Transports, culture, polémiques : ce qu’il faut retenir de la présidence de Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes

Laurent Wauquiez a été remplacé à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ce jeudi 5 septembre. S’il reste conseiller régional, il est temps de dresser un bilan des moments les plus marquants de sa présidence.

C'est en 2016 que Laurent Wauquiez avait été élu président de la deuxième région la plus peuplée de France : l'Auvergne-Rhône-Alpes, comptant un peu plus de 8 millions d'habitants. En 2021, il avait été réélu sans surprise pour un deuxième mandat, avec 134 voix. Aujourd’hui élu député, il quitte la présidence comme la loi sur le non-cumul des mandats le lui impose. Remplacé par Fabrice Pannekoucke, il reste conseiller régional. Mathias Bernard, politologue, évoque les moments les plus marquants de son mandat.  

La réforme territoriale 

Suite à la réforme territoriale entrée en vigueur le 1er janvier 2016, la région Auvergne a fusionné avec la région Rhône-Alpes pour donner naissance à une région plus élargie : Auvergne-Rhône-Alpes. Une réforme alors impopulaire qu’il incombait à Laurent Wauquiez, alors fraîchement élu, de mettre en œuvre. “Le moment marquant a été l'installation de cette nouvelle région. Laurent Wauquiez, c'est le président qui a mis en œuvre cette réforme territoriale qui n'était pas évidente, avec la volonté de trouver un équilibre entre les 2 anciennes régions. Le choix de nommer la région Auvergne-Rhône-Alpes et non pas Rhône-Alpes-Auvergne n’est pas anodin. Dans l'organisation administrative et politique de cette région, le fait de maintenir une présence de la région à Clermont me semble être un élément important du bilan de Laurent Wauquiez. On a le sentiment aujourd'hui, après 8 ans, que la région Auvergne-Rhône Alpes existe. Cela n’était pas forcément évident au vu des différences historiques, géographiques et économique qui pouvaient exister entre les 2 anciennes régions”, raconte Mathias Bernard. 

Un combat pour la ligne SNCF Clermont-Paris 

Laurent Wauquiez s’est également inscrit dans une lutte farouche pour obtenir la liaison TGV entre Clermont-Ferrand et Paris. Il s’est, maintes fois, montré critique envers l’Etat et a mis plusieurs dizaines de millions d’euros sur la table afin d'améliorer ce service. Mathias Bernard analyse : “La volonté de Laurent Wauquiez était de faire de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de sa présidence de région, un laboratoire idéologique, politique et opérationnel, avec des réalisations qui soient ensuite transposables à l'échelle nationale. Sur les transports, comme sur les aspects budgétaires, comme sur la sécurité, il y a une dimension très politique de l'action de Laurent Wauquiez. En se mettant en soutien sur un certain nombre de sujets, en travaillant sur les dessertes, mais aussi en se mettant dans une logique de rapport de force vis-à-vis de l'Etat, il fait l'expression d'une opposition. Sur la situation de l'actuelle ligne Intercités Clermont – Paris, sur les enjeux de TGV, il y a aussi une expression politique de Laurent Wauquiez d'opposition aux insuffisances de l'État.” Il s’est également positionné favorablement à la controversée ligne Lyon-Turin et au très polémique contournement de la RN88 dans son fief de Haute-Loire. 

Coupes budgétaires pour la culture 

En deux ans, Laurent Wauquiez a supprimé quatre millions d'euros à 140 structures culturelles. Parmi elle, le 46e festival du court-métrage de Clermont Ferrand, dont la subvention de la région a été divisée par deux. "Sur la culture, on voit bien qu'il y a encore un aspect opérationnel, la maîtrise budgétaire, voire la réduction des budgets. C'est un élément important pour Laurent Wauquiez. Il a toujours souhaité se targuer de présider “la région la mieux gérée de France”, d'avoir réduit l'endettement sans avoir augmenté d'un euro les impôts...” 

