Près de Clermont-Ferrand, ces chiens et chats maltraités ou abandonnés rêvent d'une nouvelle vie

Chaque année, quelque 2 700 animaux abandonnés ou maltraités transitent par l'Association Protectrice des Animaux, près de Clermont-Ferrand. Des histoires parfois douloureuses mais qui trouvent souvent une fin heureuse grâce à l'adoption. Les 2 et 3 octobre, le refuge ouvre grand ses portes.

Les 2 et 3 octobre, des journées portes ouvertes sont organisées à l’APA, Association Protectrice des Animaux du Puy-de-Dôme, dans le cadre de la fête des animaux. Ces journées sont l’occasion d’adopter un animal, pour ceux qui le souhaitent, mais aussi de découvrir ou mieux comprendre le fonctionnement de l’APA. L’association, créée en 1956, est devenue d’utilité publique 12 ans plus tard. « On est passé d’une association de quartier qui s’occupait des chats sans structure juridique, des dames qui s’occupaient des animaux du mieux qu’elles pouvaient, à une structure reconnue de la protection animale. C’est un parcours assez extraordinaire. Les anciens vous parleront du refuge de Pré-la-Reine, puis on a trouvé un terrain à Gerzat en 2006 », raconte le président Roman Ferrer.

2 700 dossiers chaque année

Un projet d’extension du refuge a vu le jour cette année, car il est devenu trop petit pour accueillir les 126 chats et les 91 chiens, explique le président : « On a également 30 chats dans un enclos. Ce sont les chats qui ne partiront jamais. Ils sont en fin de vie, ont eu des carrières difficiles. Ceux-là, on ne les compte pas car même si les gens venaient les chercher, on ne les placerait pas. C’est ceux qui ont été maltraités ou qui ont des maladies, qui ne peuvent pas être adoptés. Les placer dans une famille, ce n’est pas bien ni pour l’animal ni pour la famille. C’est un groupe de bénévoles, de dames assez âgées, qui ont pris l’engagement de gérer ça. C’est un îlot à part dans la structure, un asile de fin de vie. » Chaque année, ce sont 2 000 chats et 700 chiens qui transitent par l’APA avant de trouver une nouvelle famille.

"La majorité des enquêtes révèlent de véritables mauvais traitements"

L’APA, c’est aussi plus de 200 enquêtes par an sur des dénonciations ou des constats de maltraitances : « La directrice gère ça elle-même, c’est compliqué, il faut les forces de l’ordre, il faut se rendre chez les gens, il y a des questions de droit de propriété privée… N’importe qui ne peut pas faire une enquête de mauvais traitements, surtout qu’on va récupérer un animal donc il y a de fortes chances que ça se passe mal. La plupart du temps c’est sur dénonciation. On se rend sur place pour faire un constat. Parfois, les gens vont un peu trop vite mais malheureusement ce n’est pas la majorité. La majorité des enquêtes révèlent de véritables mauvais traitements. Vous voyez des chiens affamés, vous voyez des gens qui ont le syndrome de Noé, c’est-à-dire qu’ils veulent accueillir tous les animaux de la Terre, sauf qu’à un moment ils n’y arrivent plus. Ils ne stérilisent pas, ne soignent pas, ne vaccinent pas. Les animaux sont mal nourris, sales, pleins de maladies », raconte le président. Les formulaires de dénonciation ne sont pas anonymisés, cependant l’association ne révèle pas l’identité de ses sources.

