Les fonds marins sont tapissés d'épaves de bateaux, surtout le long des côtes bretonnes. Des plongeurs, souvent amateurs, les explorent et tentent de retracer leur funeste issue. Et si on fouille encore des épaves de bateaux, c'est qu'elles ont beaucoup à nous apprendre.
[Article et vidéo précédemment publiée en juin 2020]
Le chiffre paraît surréaliste : au moins 14 000 épaves gisent le long des côtes de l'océan Atlantique et de la Manche. Le décompte est tenu par la très sérieuse Société d'Archéologie et de Mémoire Maritime (Samm), basée dans le Finistère. Des épaves de toutes les époques, de toutes les tailles. Certaines sont clairement identifiées, d'autres demeurent mystérieuses.
Des plongées avec des surprises au fond
L'archéologie sous-marine fait rêver et ravive le mythe du trésor enfoui depuis des siècles et sorti du fond de l'eau. Et c'est vrai que les surprises guettent les plongeurs-archéologues à chacune de leurs sorties. Comme le jour où fut découverte sur la chaussée de Sein, l'épave d'un bâtiment de guerre coulé dans la rade de Brest : il avait sûrement dérivé en limite de flottaison, et n'était pas où on le cherchait depuis des années.
Les recherches de l'épave de la Cordelière
Autre recherche, pour l'heure infructueuse, mais tellement plus importante, celle de la Cordelière, au large de Brest, mené par le Drassm (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines du Ministère de la Culture). Le navire amiral d'Anne de Bretagne et son ennemi anglais Le Regent, coulés tous deux en 1512, mobilisent beaucoup d'énergie et des moyens exceptionnels de l'État, depuis plusieurs années.
Pourquoi toutes ces recherches ?
Les épaves recèlent des informations primordiales sur l'architecture navale, les techniques, les modes de vie, le commerce ou la guerre en mer. Contrairement à l'archéologie « terrestre », confrontée aux destructions ou aux différentes strates de reconstruction, sous l'eau, seuls le temps et la nature altèrent les marques de l'histoire. L'homme n'a généralement pas détruit ces informations utiles aux historiens. Comme le rappelle Olivia Hulot, archéologue au Drassm, les épaves se sont comme "des capsules de temps immortalisées au fond".