La “bonne gestion” semble ainsi être un élément important pour l'ex président de Région, qui impose des coupes budgétaires. “Cet élément-là va lui valoir une impopularité. Ces coupes budgétaires ont été accompagnées de réarbitrages au profit d'actions culturelles qui se situent dans les territoires ruraux et non plus seulement dans les métropoles. Il y a un positionnement de Laurent Wauquiez comme étant le défenseur des territoires contre les très grandes métropoles. L'austérité budgétaire en matière culturelle a été transformée, dans le discours politique de Laurent Wauquiez, en proximité des territoires” analyse le politologue. En effet, c'est dans les grandes villes de la région, telles que Lyon, Clermont-Ferrand ou Grenoble que les coupes sont les plus sévères. Dans la capitale des Gaules, le théâtre Nouvelle Génération, qui est un Centre Dramatique National, a perdu 100% de sa subvention en deux ans : plus de 150 000 euros, soit 7% de son budget. 

Des lycées sous haute surveillance 

En 2016, Laurent Wauquiez s’était fait remarquer par l’annonce d’une expérimentation inédite en France, l’installation de portiques de sécurité dans une quinzaine de lycées. Cette mesure faisait partie de ses promesses de campagne. “La thématique prédominante des enjeux de sécurité renvoie à un positionnement politique nationale. Ce sont des thématiques qui sont identifiées à la droite que Laurent Wauquiez souhaite incarner. Il y a cependant un décalage entre les compétences limitées de la région dans ce domaine et la place de la sécurité dans le discours”, indique Mathias Bernard. Il a également soutenu l'installation de caméras de surveillance dans les lycées mais aussi les gares. 

Un mandat marqué par le COVID 

Laurent Wauquiez s’est montré particulièrement investi lors de la gestion de la crise COVID, distribuant notamment plus de 2 millions de masques lavables pour les élèves dont la région avait la charge en 2020. Là encore, avec en tête un projet politique plus vaste, selon Mathias Bernard. “ Sur le COVID, ce qui est assez intéressant, c'est qu'au-delà de la gestion de la crise sanitaire, c’est la remise en avant des enjeux de souveraineté industrielle, y compris dans la question des masques. On a une pénurie pendant quelques semaines. L’enjeu de souveraineté ou de réindustrialisation a été un des grands axes du discours et de la politique de la région. Laurent Wauquiez a pleinement souhaité investir cette question de la réindustrialisation, de la souveraineté économique grâce aux compétences dont dispose la région.” 

Des polémiques 

Le mandat de Laurent Wauquiez a été ponctué par des scandales autour de ce président : mis en cause pour un voyage au Japon jugé polémique, il a également été pointé du doigt en 2022 pour avoir invité 90 convives à un dîner à 100 000 euros, financé avec l’argent du contribuable. Il a également été pointé du doigt par l’opposition pour sa gestion des comptes et épinglé pour sa présidence “autoritaire” de la région. Malgré cela, son électorat lui reste fidèle, souligne Mathias Bernard : “Laurent Wauquiez est un très bon communicant, un professionnel de la politique depuis plus de 20 ans. Il a une capacité à sentir l'air du temps et ce qu'attend son électorat, y compris face aux polémiques qui vont l’affecter. Laurent Wauquiez, finalement, parvient à retourner ces critiques en montrant qu'elles émanent d'une opposition ou d'un microcosme politico-médiatique dont il souhaite s'extraire. Il a eu une capacité à faire en sorte de ne pas être trop affecté, notamment au niveau électoral, par les critiques qui ont été importantes.” 

Loin de ces polémiques, Laurent Wauquiez quitte la présidence en se félicitant de son bilan local, citant des industries relocalisées, un "des plus bas taux de chômage de France", baisse de l'insécurité dans les trains et les gares, des bourses scolaires au mérite pour "ceux qui se donnent du mal", la baisse du poids de la dette et des impôts, ou encore l'organisation des JO d'hiver de 2030. 

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