Dans un monde où la technologie est de plus en plus avancée, le numérique devient une source importante de pollution. Pourtant, grâce à quelques gestes simples, chacun peut limiter son impact environnemental. Voici quelques recommandations.
C’est une pollution invisible et qui pourtant est de plus en plus présente. Chaque jour, en utilisant nos smartphones, télévisions, ordinateurs ainsi que tous nos appareils numériques, nous polluons sans nous en rendre compte. Cependant, quelques gestes peuvent permettre de réduire cette pollution. Yoan De Macedo, développeur près de Clermont-Ferrand, est très sensible à l’impact environnemental du numérique : « Dans mon métier, j’essaye de faire des choses les moins gourmandes en ressources possibles, dans la façon dont je développe les outils. » Voici ses conseils pour limiter la pollution liée au numérique.
Selon Yoan De Macedo, le plus important est le matériel : « On peut faire ce qu’on veut, si on change son téléphone portable tous les ans, c’est comme si on ne faisait rien ! » Selon lui, la fabrication des appareils est la plus importante source de pollution, bien devant l’utilisation d’énergie. « Ce n’est pas le virtuel qui a le plus grand impact environnemental, c’est surtout le matériel : les machines pour faire les forages miniers, la pollution de l’eau liée aux mines…Toute la partie serveurs et datacenters a un impact plus faible que le matériel dont on dispose chez nous. »
Acheter du matériel solide et réparable
Son premier conseil est donc de garder son matériel numérique le plus longtemps possible : « Dans la mesure du possible, il vaut mieux acheter des marques et des appareils facilement réparables. Certains constructeurs créent des appareils qui se démontent facilement, avec des pièces détachées accessibles. Il y en a de plus en plus. » Il recommande de regarder l’indice de réparabilité, une note sur 10 obligatoirement mentionnée sur les appareils et qui permet de se tourner vers quelque chose qui se répare facilement : « Il vaut mieux investir dans du matériel de qualité si c’est possible. C’est un investissement conséquent au départ, mais si on peut se le permettre, cela fait aussi des économies financières car on n’est pas obligé de changer aussi souvent d’appareil. Financièrement et écologiquement, il vaut mieux acheter un ordinateur plus cher et le garder 10 ans que de changer tous les 2 ou 3 ans. »
Ne pas céder aux fluctuations de la mode
Yoan De Macedo recommande de ne pas céder au marketing et de ne pas changer trop souvent son téléphone par exemple. Il nuance cependant : « Certains constructeurs poussent les utilisateurs à acheter un nouveau produit grâce à l’obsolescence logicielle : téléphones et ordinateurs deviennent plus lents, souvent après une mise à jour, pour pousser les consommateurs à racheter un nouveau téléphone ou un nouvel ordinateur. Il y a des associations qui tentent de lutter contre cela. Ça bouge mais c’est long. Par exemple, une association souhaiterait forcer les fabricants à séparer les mises à jour de sécurité et corrigeant les bugs des nouveautés, pour garder l’appareil plus longtemps ».
Préserver sa batterie
Les batteries ont besoin d’être utilisées : « Si on a un ordinateur portable à la maison ou au bureau, on a tendance à le laisser branché sur le secteur, mais il faut le débrancher un peu. On croit préserver les batteries, mais ne pas les utiliser les use. » Il ne faut donc pas laisser son ordinateur branché tout le temps, mais « il ne faut pas non plus vider complètement la batterie et la charger complètement à chaque fois, cela les use », nuance Yoan De Macedo.
Rajouter de l’espace de stockage
Il ne faut pas changer d’ordinateur quand il n’y a plus de place : « On peut changer le disque dur de l’ordinateur ou rajouter un disque dur externe », explique le développeur.
Protéger ses appareils
Yoan De Macedo recommande également d’avoir une housse pour son ordinateur, ou bien une coque pour son téléphone. « Il faut protéger le mieux possible son matériel et surtout protéger l’écran ».
Penser à recycler
Si malgré nos précautions, notre appareil ne marche plus, Yoan De Macedo recommande de les ramener dans les points de collecte. « Recycler ses appareils permet de récupérer et réutiliser les métaux, ou amener de l’informatique dans les pays où c’est peu accessible. »
Baisser la qualité des vidéos
Même si l’impact de l’utilisation des appareils numériques est plus faible que celui de leur conception, certaines habitudes peuvent permettre de réduire sa pollution numérique. Par exemple, Yoan De Macedo indique que le streaming est très gourmand en énergie : il représente la majorité des données qui circulent sur Internet, quasiment les ¾ de la bande passante. Ainsi, en réduisant son utilisation ou en baissant la qualité des vidéos « si l’outil le permet », on peut « télécharger moins de données ».
Se connecter en WiFi quand c’est possible
Yoan De Macedo recommande de se connecter au WiFi au travail ou à la maison « car l’impact de la 4G ou 5G est plus important ».
Débrancher et éteindre les appareils
Il conseille de débrancher sa box la nuit si cela est possible et de mettre en veille ou éteindre l’appareil quand on ne s’en sert pas.
Choisir des écrans plats moins grands
Il faut également privilégier les écrans qui ne sont pas trop grands pour la télévision, afin de baisser sa consommation.
Trier ses mails et ses photos
Trier ses mails et faire le ménage sur son Cloud peut également être bénéfique : « Comme c’est en ligne, on ne se rend pas forcément compte de l’espace que ça prend. Les datacenters sont les centres où se trouvent les serveurs où sont stockées les données. Plus on va stocker, plus il faut d’espace sur les disques durs, plus il y a besoin de matériel », explique-t-il.
Yoan De Macedo alerte sur l’urgence à avoir une consommation numérique plus écoresponsable. Il précise : « Un petit geste n’est pas anodin même s’il vaut mieux privilégier les efforts du côté du matériel. Avec l’utilisation, le renouvellement et la fabrication du numérique, au rythme auquel on va, dans 1 à 2 générations, on n’aura plus assez de ressources minières pour tout fabriquer. Ça fait peur. » Selon Green It, à l’échelle planétaire, en 2019, le numérique était constitué de 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateurs. La masse de cet univers numérique atteint 223 millions de tonnes, soit l’équivalent de 179 millions de voitures (5 fois le parc automobile français).