La cérémonie d’ouverture des JO de Paris a eu lieu il y a déjà une semaine. Plus de 23 millions de Français ont pu découvrir les prestations de Lady Gaga, Céline Dion, Aya Nakamura ou encore d’Alexandre Kantorow. Ce pianiste virtuose a été héroïque et imperturbable, malgré une pluie battante. Né à Clermont-Ferrand, il revient sur cette cérémonie inoubliable et se livre sur son attachement à l’Auvergne.
Céline Dion, Lady Gaga, Aya Nakamura, Juliette Armanet, Sofiane Pamart : voici quelques-uns des grands noms qui ont ébloui la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, vendredi 26 juillet. Mais une prestation a aussi fait sensation, celle d’Alexandre Kantorow. Sous la pluie battante, le jeune pianiste a joué, imperturbable, en mettant à l’honneur les “Jeux d’eau” de Maurice Ravel.
Une semaine plus tard, à quelques heures d’un concert à la Roque d’Anthéron, il a accepté de revenir sur ce moment de bravoure :“Je pense encore à ce moment unique et à cette expérience vécue. En montant sur le pont, en voyant les éléments se déchaîner, en apercevant les bateaux, j’ai su que c’est une expérience que je ne retrouverai plus. C’est comme s’il n’y avait plus de pression”. Victor Lasne, le compositeur du metteur en scène Thomas Jolly, a eu l’idée de lui faire jouer ce morceau au nom aquatique imaginé par Ravel. Une sacrée ironie quand on sait les trombes d’eau qui se sont abattues sur le piano et le virtuose. “Il a fait très fort. La pluie a agi comme un personnage” s’amuse Alexandre Kantorow.
"Nous faisions partie d’un tout"
Avant de jouer sur ce pont, il a dû attendre six longues heures. Il raconte : “Dès l’ouverture, avec les premières performances, on s’est rendu compte que personne n’était dans son élément naturel. Tout le monde a cru en quelque chose et une narration qui était plus grandes que soi. Nous faisions partie d’un tout”. Cette performance n’avait rien à voir avec ses prestations habituelles : il joue de la musique classique de manière non amplifiée dans des salles de concert. Alexandre concède : “Là c’était une sorte de sortie de parcours unique, à laquelle je n’aurais plus jamais accès. Je voulais en profiter. C’était aussi l’occasion de représenter la musique classique, avec un morceau entier, non coupé pour la télé. J'ai été très touché que l’on me le propose”. Il a pu partager quelques instants avec Juliette Armanet et Sofiane Pamart, une autre star du piano.
Un virtuose du piano
Il est l'un des pianistes les plus distingués de sa génération. Plus jeune lauréat du prestigieux Gilmore Artist Award (2024), Gramophone l'a qualifié de "véritable affaire, un virtuose au souffle de feu et au charme poétique" et Fanfare a qualifié le jeune pianiste de "Liszt réincarné". En 2019, à l'âge de 22 ans, Alexandre est entré dans l'histoire en devenant le premier pianiste français à remporter la Médaille d'or du Concours Tchaïkovski ainsi que le Grand Prix, décerné seulement trois fois auparavant dans l'histoire du concours.
Des liens forts avec l'Auvergne
Le prodige est né à Clermont-Ferrand. Il y a vécu jusqu’à l’âge de deux ans. Son père a été le directeur de l’Orchestre d’Auvergne. Il est encore attaché à l’Auvergne : “Quand j’y suis retourné plus tard en tant que très jeune musicien, j'ai retrouvé un orchestre qui était plus une sorte de grande famille : ils m'avaient tous connu en poussette. J’ai aussi pas mal d'amis qui viennent de là-bas et donc maintenant c'est un retour tardif aux sources”. Sa carrière le mène sur les plus grandes scènes du monde mais ses liens avec son Auvergne sont encore forts : “J'y retourne de temps en temps avec l'orchestre. C'est un des grands ensembles qu'on a en France”.
Un artiste multirécompensé
Il l’avoue, “ces deux dernières années ont été folles”. Régulièrement primé, à 27 ans seulement il a reçu deux Victoires de la musique classique. À 16 ans, il jouait déjà en France et à l'international, fréquentant plus tard les plus grandes salles et festivals du monde. Difficile pour le pianiste de définir son répertoire de prédilection mais Brahms a sa préférence, pour “sa rigueur, son architecture extraordinaire, la balance entre la tête et le cœur”. Il apprécie aussi Prokofiev, Beethoven, Mozart et Bach bien évidemment.
Mais avant d’être dans la lumière des concerts, Alexandre doit beaucoup travailler. Il souligne : “Il s’agit d’une sorte de terrain d’expérimentation. Je teste beaucoup l’interprétation d’une œuvre. Il y a une part vraiment physique en utilisant ses doigts, un peu à l’image d’un artisan. On façonne les choses, pour être dans le lâcher-prise lors du concert. Je rentre souvent dans une sorte de black-out”. Sa famille, ses amis constituent son refuge. La lecture et le cinéma nourrissent son inspiration.
Le 8 août il sera à Edimbourg, le 14 à Salzbourg, le 24 à Gstaad, avant une tournée à la rentrée en Asie. Les plus grandes scènes s’offrent à lui. Mais promis, Alexandre Kantorow reviendra vite dans son Auvergne natale.
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