 "On a accueilli 26 chiens d’un coup une fois"

Ce syndrome donne parfois lieu à des situations compliquées pour l’APA : « On a accueilli 26 chiens d’un coup une fois. C’étaient des chiens de chasse que la personne gardait et faisait reproduire. A un moment, il n’y arrivait pas. Les chiens maigrissaient, ils étaient sales. Il y a eu un appel, les gens sont venus, il y a eu une négociation intelligente. La personne disait « Je ne peux pas perdre tous mes animaux ». On lui a laissé 3 ou 4 chiens qu’il voulait garder parce qu’ils n’étaient pas en mauvais état et qu’il pouvait s’en occuper. Bien sûr que ça peut recommencer et qu’il faudra suivre la situation », raconte le président Roman

Derrière la maltraitance, des "drames humains"

Pour lui, la maltraitance est, le plus souvent une affaire involontaire : « C’est ce genre de drames humains qu’on voit en premier lieu, pas de la méchanceté profonde. La vraie vie c’est beaucoup de personnes qui ne savent pas s’en occuper, qui les traitent mal, qui les laissent l’été sur le balcon… On a eu un coup de fil la semaine dernière pour un monsieur qui est en prison et son chat est resté enfermé chez lui. Ce sont des situations humaines et personnelles, des personnes âgées qui rentrent en EHPAD, qui ont des chats ou des chiens. Que ce soit l’huissier, dans le cas d’expulsion, les forces de l’ordre, les personnels de santé, appellent l’APA pour récupérer les animaux. Il y a des cas où la personne est tout simplement dans l’incapacité de s’occuper de son animal », décrit Roman Ferrer.

Des cas de maltraitance sévères

Pourtant, parfois, les bénévoles sont confrontés à des histoires difficiles : « On a eu une chienne qui est arrivée, elle avait toujours eu le même collier avec une chaîne. A force, la peau recouvrait la chaîne, dans les chairs. Elle était attachée toute sa vie, elle n’a jamais changé de chaîne, on lui jetait de l’eau et un morceau de pain. Elle était dans un état cadavérique, cette jeune chienne de chasse. Le vétérinaire a été obligé de découper les chairs autour du cou pour sortir la chaîne rouillée. Il a fallu 15 jours à 3 semaines pour que cette chienne retrouve son état normal. Finalement cette histoire a une belle fin puisqu’elle a été adoptée et est maintenant en bonne santé », se souvient Roman Ferrer.

Toutes les histoires ne connaissent pas une fin aussi heureuse. Un autre cas a profondément marqué le président de l'APA : « On a récupéré un chien qui avait passé sa vie sous une tôle, dans ses excréments, il n’est jamais sorti. Eté, hiver, il ne voyait personne, il avait un bout de chaîne… On est allé le chercher, il avait des bourres collées de partout, c’était irregardable comme spectacle. Il était d’une douceur, d’une gentillesse… Il n’avait jamais vu l’homme, en dehors du méchant qui lui jetait à manger. Il était trop vieux et trop affecté physiquement, les vétérinaires savaient qu’il ne s’en sortirait pas. Les filles l’ont récupéré et elles ne l’ont pas mis dans un box, elles l’ont gardé auprès d’elles dans la cuisine, pour qu’il ait de la chaleur humaine avant de mourir, des soins, des personnes qui le caressent et de la bonne nourriture ». 

« On a aussi des gens extraordinaires à l’extérieur »

Heureusement, si l’APA existe, c’est surtout pour trouver des familles aimantes à ces animaux malchanceux : « On a aussi des gens extraordinaires à l’extérieur », se félicite Roman. « On a des chiens qui sont très malades et on trouve des familles d’accueil pour les récupérer en fin de vie. Vous savez ce que c’est que de s’occuper d’un animal en fin de vie ? C’est très difficile, pourtant, les gens les amènent chez eux et disent « Même si ça dure 1 mois, même si ça dure 2 mois, il aura un foyer chaud et aimant », je trouve ça extraordinaire. On a eu Picasso, un chien aveugle qui agressait les chats. Quand il rentrait dans une maison, qu’il sentait le chat, il se jetait partout. Il fallait qu’il attrape ce chat qu’il ne voyait pas. C’était un épagneul de 13 ans, vous imaginez un peu les dégâts, ça met une révolution dans une maison. Eh bien des gens l’ont pris. Ils savaient que c’était un chien difficile, qu’il ne fallait pas de chat. Picasso est encore chez ces personnes et il va bien. » De belles histoires d'animaux aimés que l'APA partage également sur son compte Facebook :

