Revendiquant être le premier village à avoir refusé le compteur Linky dans le Puy-de-Dôme, les habitants de Villeneuve-les-Cerfs font toujours de la résistance et vivent ce combat au rythme des décisions judiciaires.
Il est jaune fluo, communiquant et toujours pas le bienvenu à Villeuneuve-les-Cerfs, commune d’un peu plus de 530 habitants au nord-est du Puy-de-Dôme : le compteur Linky qu’Enedis installe en France depuis le 1er décembre 2015, en remplacement des compteurs bleus dont certains peuvent avoir plus de 40 ans.
Deux décisions contradictoires alimentent le débat porté par les opposants à ce compteur. Le 2 août 2019 le Tribunal de Grande Instance de Tours a donné raison aux plaignants qui invoquaient des raisons médicales, mais le 30 juillet, celui de Nanterre avait écarté tout lien de cause à effet. Dans la première commune du Puy-de-Dôme à avoir dit non, à Villeneuve-les-Cerfs, le caractère obligatoire du remplacement et ses éventuelles répercussions alimentent les craintes. "Je voudrais qu’on ait le choix, qu’on sache exactement à quoi s’en tenir. Est-ce-qu’on a beaucoup de recul par rapport au compteur Linky ?" se demande Renée Lindon, une habitante.
Une position de refus adoptée par une délibération municipale unanime en mars 2016, retirée puis réaffirmée en avril 2017 suivie de deux arrêtés contre le déploiement des nouveaux compteurs. Depuis le maire Roland Genestier est attaqué pour excès de pouvoir : "Ça va faire la 3ème fois qu’on me fait passer au tribunal, alors qu’il n’y a aucune raison" dit-il. "On est quand même responsable de notre commune en tant que maire, je préserve mes administrés, tout simplement".
Les deux décisions des Tribunaux de Grande Instance de Nanterre et de Tours, contradictoires sur les effets supposés sur la santé du compteur Linky ont relancé le débat alors que la science n’établit pour l’heure aucun lien de cause à effet.
"On ne peut pas rentrer chez nous par effraction. S’ils mettent un peu trop de pression des gens ont porté plainte pour harcèlement et les affaires se sont arrêtées là" argumente Lucien Ollier, adjoint au maire. Le fournisseur d'électricité Enedis s’appuie au contraire sur les obligations légales qui lui sont imposées. Pour Pierre-François Mangeon, délégué territorial pour le Puy-de-Dôme "Enedis, entreprise de service public fait ce que lui demande l’Etat, et l’Etat applique une directive européenne. Le compteur en lui-même n’appartient pas au titulaire du contrat, il appartient comme le poteau électrique dans la rue au syndicat intercommunal d’électricité et gaz. Et c’est compliqué de dire à quelqu’un que ce n’est pas lui qui décide".
Dans le Puy-de-Dôme, à l’été 2019, plus de 50 % des foyers sont équipés.