L'association L214 a révélé jeudi 9 mai une enquête dans un élevage intensif de volailles à Solignat, dans le Puy-de-Dôme. La vidéo choc montre des animaux entassés, souffrant de problèmes de santé et manipulés brutalement, "loin de l'image idyllique du poulet d'Auvergne", souligne L214.
La dernière enquête de l'association L214 dans un élevage intensif de Solignat, dans le Puy-de-Dôme, montre des animaux "en grande difficulté". "Du fait de leurs conditions de vie difficiles mais aussi de la sélection génétique, les animaux souffrent en effet de diverses maladies : brûlures de la peau, blessures, problèmes respiratoires, fragilités osseuses, difficultés à se mouvoir", décrit L214. L'association de défense des animaux indique que 50.000 animaux sont répartis dans deux bâtiments de 1.000 m2 et 1.200 m2.
Les images choc montrent des poulets qui ont du mal à se tenir debout et "certains ne peuvent même plus atteindre les mangeoires et les abreuvoirs", ajoute L214. "La litière des poulets n'est pas changée au long de leur courte vie", selon l'association. Résultat : la poussière et les excréments s'accumulent. L'ammoniac et le CO2 qui s'en dégagent sont la cause de graves problèmes de santé. On observe même des poulets morts sur la litière, au milieu des vivants.
"Les poulets sont enfermés dans deux bâtiments d'où ils ne sortiront que pour partir à l'abattoir", indique encore L214. Et le traitement des poulets ne s'améliore pas au moment du ramassage : les poulets sont attrapés par les pattes et brutalement placés dans des caisses par les employés.
"Aucune région n'est épargnée"
"Cette nouvelle enquête montre que même en Auvergne, où on pourrait s'attendre à ne trouver que des élevages en plein air, il existe des élevages intensifs où sont entassés des dizaines de milliers de poulets dans des bâtiments fermés, à plus de 22 par m2", fait remarquer Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L214. Et cet élevage ne fait pas exception dans la région : "Nous avons connaissance d'autres élevages intensifs en Auvergne", souligne Isabelle Crépiat, membre de l'association."On respecte toutes les normes"
L'élevage ciblé par cette dernière vidéo serait associé à Axereal, société coopérative agricole, poids lourd de l'agroalimentaire, selon L214. "On respecte toutes les normes et on a toutes les autorisations", insiste Philippe Mallet, le directeur de l'exploitation, joint par téléphone jeudi 9 mai. En colère, il qualifie de "scandaleuse" l'intrusion de L214. "Ils sont rentrés durant la nuit pour mettre des caméras à l'intérieur du bâtiment", accuse-t-il. Ce dernier envisage de porter plainte."Nous faisons ce métier depuis 26 ans, c'est un métier que nous aimons, je passe plus de 10 heures par jour sur mon exploitation et je peux vous assurer que le bon traitement des animaux est au coeur de mes préoccupation", ajoute Philippe Mallet dans un communiqué de presse. Même s'il dit comprendre que "le montage des images soit choquant et sucite de l'émotion", il assure : "Le dernier contrôle de mon élevage a été fait le 10 janvier 2018 et les résultats étaient parfaitement conformes."
La préfecture du Puy-de-Dôme a indiqué à nos confrères de l'AFP qu'une équipe de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) serait dépêchée sur place "dans les prochains jours", notamment pour vérifier si les conditions d'élevage sont "conformes au cahier des charges et à la règlementation".
En France, 83 % des poulets sont élevés de manière intensive, dans des conditions similaires à celles révélées dans cette enquête, selon les chiffres de L214. D'après une étude de la Commission européenne de 2017, la France est l'un des pays où la densité dans les élevages de poulets est la plus importante.