TEMOIGNAGE. Eleveur de salers de père en fils : "Je tiens grâce à l’envie, l’amour du métier, ma passion pour mes vaches"

Comme son père avant lui, comme son fils demain, Pierre élève des vaches salers. C'est avec son taureau Soulou, véritable bête de concours, qu'il a quitté son Cantal pour le Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand. L'occasion pour lui de partager son amour du métier et de cette vache si chère à son cœur.

Dans les allées du Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, la première journée touche à sa fin. Près des vaches salers, des éleveurs du Cantal rient à gorge déployée. Parmi eux, Pierre Raboisson, venu tout droit de Saint-Etienne-de-Chomeil, n’est pas en reste. Cet agriculteur de salers a les dents du bonheur. Le bonheur d’être éleveur : « Je fais ce métier depuis 2002. C’est un métier de passion, avec beaucoup de sacrifices. Je tiens grâce à l’envie, l’amour du métier, ma passion pour mes vaches. C’est un tout qui fait que je continue ». Agé de 45 ans, il est l’héritier d’une dynastie d’éleveurs. Il raconte : « Mes parents étaient eux-mêmes éleveurs. J’ai repris le flambeau. Depuis que je marche, j’ai grandi au milieu des troupeaux. J’ai toujours baigné là-dedans. Je suis fier car mon fils Maxence arrive derrière aussi, il a 18 ans. Il est en formation en BTS en lycée agricole ».

" Dans le Cantal, la vache c’est la salers !"

Casquette vissée sur la tête, polo portant les couleurs de la vache salers, jeans, Pierre est un passionné. Il a quitté son élevage de 80 bêtes pour que Soulou, son taureau participe au concours. L’animal porte le nom d’un petit ruisseau qui passe dans son village : « Soulou c’est mon champion ! Il y a trois semaines, il a participé au concours national de salers et il a fini premier. Après sa performance au concours national, j’espère vendre ses veaux, ses futures génisses. C’est un taureau qui est né chez moi. Comme je suis le propriétaire et le naisseur, c’est une belle vitrine pour moi. Il vit dans les prairies. Il passe cinq mois l’hiver au chaud. Dès le printemps prochain, il fera son boulot de taureau : c’est un reproducteur ». Agé de deux ans, 940 kilos de muscle, une belle robe acajou et les fameuses cornes en forme de lyre, Soulou ne passe pas inaperçu. Pierre n’aurait pas pu élever une autre race de vache : « Dans le Cantal, la vache c’est la salers ! J’ai toujours baigné dedans. Je ne me serai pas vu avec une autre race. Elle est différente des autres par sa couleur, sa morphologie, ses cornes ».

Cet habitué du Sommet apprécie le rendez-vous : « C’est un événement incontournable pour se faire un peu de publicité, pour vendre plus tard des veaux ou des génisses. Je viens pour faire des affaires. Mais aujourd’hui je n’en ai pas fait. Demain sera un autre jour. On est là pour se montrer, pour se comparer aux autres, pour voir si on a la bonne génétique ». Mais Pierre n’est pas à Clermont-Ferrand que pour le business : « Je suis venu avec des copains éleveurs. Le Sommet c’est aussi la fête. Il faut qu’il y ait le travail et la fête le soir ! On a loué un camping-car et on est quatre éleveurs ».

"Je travaille 7 jours sur 7, je ne compte pas mes heures"

Le Cantalien n’a qu’une date en tête, celle du jeudi 4 octobre : « Le concours salers a lieu jeudi matin. Je crois aux chances de Soulou. Par rapport aux autres concurrents, il est un peu plus élégant, notamment dans sa démarche. S’il avait un prix, il y aurait des retombées ». Avant le concours, le champion a été préparé et Pierre a été aux petits soins pour lui : « Soulou mange de l’herbe, du foin. Pour le concours, il mange une petite ration d’aliments. Il n’a pas été stressé par le voyage. C’est un taureau qui en a vu d’autres. Il a l’habitude des concours ». Le Cantalien est fier d’être éleveur. Il récuse les accusations dont sa profession est victime : « On est toujours montrés du doigt. Je pense que certains feraient mieux de balayer devant leur porte avant de parler ». Malgré les journées à rallonge, le travail qu’il neige ou qu’il pleuve, Pierre est fidèle au poste, habité par une passion intacte. Il explique : « Financièrement je m’en sors. Je parviens à toucher 1 100 euros par mois. Je travaille 7 jours sur 7, je ne compte pas mes heures. Je parviens à prendre 15 jours de vacances dans l’année, c’est sacré ».

"Je suis fier d’être éleveur, d’être né dans une famille d’agriculteurs"

Il attend jeudi avec impatience, d’autant que ses supporters seront de la partie : « Pour le concours, j’ai toute ma famille qui vient. Je ne conçois pas faire un seul concours sans que tout le monde soit derrière moi. Il y a moi qui travaille mais il y a aussi mon fils Maxence qui m’aide beaucoup, ainsi que ma fille Agathe, de 14 ans. Je n’oublie pas ma femme qui s’occupe de l’administratif. Il faut que tout le monde soit là avec moi : le prix n’est pas que le mien. C’est la distinction de toute la famille. Une reconnaissance globale ». Une distinction qui viendrait récompenser tout une tradition familiale : « Je suis fier d’être éleveur, d’être né dans une famille d’agriculteurs. Mon père m’a transmis son amour du métier et j’espère le transmettre à mes enfants. Je suis heureux qu’ils prennent le flambeau ». Un flambeau solidement ancré dans le Cantal, sans doute encore pour de nombreuses années.

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