Sur les canaux, les bateaux laissés à l'abandon polluent et coûtent cher à la Région

Des dizaines de bateaux abandonnés par leurs propriétaires jonchent les canaux de Bretagne. Le Conseil régional vient de faire enlever la 101e épave. Sur ces axes de navigation de plus en plus prisés, elles représentent non seulement une pollution difficile à enrayer mais aussi un coût qui grève le budget de la collectivité.

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Parsemée de taches de mousse verte, le pont recouvert de vase, la carcasse gît depuis plusieurs années à Montertelot (Morbihan) sur l'Oust, un cadre remarquable situé sur l'itinéraire du canal de Nantes à Brest, prisé par les adeptes du tourisme vert. Ce voilier d’environ 8 mètres de long a depuis longtemps perdu voile et mât.

Autrefois, il a navigué en mer mais après une seconde vie sur les canaux, le Trebor 2 flotte à peine. Voilà des années qu'il encombre l'Oust, à demi-immergé, sa coque de bois remplie d'eau et de vase.

"Il y a quelques années, le propriétaire s’en servait, se souvient Nellie Jolivet, maire de Montertelot. Mais depuis trois-quatre ans, le bateau se dégrade. C'est toujours embêtant d'avoir ce genre de bateau pour l'image du canal", regrette encore l'édile. 

101e épave retirée

Ce bateau est le 101e que la Région Bretagne fait enlever en cinq ans. Depuis 2019, la collectivité sort nombre d'épaves du domaine fluvial dont elle a, seule, la charge. La Bretagne est la seule région propriétaire de ses canaux (600 km de voies navigables de Brest à Redon, de Lorient à Pontivy et d’Arzal à Saint-Malo). 

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"On a 70 bateaux de location autour de Redon et donc on doit garder des quais", explique Véronique Véron, cheffe du service valorisation touristique et développement durable.

Or depuis 2019, la Région constate un nombre croissant de bateaux laissés à l'abandon. C'est à cette époque qu'une stratégie de nettoyage des canaux a été décidée et que les épaves ont commencé à être enlevées.

Quand un bateau a séjourné longtemps dans l'eau, on ne sait jamais dans quel état il est.

Gaëtan Leroux

Maître d'oeuvre

Pour le Trébor 2, la Région et la mairie ont d’abord cherché à joindre le propriétaire. Faute de réponse aux diverses sollicitations, son retrait a finalement été décidé.

L’opération est délicate. "Quand un bateau a séjourné longtemps dans l'eau, c'est la surprise à chaque fois. On ne sait jamais dans quel état il est. On tâtonne... mais on trouve toujours une solution", raconte Gaëtan Leroux, le maître d'oeuvre. Pour le Trébor 2, il lui aura fallu d'abord vider l'eau qui stagnait dans la coque avant de la hisser sur la plateforme d'une grande remorque de camion et la convoyer vers un centre de déconstruction agréé pour bateaux de plaisance à Saint-Nicolas de Redon.

Un nettoyage à 140 000 euros

Coût de l'opération du jour : 1.500 euros hors taxes payés par le Conseil régional. "Grâce à notre service juridique, on peut ensuite se retourner vers le propriétaire et réclamer une partie du remboursement. Mais en général, le bateau est assez à l'image de son propriétaire et ce n'est pas évident que l'on parvienne à recouvrir un jour les euros avancés", se désole Véronique Véron.

Depuis 2019 et le début de ce « nettoyage », la Région Bretagne a ainsi dépensé 140.000 euros. 

Beaucoup de ces épaves sont en résine ou d'autres matériaux composites difficiles à recycler si bien qu'ils finissent souvent en enfouis. Le Trebor 2, qui est en bois, va plutôt être déconstruit et transformé en bois de chauffage.

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