La réforme des retraites semble avoir donné un regain de vitalité aux organisations syndicales. A Clermont-Ferrand, après cinq manifestations depuis janvier, les syndicats n’ont qu’une date en tête, celle du 7 mars, avec un objectif, celui de « mettre le pays à l’arrêt ».
A Clermont-Ferrand, l’intersyndicale fait bloc contre la réforme des retraites. Depuis le mois de janvier, la capitale auvergnate a connu 5 manifestations, avec comme point d’orgue, la mobilisation du samedi 11 février qui a rassemblé 50 000 personnes selon la CGT, 8 000 selon la préfecture. Les 11 organisations syndicales locales qui ont appelé à défiler ont toujours le même mot d’ordre : le retrait du projet de réforme des retraites. Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme, explique : « L’état d’esprit des salariés est la colère, à cause du projet de réforme des retraites, qui est injuste, injustifiable et injustifié, comme on le répète à l’envi. Mais c’est aussi la colère du fait de la surdité du gouvernement. On a un gouvernement qui est minoritaire sur son projet, qui n’a pas réussi à le faire voter à l’Assemblée nationale et qui aujourd’hui s’entête de manière forcenée sur cette réforme. Cette réforme a pour conséquence deux ans ferme pour tous, deux ans de vie volée pour tous ».
"Nous allons mettre le pays à l’arrêt dès le 7 mars"
Le syndicaliste s’avoue galvanisé par la mobilisation des manifestants à Clermont-Ferrand, à plusieurs reprises : « Cela nous conforte absolument et totalement. On a réuni des dizaines et des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Clermont-Ferrand à plusieurs occasions, y compris dans des périodes pas faciles comme la semaine dernière, du fait des congés scolaires. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, se sont mises en grève. Aujourd’hui, tant au niveau national qu’au niveau local, il faut durcir le mouvement. Le responsable est le gouvernement qui refuse d’entendre cette contestation populaire. Nous allons mettre le pays à l’arrêt dès le 7 mars ». Frédéric Bochard précise son objectif : « Mettre le pays à l’arrêt signifie faire une grève interprofessionnelle, pour faire en sorte que dans tous les secteurs d’activité il y ait des débrayages, des piquets de grève. Cela signifie que tous ensemble nous allions manifester à 10 heures, place du 1er Mai, à Clermont-Ferrand, pour exiger le retrait de la réforme Macron-Borne-Dussopt ».
Différents secteurs mobilisés
Le secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme s’attend à une forte mobilisation dans la rue, en touchant de nombreux secteurs : « Il y a des appels à la grève de tous les côtés. On en a dans la métallurgie, dans la grande distribution, dans les transports, dans toute la fonction publique, en partie chez les territoriaux. Il y aura aussi une mobilisation dans l’Education nationale, dans la santé, dans les finances publiques. Tous les secteurs sont impactés. Les salariés des remontées mécaniques dans le massif du Sancy vont aussi se mettre en grève, à compter du 7 mars. Quand on connaît la situation de ces salariés précaires, on comprend leur détermination et leur exaspération ». Frédéric Bochard n’exclut pas une prolongation du mouvement, au-delà du 7 mars : « Tout dépend du gouvernement. Si le 7 mars au soir, le gouvernement revient à la raison et retire son projet, dans ce cas-là, il n’y a aucune raison de continuer. Mais s’il persiste de manière forcenée dans son projet injuste et brutal, nous continuerons et nous appellerons à la poursuite de la mobilisation. Le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette réforme impacte davantage les femmes et a des conséquences désastreuses pour elles. Le ministre Franck Riester le reconnaît lui-même. Personne au gouvernement n’ose prétendre le contraire. De fait, nous allons mettre l’accent ce jour-là, le 8 mars, sur les conséquences de la réforme pour les femmes, dans le cadre d’une grève prolongée et reconductible ».
"Le niveau de conviction est atteint"
Avant le 7 mars, le syndicaliste espère encore rassembler : « Je crois que le cap est franchi. Le niveau de conviction est atteint. De 80 à 90 % des salariés considèrent que cette réforme est injuste. La majorité de la population considère que la réforme est injuste. Maintenant, c’est par les réunions, les assemblées générales, les heures d’information syndicale qu’on va continuer la mobilisation. C’est aussi par le tractage sur des ronds-points, sur les marchés qu’on va poursuivre l’information et préparer le 7 mars et sa suite ».
Selon un sondage Ipsos Sopra Steria pour franceinfo et France Télévisions du 2 février, environ sept personnes interrogées sur dix « soutiennent » les mobilisations (72%) et les grèves (69%).