Sur la Sioule, il ne reste qu'un seul moulin à eau encore en activité : le Moulin de Braynant, à Châteauneuf-les-Bains (Puy-de-Dôme). Depuis plus de 20 ans, Jean-Claude Gauvin y fabrique sa propre farine à partir des céréales qu'il cultive, avec pour seule énergie la force de la rivière.
De l'extérieur, le bruit des engrenages et le rythme du babillard ne laissent pas de doute : le moulin de Braynant fonctionne. Et c'est surprenant, car sur la Sioule, tous les autres moulins à eau se sont tus depuis longtemps.
Cette exception, située à la sortie de Châteauneuf-les-Bains (Puy-de-Dôme), on la doit à Jean-Claude Gauvin. Cela fait 33 ans que cet agriculteur a sauvé le moulin de Braynant de la destruction. En 1984, il l'a racheté et rénové lui-même pour fabriquer sa propre farine avec ses propres céréales. Sa production se fait à l'ancienne avec les outils, les gestes et la technique traditionnelle. Et sans moteur. Dans le moulin, tous les engrenages sont actionnés par une turbine plongée dans la rivière. Les meules, le tamis et l'élévateur à godets... tournent uniquement grâce à la force de l'eau.
"C'est un chef d'oeuvre" s'extasie Jean-Claude. "Ça marche à l'oreille ... La nuit, j'en rêve, j'entends le moulin !" Alors qu'il élevait auparavant des poulets industriels, le maître des lieux a trouvé là une forme de simplicité et un autre rapport à la nature. "Je suis le dernier sur la Sioule à vraiment fonctionner, à en tirer quelque chose, j'en fais du pain, je vais voir des gens sur le marché de Riom … on est dans une autre logique !"
Broyée entre deux meules de pierre, la farine de Jean-Claude est plus foncée, plus "riche" en fibres que la farine habituelle industrielle écrasée entree deux cylindres. L'utilisation de la rivière lui confère un autre avantage intéressant : son coût. "Ça change tout puisque l'énergie est gratuite. Autrement, il faudrait des moteurs électriques !" Cela laisserait presque des regrets au meunier : "Quand je vois toute cette énergie qui passe ici, une énergie propre, sans pollution et qu'on la laisse partir … C'est quand même dommage, vous croyez pas ?"