Environnement : dans le Puy-de-Dôme, pourquoi un bassin de stockage d’eau fait polémique

La Région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé un plan de 12 millions d'euros pour aider les éleveurs victimes de la sécheresse en 2020. Pour anticiper, un agriculteur du Puy-de-Dôme a choisi de construire une réserve d'eau individuelle. Une initiative qui inquiète des associations environnementales.

A Thuret dans le Puy-de-Dôme, après avoir vu ses cultures dépérir pendant plusieurs années, Mathieu Daim, agriculteur, a souhaité anticiper les prochains épisodes de sécheresse. Il vient d'achever la construction d'un bassin de stockage de l'eau. Une première dans le département. L’agriculteur explique : « Je le remplis l’hiver en pompant dans un puits qui était déjà existant dans l’exploitation, pour pouvoir l’utiliser l’été et arroser mes cultures. J’ai réellement pris conscience que l’eau est une sécurité par rapport à mon exploitation et à mes productions ».

100 000 euros investis

Mais augmenter sa capacité en eau à un coût : cet agriculteur a dû investir près de 100 000 euros pour cette cuve de 10 000 m3. Mathieu Daim souligne : « Ici on se trouve dans la station de pompage : c’est la pompe qui va permettre d’irriguer pendant l’été. Elle va prélever l’eau dans le bassin de stockage et irriguer des pommes de terre et des oignons ». La retenue d'eau permettra d'arroser 10 des 100 hectares de cette exploitation. Depuis octobre dernier, un protocole signé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Chambre d’agriculture notamment permet de faciliter la création de ce type de projet. Une décision qui inquiète les associations environnementales.

On ne peut pas accepter cela

René Boyer, président de France Nature Environnement du Puy-de-Dôme, indique : « On ne peut pas accepter cela. Cela va à l'encontre de tout principe. Le problème est qu’on est en train de pomper de l’eau en nappe souterraine, qui a déjà des difficultés pour être rechargée. Il faut absolument qu’on ait ça en tête, qu’on ne peut pas continuer à prélever systématiquement. On aura de plus en plus de difficultés et notamment pour l’alimentation en eau potable des citoyens. On voit bien que les agriculteurs ne veulent pas changer leur façon de travailler. Il faut que la quantité d'eau soit calculée, qu'elle soit distribuée au mieux, avec une priorité aux citoyens pour une alimentation en eau potable, puis à l'alimentation des animaux et après on répartit l'eau au mieux ».

Nous savons ce que nous faisons

Selon Mathieu Daim, c'est pourtant le seul moyen dont il dit disposer pour faire face à la sécheresse : « Nous avons le devoir de fournir des aliments en qualité et en quantité nécessaires. Pouvoir appréhender cette problématique de dérèglement climatique semble indispensable en stockant de l’eau pour pouvoir sécuriser la production. Aucun système n'est parfait. Créer des bassins de stockage reste une solution raisonnable pour tous. Il s'agit de stocker de l'eau l'hiver pour l'utiliser l'été. En tant qu'agriculteur, la nature reste notre outil de travail. Il me semble que nous avons des connaissances. Nous savons ce que nous faisons ». Plusieurs projets de ce type devraient voir le jour dans le département du Puy-de-Dôme. Une vingtaine de dossiers sont à l'étude.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes vient d'annoncer un plan de 12 millions d'euros pour aider les éleveurs victimes de la sécheresse en 2020. Pour anticiper, un agriculteur du Puy-de-Dôme a choisi de construire une réserve d'eau individuelle, une première dans le département. Une initiative qui inquiète des associations environnementales. Intervenants : Mathieu Daim, agriculteur René Boyer, président de France Nature Environnement du Puy-de-Dôme Equipe : Camille Da Silva / Lilia Khelfaoui / Alexis Cretin

 

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