INTERVIEW. Paloma, révélée par Drag Race France, confie : "Parler des femmes, c'est ce qui m'intéresse"

C’est un spectacle pas comme les autres qui sera à l’affiche à Clermont-Ferrand vendredi 15 et samedi 16 septembre : Paloma, grande gagnante de la saison 1 de « Drag Race France », sera sur scène. La drag-queen revient dans sa ville natale. A quelques jours du spectacle, Hugo Bardin, alias Paloma, livre ses dernières confidences sur le show.

C’est une reine. Comédien et réalisateur, Hugo Bardin s’est fait connaître sous le nom de Paloma, son alter ego féminin. En 2022, cette drag-queen a remporté le concours « Drag Race France », diffusé sur France Télévisions. Originaire de Clermont-Ferrand, elle revient en Auvergne le vendredi 15 et le samedi 16 septembre à la Comédie des Volcans. Son spectacle s’intitule « Paloma au pluriElles ». En pleine répétitions et alors que le stress monte, la drag-queen confie : « J’arrive lundi avec mon équipe, le décor et les costumes. On entre dans le dur. On répète à Paris mais on a hâte d’être à Clermont-Ferrand. Cela fait plaisir de revenir ici. La ville m’a beaucoup célébrée : j’ai eu la médaille de la ville et j’ai eu en tournée un accueil très chaleureux. On me donne la possibilité de faire naître le spectacle ici. Cela a du sens de commencer mon spectacle là où tout est né ». Une semaine avant la première de la tournée, Paloma évoque le spectacle : « Ce n’est pas du stand up. Je ne sais pas raconter ma vie. Cela ne m’intéresse pas trop. Ce sont des personnages, des moments de vie, des portraits de femmes. J’espère que c’est un spectacle un peu féministe. Parler des femmes, c'est ce qui m'intéresse : celles que je connais, celles que j’admire. Elles ne sont pas toutes parfaites, elles ont des défauts, elles sont parfois malheureuses, elles sont au bord de la crise de nerfs. C’est de la comédie, mais avec des moments plus tristes aussi. Elles sont 7. On connaît certaines, dans « Quotidien » ou « Drag Race » mais il y a des nouveautés, des surprises. Il y aura des moments un peu plus Paloma ».

Des icônes féminines qui peuplent son univers

Avec pas loin d’une trentaine de dates de tournée, en France, en Suisse et en Belgique, Paloma est un véritable phénomène. « Il y aura bien évidemment Fanny Ardant, tout le monde l’attend. Il y aura des figures que je connais bien comme la bourgeoise catho, car j’ai grandi dans le même milieu. J’aime bien m’en moquer. L’agent que j’ai jouée dans « Drag Race » revient. Il y aura aussi la cagole du sud et d’autres figures auxquelles on s’attend moins. Il y aura une reine. Je joue des personnages qui peuvent être a priori caricaturaux mais en réalité, je ne m’intéresse pas aux clichés qu’on peut faire avec, mais les zones d’ombre, les subtilités, pour donner de l’intimité, livrer leurs faiblesses » souligne Paloma. La gagnante de « Drag Race France » se métamorphose sur scène et assure une véritable performance : « Quand je fais du drag, je mets plusieurs heures pour me transformer. Là, je vais passer d’un personnage à l’autre à la vitesse de l’éclair. En France, c’est la première fois qu’un spectacle de la sorte a lieu, à la fois comique, avec des personnages drag. Je suis le premier à le faire ».

