Puy-de-Dôme : comment Michelin a conquis le marché mondial du pneu

Créée au début du 20ème siècle par les frères André et Edouard, la Manufacture Michelin  est devenue prés de 100 ans plus tard le n°1 mondial du pneumatique. Une aventure industrielle qui a marqué l’histoire et s’oriente désormais vers de nouveaux domaines.

Tout a commencé en 1889, quand les deux frères André et Edouard Michelin rachètent une petite entreprise de caoutchouc et de matériel agricole au bord de la faillite. Dans ce qui est devenu le siège d’une multinationale, le platane planté à cette époque est un symbole de la durée et de l’attachement à Clermont-Ferrand et au Puy-de-Dôme. Lors d’une des dernières assemblées générales à laquelle il participait, François Michelin déclarait à la tribune : "Mon grand-père m’a dit : avec des hommes comme ça, on peut faire de grandes choses. Eh bien, nous y sommes ! Les racines auvergnates de Clermont se sont répandues dans le monde entier !"

Exposé à l’Aventure Michelin, le musée qui retrace l’histoire de cette saga industrielle, un pneu de vélo figure en bonne place. "C’est très symbolique" explique Stéphane Nicolas, le responsable du patrimoine "car c’est le premier produit que Michelin va faire dans le domaine du pneumatique. En 1889, lorsque les frères Michelin reprennent cette petite entreprise, ils vont s’apercevoir que le vélo rencontre un grand succès populaire et ils vont vouloir améliorer le pneu pour le rendre plus facile et plus rapide à réparer. Grâce à cette innovation, n’importe qui n’importe où va pouvoir le faire".

L’innovation et la compétition

"André dit alors à Edouard : "maintenant il faut le faire connaître" et ils vont s’engager dans la course Paris-Brest-Paris, 1200 kilomètres aller-retour en convainquant Charles Terront de courir avec ce pneu démontable. A la mi-course, André Michelin fait le pari de la victoire et fait, en urgence, imprimer des prospectus pour faire la promotion de ce pneu démontable". Il les distribuera sur la ligne d'arrivée alors que Terront, que l’on présente aujourd’hui comme la première star française du cyclisme, gagne avec 8 heures d’avance sur le second.

"L’innovation et la recherche en permanence du progrès pour le client, c’était l’obsession des fondateurs de l’entreprise. Elle a su s’adapter pendant deux guerres mondiales pour faire d’autres produits comme des avions Breguet" explique Yves Chapot, directeur administratif et financier du groupe. Une culture largement partagée par les ingénieurs, l’invention de la 2 chevaux par Pierre Boulanger en est un exemple qui a lui aussi connu une diffusion planétaire.

Michelin c’est à la fois la maîtrise de l’innovation et de l’art publicitaire

Bibendum, élu meilleur logo du siècle en 2000 est le porte-drapeau de tous ces objets inventés pour faciliter la vie du voyageur : les cartes, guides, panneaux indicateurs… avec une modernité qui peut nous surprendre aujourd’hui : "Dans le guide de 1902, on mentionne les dépôts de pétrole mais aussi les endroits où l’on peut faire recharger les accus pour les voitures électriques" précise Stéphane Nicolas. La Jamais-contente de l’ingénieur Camille Jenatzy, première voiture à dépasser les 100 kilomètres et équipée de 4 pneus Michelin, est alors porteuse de beaucoup d’espoirs.

Une histoire industrielle et familiale qui s’étend sur plus de 130 ans. Intervenants : Stéphane Nicolas, Responsable du patrimoine Michelin ; François Michelin ; Pierre Gabriel Gonzalez, journaliste ; Edouard Michelin ; Florent Menegaux, Président de Michelin. Reportage : J.L. Roussilhe, A.C. Huet, A. Jais, G. Malfray

"Les frères Michelin se mettaient toujours à la place du client, essayant d’imaginer ce que va être le besoin du client et comment on va lui faciliter la vie. Plus de kilomètres, moins d’énergie dépensée, une réparation facilitée, une carte plus lisible, un guide qui sélectionne les bonnes adresses" voilà certaines clés de la réussite selon Stéphane Nicolas.

Une entreprise et sa ville

Dans les années 70, le développement à l’international avec le pneu radial va permettre à l’entreprise de passer du 10ème au premier rang mondial et compter jusqu’à 130 000 salariés.

A Clermont-Ferrand, les effectifs ont grimpé jusqu’à 28 000 personnes. Mais ils sont aujourd’hui un peu moins de 10 000 dans les usines, au siège ou au centre de recherche de Ladoux.  Après la disparition tragique d'Edouard puis de François Michelin, la famille n’est plus à la tête de l’entreprise. "Dans l’esprit des Clermontois ça change beaucoup de choses. Je pense qu’ils n’aspirent qu’à une chose, c’est qu'un Michelin vienne à nouveau à la direction de l’entreprise" dit le journaliste Pierre-Gabriel Gonzalez. "Il y a une vraie relation d’amour familial qui reste avec la famille Michelin. On a pu le constater au décès d’Edouard et de François Michelin. Il y a une relation qui reste très forte avec une entreprise où des milliers de Clermontois ont travaillé, et très peu s’en disent mécontents".

Visions d’avenir

"Les deux frères Michelin ont inventé la mobilité comme on l’exprime aujourd’hui, ils ont inventé la route…" estime Pierre-Gabriel Gonzalez. "A l’époque on sortait des grands chemins royaux, le chemin de fer avait révolutionné les transports, l’automobile l’avait fait une nouvelle fois au début du 20ème siècle. Quand le cheval a disparu, l’automobile s’est imposée grâce au pneumatique".

Avec Florent Menegaux à sa tête, le groupe vient de prendre un nouveau virage stratégique : en 2030 les ventes de pneus ne constitueront plus que 70 % du chiffre d’affaires, la mobilité hydrogène, le secteur médical ou l’impression 3 D seront les nouveaux leviers de croissance. Ainsi 132 ans après sa création, Michelin prépare toujours la mobilité de demain. "Michelin c’est une entreprise qui veut être très durable dans le futur, cela veut dire une meilleure répartition nos objectifs" explique Yves Chapot pour qui "20 à 30% de notre chiffre d’affaires qui serait réalisé en dehors du pneumatique, c’est une manière de déployer les savoir-faire de Michelin en dehors du pneumatique. Pour décarboner la mobilité, l’électrification est un must. On peut passer soit par la batterie, soit par une pile à combustible. Nous croyons à l’hydrogène, notamment pour les fortes charges, poids-lourds et bus et sur les longues distances".

 

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