Au dixième jour de la guerre en Ukraine, la solidarité s’organise dans le Puy-de-Dôme, prenant la forme de manifestations de soutien au peuple ukrainien dont le pays est envahi par les militaires russes et autour de collectes de produits de première nécessité acheminés aux frontières à l’occasion de voyages pour récupérer des proches.
Ils étaient près de 300 personnes rassemblés devant la préfecture du Puy-de-Dôme dans le centre-ville de Clermont-Ferrand le matin du samedi 5 mars 2022, une semaine après une première manifestation quelques jours après l’entrée des troupes militaires russes en Ukraine. Dans la foule, de pancartes aux couleurs de l’Ukraine pour demander la fin du conflit : « On est là pour manifester notre soutien aux Ukrainiens qui souffrent de l’exil, de la guerre et dire non ! C’est beaucoup de tristesse, de la peur pour la paix en Europe et du chagrin pour les Ukrainiens » dit une manifestante. « Ça nous touche, c’est proche et tout le monde est inquiet » dit une autre. « C’est une horreur. Il y a des tas de gens tués, qui sont obligés de partir et c’est ignoble. Je comprends que l’Europe et l’OTAN aient décidé de ne pas envoyer d’avions, de ne pas aller sur le sol ukrainien, mais c’est tellement insupportable » dit un manifestant. Un autre complète : « Il faut le montrer aux autres, aux Russes même, aux Ukrainiens surtout. Faire comprendre que la guerre est une non-solution ».
La solidarité s’organise
Natacha Grouguon est née en Ukraine, elle est désormais installée à Issoire. Après avoir suivi elle aussi l’avancée de la guerre, elle a décidé d’agir et se prépare à partir pour aller chercher des amis qui tentent de fuir le pays : « Je suis prête à aller sauver mes amis et pouvoir aider à ma petite échelle quelques personnes, et je vais continuer. Je ne me pose pas de questions, j’y vais… Je suis en contact avec un ami qui y est allé hier pour chercher ses proches et qui a amené déjà une aide humanitaire. Il m’a expliqué, il a pris des contacts pour moi, je suis confiante et ça va bien se passer. Mon mari et mes enfants, ils vont juste passer quelques jours sans moi ».
Un voisin lui confie le paquetage militaire qu’il a reçu lorsqu’il était réserviste. Un casque lourd, des chaussures, un sac à dos et des vêtements kakis : « Nous ce n’était pas vraiment la guerre, que de l’entraînement. Là, on sait que ça va servir » nous dit-il ému.
Pour faciliter la distribution une fois sur place, il faut trier des milliers d’objets donnés et tout étiqueter. Pour cela, la famille, des amis et des voisons sont venus prêter main-forte. Comme ce facteur qui est passé devant la maison de Natacha ce matin lors de sa tournée et qui raconte : « Je suis rentré chez moi après le travail, j’ai mangé et me voilà de retour pour donner un coup de main ». « Ça fait très chaud au cœur. On sort d’une passe difficile pour tous depuis 2 ans et c’est vrai que cet élan de solidarité qui s’est déclaré suite à une petite publication Facebook juste pour solliciter un peu nos proches, pour pouvoir organiser une collecte et pour l’amener à la frontière, quand on a vu cette mobilisation générale, c’est beaucoup d’émotion » dit une autre participante à ce grande atelier de tri qui a envahi le jardin et le garage de la maison.
Les opérations de chargement dans le minibus achevées, Natacha Grouguon prendra la route pour la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. Elle espère y retrouver ses proches qui aux dernières nouvelles ne sont pas encore arrivés à la franchir.