Des adoptions réussies

Parfois, l’arrivée d’un bébé bouleverse également l’équilibre familial : « On avait un cane corso qui a passé 5 ans dans un foyer, très bien dressé, un chien de famille. Sauf que le bébé arrivait, les jeunes ont eu peur et l’ont ramené à l’APA. Si vous aviez vu l’état de désolation de cet animal, il ne comprenait pas. Il n’acceptait pas de rester seul, il avait cette psychose de l’abandon. Il fallait qu’il dorme avec les personnes, qu’il soit tout le temps avec elles, il ne supportait pas sinon. Des gens l’ont ramené une première fois, puis c’est un couple de retraités qui l’a pris, dans une maison au bord d’un bois. Il est là-bas, dans son grand terrain, il garde la maison car c’est d’abord un chien de garde. Les dernières nouvelles que j’ai eues datent de la fête du village où le maître a dit à un des salariés : « Je ne reste pas, j’ai le chien tout seul ! ». C’est une très belle histoire », décrit Roman Ferrer.

"On ne peut pas rester de marbre, ce n’est pas possible"

Au total, l’association reçoit quelque 50 demandes de bénévolat chaque mois, une « appétence » pour le bien-être animal qui réjouit le président. Il alerte cependant sur la difficulté psychologique : « On ne peut pas rester insensible à ça. Quand on traverse le chenil, on a 90 chiens en cage qui nous supplient, qui veulent partir, bouger, on ne peut pas rester de marbre, ce n’est pas possible. Il y a des personnes qui n’arrivent pas à finir le tour, qui se mettent à pleurer. » Il invite les bénévoles à voir « le bien-être et l’utilité » apportée à chaque animal sans vouloir les sauver tous. « Jusqu’à récemment, il fallait faire pleurer dans les chaumières pour faire adopter, et on adoptait le plus batard, le plus malheureux. Ça a ses limites, car il faut trouver des gens exceptionnels, qui ont une sorte de dévotion », indique Roman Ferrer. Il souhaite désormais valoriser les chiens à adopter : bon dressage, affection, sociabilité… L’objectif est de montrer que l’adoption peut être un processus aussi simple qu’acheter un animal, à condition de s’assurer que le placement est bon et que chien et maître sont faits pour s’entendre.

Les différentes missions de l'APA
  • Une mission de fourrière

L’APA compte un peu plus de 700 adhérents et 15 salariés : directrice, directrice adjointe, deux vétérinaires, une secrétaire et des soignants. Ses missions de protection animale concernent la totalité du Puy-de-Dôme. L’association ne s’occupe que des chiens et des chats, et pas des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), car elle n’a pas cette homologation. « L’APA a une mission de fourrière. Quand un chien divague dans une commune, le maire le capture, souvent sur dénonciation des habitants, et l’emmène chez nous. Là, il rentre dans un processus de fourrière. Il est gardé une dizaine de jours, testé sanitairement. Le délai légal pour le réclamer est de 10 jours. Après, il passe au statut d’animal à adopter ou à soigner suivant l’état dans lequel il se trouve. Il est stérilisé, vacciné, puis mis à l’adoption sur le site de placement », détaille Roman Ferrer.

  • Placer les animaux

La deuxième mission de l’APA : trouver un foyer à ces animaux maltraités ou abandonnés : « On les place, on ne les vend pas. Nous sommes tout sauf une animalerie. La nuance est importante, parce qu’on le place avec le droit de le récupérer. Si vous adoptez un animal, dans un an, on peut passer chez vous voir s’il va bien. Comme on a passé un contrat de placement, en cas de maltraitances constatées, on peut récupérer l’animal. On a le droit de refuser aussi à certaines personnes, je pense par exemple aux gens qui ne sont pas conscients de la dangerosité de l’animal. Un couple avec un jeune enfant qui n’a jamais eu de chien, on ne lui placera pas un malinois ou un staff, des animaux de mordant, difficiles. Economiquement ça vaudrait le coup mais on n’est pas un commerce », affirme Roman. L’association a également une mission de recueil des animaux morts et d’équarrissage.

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