n'est pas nous. On passe toujours pour les grands méchants, alors que c'est nous qui sommes le plus menacés."
 

L'agresseur présumé identifié

 
Une version que contredisent les premiers éléments recueillis dans le cadre de l'enquête. Selon une source proche du dossier, l'agresseur présumé d'Anthony a été formellement identifié comme étant un membre du bastion social, primo-délinquant. La plainte contre X a donc été requalifiée et l'individu qu'elle vise doit être convoqué prochainement par les services de police. S'il plaide ou est reconnu coupable à l'issue de l'enquête, il encourt jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende. De son côté, le bastion social organise une "soirée de soutien", le vendredi 10 août, pour récolter les fonds nécessaires aux réparations du local. "On doit changer la serrure, et ça coûte cher", rappelle le responsable du groupuscule.
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