Sécheresse, gel, mildiou,... Les viticulteurs auvergnats étaient déjà à bout. Viennent se rajouter les derniers orages de grêles du samedi 24 juillet. Témoignage d'un vigneron du Puy-de-Dôme qui vit l'une des pires années de sa carrière.

Benoit Montel a 45 ans. Il est installé depuis 1999 et possède 10 hectares de terre répartis entre Saint-Bonnet-prés-Riom, Riom, Ménétrol, Châteaugay et Blanzat dans le Puy-de-Dôme. Depuis quelques années, il subit, l'un après l'autre, des phénomènes climatiques qui mettent en danger ses vignes, son travail et toute son exploitation. 

"Année en 1, année en rien". C'est un dicton bien connu de la profession que Benoit Montel est forcé de croire en cette année 2021. Après plusieurs saisons de sécheresses consécutives, il a d'abord dû affronter les fameuses "gelées blanches". Celles des mois d'avril qui surprennent par leur intensité et qui, après un hiver doux, où des bourgeons ont commencé à poindre, ravagent les vignes. Il a lutté pendant plus de 10 jours, enchaînant les nuits blanches, pour tenter de réchauffer ses parcelles. Bougies, foin brûlé,... il a tout essayé et dépensé plus de 3 000 € en combustible. Malgré tout, il accuse le premier coup dur de cette saison : 30% à 80% de perte sur certaines parcelles. Et ça n'est que le début.

S'en suit une période de chaleur et de pluies intenses. L'environnement humide parfait pour un petit champignon destructeur : le mildiou. Il attaque d'abord les feuilles puis descend sur les grappes, les sèche et les fait pourrir. En dix jours, toute une récolte peut être perdue. Cette année, grâce à sa vigilance, ses efforts et quelques astuces, Benoit Montel a limité la casse. Une parcelle seulement a été contaminée. Parcelle qu'il a traité avec des huiles essentielles d'orange pour tenter de sécher les pieds de vignes. Cinq rangs perdus, le reste sauvé. Une bataille remportée mais la guerre est loin d'être gagnée.

Et puis voici les orages de l'été. Et manque de chance, les terres de Benoit Montel se trouvaient pile dans le couloir de l'orage de grêles du samedi 24 juillet dernier. "J'ai cru que c'était la fin" souffle le vigneron. Désespéré, il a attendu le lendemain pour aller constater l'étendue des dégâts. Les grêlons avaient la taille de balles de ping-pong. Si c'est impressionnant, ils ont fait moins de ravages que des petits grêlons qui hachent les feuilles et empêchent, ensuite, la photosynthèse. Ceux-là ont, en revanche, assomé les grappes et traumatisé la vigne. Comme un être humain blessé, elle va se bloquer, se sentir agressée et arrêter de pousser pendant quelques jours, retardant la maturation de ses fruits. 10 à 20% de pertes suplémentaires sur ce qu'il restait. Et des vendanges qui ne s'annoncent pas avant fin septembre.

Malgré tout, cette année, Benoit Montel espère pouvoir aller au bout de cette récolte. Ou plutôt de ce qu'il en reste. "On va récolter ce qu'on peut, faire le tri, être vigilant sur la qualité de ce qu'on ramasse. Ça va nécessiter plus de main-d'oeuvre et donc plus de coûts."

Et puis, comme si ça ne suffisait pas, il y a encore la Covid. Benoit Montel avait pour habitude de fournir les restaurants, les bars à vins,... Des établissements qui ont été fermé longtemps et qui, aujourd'hui n'osent pas faire de stocks. Des commandes, des ventes en moins pour le vigneron. "On avance à tâtons. Au jour le jour. On a toujours tenu mais on se remet en question. On ne peut plus investir, plus se développer. Il y a une fatigue intense et parfois l'envie de baisser les bras. Heureusement, la famille et les amis sont là en soutien."

Autour de lui, Benoit Montel a vu des confrères abandonner. Les intempéries ont littéralement coulé certaines exploitations. Mais le vigneron conclut : " Je pense personnellement que Dame Nature n'y est pour rien, que c'est de notre faute à nous, à force de tirer dessus, nous payons. Il va falloir réagir vite, si ça n'est pas pour nous, ce sera pour nos enfants."

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