Une enquête réalisée par deux associations, One Voice et Camp Beagle Gannat, révèle l’utilisation et la maltraitance de cochons par le Centre international de chirurgie endoscopique (CICE) de Clermont-Ferrand. Des plaintes doivent être enregistrées contre l'éleveur du Puy-de-Dôme et le Centre international de chirurgie endoscopique.
L’alerte a été lancée jeudi 29 août par les associations One Voice et Camp Beagle Gannat. Voilà déjà un an qu’elles enquêtent sur le sort de jeunes cochons envoyés au Centre international de chirurgie endoscopique (CICE) de Clermont-Ferrand.
Une enquête lancée après des soupçons de maltraitance
À travers plusieurs images, les associations révèlent une maltraitance des cochons dès le début, dans la ferme où les animaux sont élevés. “On nous a alertés sur le fait que des cochons étaient placés dans des bennes de manière qui ne semblaient pas réglementaires, explique Muriel Arnal, présidente de l’association One Voice. On a donc décidé d’enquêter. Et ce qu’on a découvert relève d'une très grave maltraitance, de sévices et d'actes de cruauté”.
Les truies ne sont pas soignées correctement. Ainsi, après un prolapsus (descente d’organes) de l’une d’elles, l’éleveur attrape à pleines mains ses organes avant de les enfoncer à l’intérieur de son corps et de recoudre ses parties génitales
Muriel Arnal, présidente de l'association One Voice
Dans un communiqué, les enquêteurs racontent : “Des truies sont parquées dans des cages où elles ne peuvent se mouvoir. Impossible pour elles d’y faire le moindre pas, ne serait-ce que pour éviter d’écraser leurs petits”. “Le taux de mortalité des porcelets est extrêmement élevé, complète la présidente de One Voice. Les mères écrasent leurs petits. Les porcelets jugés trop chétifs finiront le crâne fracassé contre une barrière, un mur ou le sol”.
Des pratiques de médecine vétérinaire illégales
En France, l’élevage industriel est légal. “Ce qui pose un problème en revanche, c’est l’éleveur qui pratique la médecine vétérinaire illégalement”, ajoute Muriel Arnal. Dans le communiqué, les enquêteurs affirment : “Les truies ne sont pas soignées correctement. Ainsi, après un prolapsus (descente d’organes) de l’une d’elles, l’éleveur attrape à pleines mains ses organes avant de les enfoncer à l’intérieur de son corps et de recoudre ses parties génitales”.
Je ne suis pas un criminel, j’élève des cochons depuis 40 ans et je n’ai pas l’impression de traiter mal mes animaux
Jean-Yves Guy, éleveur de cochons
À ces accusations, l’éleveur incriminé se dit “très perturbé” et répond : “Je ne suis pas un criminel, j’élève des cochons depuis 40 ans et je n’ai pas l’impression de traiter mal mes animaux. Quand j’ai une truie qui est malade, je la soigne parce que je n’attends pas 12 heures que le vétérinaire arrive. Je ne me pose pas la question en termes juridiques, mais comme éleveur qui aime ses animaux”.
L'éleveur perturbé par les accusations
Jean-Yves Guy est éleveur à Mazayes dans le Puy-de-Dôme. Il élève près de 100 truies et chaque année, il vend 400 porcelets au CICE pour les expérimentations à raison de 90 euros par porcelet. “Nous effectuons notre travail comme des éleveurs et du mieux qu’on peut. On est des gens raisonnés et raisonnables et on sert nos clients du mieux qu’on peut, se défend l'éleveur. On travaille 365 jours par an, on nourrit nos animaux deux fois par jour”.
Sur les pratiques de médecine vétérinaire, il s’explique : “Je ne me suis pas posé la question juridique, je voulais juste mettre ma truie en sécurité. Elle était en train de faire une hémorragie. Je sais le faire, je l’ai déjà fait plusieurs fois. Je le fais sûrement aussi bien qu’un vétérinaire débutant. Je pense que j’ai sauvé ma truie, elle est toujours dans l’élevage et elle fait toujours des petits. Concernant le claquage des cochons, on ne le fait jamais de gaieté de cœur. On a des porcelets qui ne sont pas viables. Au bout de 40 ans, on ne s’y habitue pas, je le fais parce que je dois le faire et on le fait sans réfléchir”.
Ce sont eux les criminels, parce que même s’ils défendent la cause animale, ils peuvent inciter des gens au suicide en agissant comme ça
Jean-Yves Guy, éleveur de cochons
Ils dénoncent les méthodes des associations de défense des animaux. “Ce sont eux les criminels, parce que même s’ils défendent la cause animale, ils peuvent inciter des gens au suicide en agissant comme ça. C’est très difficile de gagner sa vie dans l’agriculture”.
D'autres types d'expérimentation possibles
Selon l’association, les jeunes cochons seraient ensuite placés dans une benne par un “homme mandaté par le CICE”. Les animaux seraient alors transportés jusqu’au Centre international de chirurgie endoscopique. “Les expériences sur les animaux sont légales, évoque Muriel Arnal. On n’investit pas dans les méthodes alternatives en France et on continue à utiliser les animaux à tout-va alors que l'on est à l’époque de l’intelligence artificielle. Même si c’était pour entraîner des vétérinaires, ce serait intolérable. Et là, on parle de chirurgiens qui ont accès à des mannequins sophistiqués. C’est un commerce. Après être passés dans le Centre, on retrouve les cochons dans les bennes avec les seringues”.
Deux plaintes doivent être enregistrées
De son côté, le Centre international de chirurgie endoscopique n’a pas répondu à nos sollicitations.
L’association One Voice va déposer une plainte contre la ferme incriminée et demande sa fermeture. Elle va également déposer plainte contre le CICE et demande que l’expérimentation sur les animaux soit remplacée par d’autres méthodes. Une manifestation était organisée jeudi 29 août devant le CHU de Clermont-Ferrand.
Propos recueillis par Pascal Franco, FTV.