Réseau de proxénétisme chinois : des interpellations à Clermont-Ferrand, Sens et en région parisienne

Lundi 12 décembre, la police a interpellé 9 personnes en région parisienne, à Sens dans l’Yonne et à Clermont-Ferrand. Appartenant à la communauté chinoise, elles sont soupçonnées d’appartenir à un vaste réseau de proxénétisme. L’enquête avait démarré en 2021.

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Neuf personnes ont été interpellées la semaine dernière dans le cadre d’une opération visant à démanteler un réseau de proxénétisme aggravé en bande organisée. Il s’agit de cinq femmes et de quatre hommes, âgés de 35 à 50 ans. Les interpellations ont eu lieu à leurs domiciles en région parisienne et à Sens dans l’Yonne et à Clermont-Ferrand, deux lieux de prostitution. Lenaïg Le Bail, commissaire divisionnaire et chef de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), raconte : « Le réseau était basé en région parisienne mais les proxénètes exploitaient les victimes en mode « sex-tour » : ils faisaient faire aux victimes un véritable tour de France, en les déplaçant d’une ville à une autre, en les exploitant quelques jours dans chaque ville. On avait détecté qu’un des lieux de prostitution utilisé au moment de l’opération était à Clermont-Ferrand. C’est là qu’on a procédé à une des interpellations ». Les proxénètes sont issus de la communauté chinoise. 

Une enquête commencée il y a 2 ans

L’enquête a démarré à la suite du dépôt de plainte d’une des victimes qui avait subi des violences très graves de la part de sa proxénète, en 2021. L’enquête avait été initiée sous l’autorité du parquet de Toulon puis ce dernier s’est dessaisi au profit du parquet de Bobigny. La commissaire divisionnaire détaille le mode opératoire du réseau : « Les proxénètes agissaient en utilisant une forme très dématérialisée, avec des prestations de moins en moins pratiquées sur la voie publique. On parle de prostitution logée, dans des hôtels ou dans des locations d’appartements de courte durée. Les victimes sont recrutées en ligne, souvent par les réseaux sociaux. Ensuite, le réseau diffuse des annonces proposant des prestations sexuelles tarifées. Le réseau organise la gestion des clients, en se mettant d’accord sur le type, le temps et les tarifs de la prestation. Il loue des lieux qui vont servir à pratiquer les prestations sexuelles, en général quelques jours dans une ville. Les victimes sont transférées sur le territoire français ».

Des victimes invisibilisées

Ce mode opératoire a de lourdes conséquences pour les victimes : « Cela invisibilise les victimes, qui ne sont plus sur la voie publique et qui ne sont plus accessibles par les associations d’aide aux victimes. Cela accentue l’emprise du réseau car on a une pression mise sur les victimes via des messageries cryptées. Le réseau organise l’agenda des victimes au quotidien. Dans ce réseau, en général, un proxénète se déplaçait avec la victime, à la fois sous prétexte d’assurer sa sécurité mais aussi pour contrôler son activité ». La police judiciaire n’a pas encore évalué le nombre total de victimes. Lenaïg Le Bail indique : « On n’a pas fini de faire la comptabilisation car il nous reste un certain nombre d’éléments à exploiter dans le dossier. Pendant l’opération, on a identifié 4 victimes en cours d’exploitation par le réseau. On pense que potentiellement, cela pouvait aller jusqu’à une dizaine de victimes exploitées de façon simultanée. On ne connaît pas la date de début d’exploitation des victimes. Il peut aussi y avoir turn-over dans les victimes ». 

Un blanchiment organisé

Les proxénètes ont pu organiser le blanchiment de leur activité criminelle : « Il y a une spécificité liée à la communauté chinoise et mise en œuvre dans cette affaire. Le réseau avait recours à des shoppers, des intermédiaires qui blanchissent l’argent du réseau, en récupérant l’argent en liquide, en le transférant à des contacts en Chine. Avec l’argent liquide, ils achètent des biens de luxe en France, qui sont ensuite revendus en Chine ». Les shoppers interpellés sont âgés d’une vingtaine d’années. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont trouvé des biens de luxe d’une valeur estimées à 240 000 euros. Il s’agissait de bijoux, de sacs à main, de montres et de vêtements. De l’argent sur des comptes bancaires a aussi été saisi. Les neufs individus interpellés ont été présentés au magistrat instructeur chargé du dossier, au tribunal de Bobigny. Ils ont tous été mis en examen et placés en détention provisoire. 

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