Que faire du petit lait quand on est fabricant de Saint-Nectaire fermier ? Les 70 producteurs de la zone AOP ont mis en place une filière de valorisation qui résout un véritable casse-tête. Ils ont créé une unité de pasteurisation afin de revendre le lactosérum à l'industrie alimentaire.
Jusque-là, le lactosérum, plus communément appelé petit-lait, représentait un véritable casse-tête pour les producteurs de Saint-Nectaire fermier. Que faire des tonnes de liquide inutile à la fabrication du fromage emblématique de l’Auvergne ? Autrefois, dans les fermes, il était donné aux cochons. Mais les fermes se sont mises à produire de plus en plus, se sont spécialisées et les cochons ont déserté. Reste qu’il fallait trouver une solution… Il y avait bien l’épandage, mais le coût était trop élevé et les capacités de stockage pas toujours suffisante, ou le donner aux bovins mais il fallait alors que le logement des animaux soit à proximité immédiate du local de fabrication, ce qui est rarement le cas.Une unité de pasteurisation ouverte à Tauves
Les 70 producteurs de Saint-Nectaire fermier situés dans la zone AOP (la plus petite d’Europe avec seulement 1 800 km2, elle se situe sur les terres des Monts Dore, dans le Puy-de-Dôme, à une altitude comprise entre 800 et 1 500 mètres) se sont offerts, pour un investissement de 800 000 euros, une usine de pasteurisation. Situé sur commune de Tauves, ce nouvel outil va leur permettre de valoriser le petit-lait.Depuis une quinzaine d’année, le lactosérum était collecté mais l’industrie agro-alimentaire rechignait le récupérer, d’abord pour des raisons d’hygiène. Le petit-lait est cru et donc potentiellement chargé en bactéries pathogènes. Mais cette nouvelle unité de pasteurisation vient répondre aux besoins spécifiques de cette industrie. En outre, ce petit-lait fermier, désormais pasteurisé, est aussi une aubaine puisqu’il est particulièrement riche en protéine. Une fois séché, il sera revendu pour intégrer des aliments pour les animaux ou les êtres humains.
Les agriculteurs vont espère vite récupérer la mise et gagner un peu d'argent avec leur petit lait au lieu de le donner pour s'en débarrasser. L’usine de pasteurisation devrait leur permettre de collecter beaucoup plus de lactosérum en passant de 15 millions de litres aujourd'hui à 25 millions demain.