Le phénomène "Drag Race"

Tout a pris de l’ampleur avec le succès de « Drag Race France » en 2022. Une couronne portée avec fierté et qui lui a permis d’enchaîner les succès : « Je vous avoue que c’est passé très vite. Je ne m’en suis pas rendu compte. Tout est allé si vite. Entre le couronnement, la tournée, dans de nombreuses villes de France. J’ai aussi tourné dans « Walking dead ». J’ai fait énormément de choses cette année. Là, j’enchaîne sur mon spectacle donc c’est chouette de ne pas se poser de questions quand les choses filent comme cela, sur des rails ». Hugo raconte comment il s’est retrouvé sur ce tournage : « Ils m’ont appelé pour me dire qu’ils avaient un rôle de drag-queen. J’étais seul sur le rôle, il n’y avait personne d’autre. J’ai quand même passé un petit essai pour l’anglais. Je me suis retrouvé sur le tournage. Ce n’est pas un grand rôle. Je joue un petit personnage mais j’ai tourné deux saisons. Au bout d’un moment, je leur ai demandé pourquoi moi. C’était flou. La scénariste m’a dit que c'est Norman Reedus (acteur principal, Daryl, NDLR) qui a demandé. Il serait fan de moi. Cela s’est fait comme ça ». Elle a aussi enchaîné les rôles sur le petit écran : « J’ai joué dans « Balthazar » sur TF1 avant « Drag Race France ». Je vais continuer de participer à « Quotidien ». C’est une super expérience. Je leur ai dit que j’étais très occupée à la rentrée à cause de la tournée. J’ai beaucoup de projets télé qui arrivent. Je ne sais pas jusqu’à quel point je vais pouvoir tout combiner. Je vais voir ».

Un public pas seulement communautaire

Grâce à « Drag Race France », elle a su parler à un large public, pas seulement LGBT : « Quand on a démarré cette aventure, on savait que ça plairait aux communautés. L’émission américaine a eu beaucoup de succès auprès des communautés. Elle a fait tomber des barrières. Ici aussi le public a grandi. Dans la salle, il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas queer. C’est un public d’alliés et c’est le plus important. On ne peut pas avancer sur de telles questions, sur des progrès de société, si on n’a pas des alliés. D’avoir des parents dans la salle, des futurs parents, des personnes qui peuvent transmettre cette ouverture d’esprit, qui comprennent nos combats et qui sont des alliés c’est rassurant ». Avec le succès de l’émission, dont la finale cette année a attiré 684 000 spectateurs et 7,6% d’audience, Paloma est devenue une véritable porte-parole : « Je ne sais pas si c’était prévu. Quand on m’a mis la couronne, je me suis dit que je ne devais pas que parler de ma petite personne. Evidemment que j’avais des ambitions personnelles, sinon je n’aurai pas fait l’émission. Mais ça me dépasse. Je suis une personne queer qui a un micro, qui a la possibilité de s’exprimer. Je ne peux pas gâcher cela. C’est comme Keiona qui vient de gagner la saison 2 de « Drag Race France » : elle aussi a des responsabilités. C’est une personne queer, de surcroît racisée, qui vient de la scène ballroom (une culture née dans les années 60 aux USA, rassemblant des Afro-Américains et Latino-Américains homosexuels, NDLR). On a des responsabilités, pour parler pour toutes celles qui ne peuvent pas parler et qui n’ont pas pu le faire pendant très longtemps ».

 

"J’ai envie d’être à la hauteur et j’espère que le public sera au rendez-vous"

La gagnante de « Drag Race France » saison 1 a remporté mercredi 6 septembre le prix de la Visibilité grand public à la première cérémonie organisée par le magazine Têtu. Elle s’en félicite : « Ce titre me fait très plaisir, surtout que la Visibilité du grand public a beaucoup de sens. C’est bien d’être visible, surtout dans nos communautés, où on ne l’a pas été pendant longtemps. Maintenant on l’est un peu. Etre visible du grand public est essentiel. On veut toucher un grand public et pas forcément un petit ». Un public qui l’attend sur les planches. A une semaine de la première date, Hugo est impatient : « Les répétitions sont très intenses mais je suis très content. Cela va être bien. Je suis stressé car c’est de l’humour donc on ne sait jamais si cela va plaire. C’est particulier, avec une écriture spéciale. Je m’inspire beaucoup de Valérie Lemercier, d’Alex Lutz. J’aime les gens qui racontent les histoires. J’ai envie de leur faire honneur. J’ai envie d’être à la hauteur et j’espère que le public sera au rendez-vous ». La première date affiche complet, il y a encore des places pour le samedi 16 septembre.

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