Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a annoncé avoir convoqué le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. Pour Frédéric Aguilera, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des Usagers du Train Clermont-Paris, le PDG doit proposer des mesures concrètes.
Le 23 janvier, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, annonçait avoir convoqué le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. Il lui demande notamment un "plan de mesures concrètes et immédiates", qui sera présenté sous quinze jours aux élus et acteurs de terrain. Cette convocation intervient quelques jours après un énième retard (presque huit heures) sur la ligne Paris-Clermont. Quelque 700 voyageurs avaient alors passé la nuit dans un train à l’arrêt, dans des conditions de grand froid ayant nécessité l’intervention de la Croix-Rouge et de pompiers.
"On ne peut pas couper l’Auvergne de Paris aussi longtemps"
Suite à cet évènement, Frédéric Aguilera, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en charge des transports, avait annoncé que Laurent Wauquiez, président LR de la Région, allait convoquer le président de la SNCF. "Ça fait beaucoup de convocations pour le PDG, ironise Frédéric Aguilera. C’est une très bonne nouvelle, à condition que ça aboutisse à quelque chose. Ça a du sens, si la SNCF arrive avec des mesures. Si le président arrive en disant qu’il ne peut rien faire, ça ne sert à rien."
Maintenant, sur le fond… le problème est plus compliqué, selon Frédéric Aguilera. "On est face à un problème qui a trois temporalités. À court terme, il faut attendre deux/trois ans avant la livraison des locomotives et la fin des travaux des voies. À moyen terme, entre trois et six ans, il y aura la montée en puissance des nouveaux investissements avec des travaux électriques. Et sur le long terme, au-delà de ces six années, on a le souhait de vouloir gagner du temps, avec la réalisation d’études approfondies", développe le vice-président. Le problème aujourd’hui, c’est le court terme.
"Aujourd’hui, le matériel est tellement pourri, que c’est le bordel. Et on ne peut pas nous dire que ça restera comme ça encore trois ans. On ne peut pas couper l’Auvergne de Paris aussi longtemps", pointe-t-il du doigt.
Un aller/retour supprimé chaque jour sur la ligne Clermont-Paris
Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des Usagers du Train Clermont-Paris, rejoint le vice-président. "On va suivre avec intérêt ce qui va être annoncé. Il nous faut des mesures importantes et un plan d’urgence, pour tenir ces trois ans. On est tous héritiers d’une décennie d’un manque d’investissements. Depuis plusieurs mois, un aller/retour est supprimé chaque jour, par manque de locomotives en état de marche", s’insurge-t-elle avant de poursuivre. "Quand j’échange avec la directrice générale d’Intercités, je lui dis qu’avec le matériel qu’ils ont, ils ne peuvent pas faire de miracle." Et la réponse de la directrice générale illustre que trop bien la situation actuelle : "Chaque jour, on fait un miracle. Le matériel est tellement à bout de souffle, que tous les jours, on fait le pari que ça va tenir", rapporte Stéphanie Picard.
Pour rappel, les rames ont été mises en circulation entre 1975 et 1982. "On a un temps de parcours qui s’allonge et une fiabilité qui laisse à désirer. Et en réunion de comité, on nous a demandé de se positionner sur la priorité à donner à une nouvelle phase d’investissements. La ponctualité ou la réduction du temps de parcours. Pourquoi choisir ? Nous voulons les deux."
L'État doit prendre ses responsabilités
Le programme de modernisation de la ligne a été lancé, comprenant l'arrivée de nouveaux trains appelés "Oxygène", dont la livraison est prévue pour 2026. Mais Frédéric Aguilera s’interroge. "L’État a-t-il suffisamment commandé de locomotives ? S'il a commandé le nombre juste et qu’une rame tombe en panne, on aura le même problème qu’aujourd’hui. Pour ne plus avoir ce problème, il faut en commander davantage." Pour le vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, tout n’est pas la faute de la SNCF. "L’état doit dire quels moyens il doit rajouter". Il espère que Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, viendra avec un vrai plan d’urgence.