Alors que l'état d'urgence s'apprête à être levé en Nouvelle-Calédonie, des touristes français résidant en métropole sont toujours bloqués sur place. Coincés dans un hôtel de Nouméa depuis deux semaines, des Auvergnats attendent désespérément une proposition de rapatriement.
Tous les jours, le même rituel pour ces touristes bloqués en Nouvelle-Calédonie. Contacter le Haut-Comissariat du territoire pour savoir si, enfin, ils vont pouvoir rentrer chez eux. "Nos mails restent sans réponse. On se demande si quelqu'un les reçoit... Aucune information ne nous est communiquée, on se sent pris en otage", souffle Antoine Lelièvre, à l'autre bout du fil. Depuis le 14 mai, ce trentenaire est coincé dans un hôtel de Nouméa avec quatre autres Auvergnats. Ils attendent désespérément un rapatriement vers la métropole.
De vives tensions ont éclaté sur ce territoire français du Pacifique du Sud, après le vote par l'Assemblée nationale d'une réforme prévoyant le dégel du corps électoral local. Le texte permettrait notamment d'élargir le droit de vote aux personnes établies depuis au moins dix ans sur l'archipel. Les partisans de l'indépendance craignent que ce dégel ne "minorise" encore plus le peuple autochtone Kanak en leur faisant perdre du poids électoral. Depuis, de nombreuses routes ont été bloquées, des entreprises et maisons brûlées et sept personnes, dont deux gendarmes, tuées dans les affrontements.
L'état d'urgence levé
L'Élysée a annoncé la fin de l'état d'urgence instauré le 15 mai, constatant un "retour progressif à la normale" ces dernières 24 heures. La levée des mesures sera effective ce mardi 28 mai à 5 heures (lundi 20 heures à Paris) "pour permettre les réunions des différentes composantes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) et les déplacements sur les barrages des élus ou responsables en mesure d’appeler à leur levée". Le couvre-feu est néanmoins maintenu de 18 h 00 à 6 heures.
Pour autant, les Auvergnats encore sur place n'ont aucune perspective d'évacuation. Plus de 1 200 étrangers auraient déjà été pris en charge."On attaque la troisième semaine, c'est long. Des avions sont partis mais il y avait très peu d'habitants de la métropole à l'intérieur. Dans notre hôtel, les gens partent au compte-gouttes... Les Australiens sont chez eux depuis une semaine. On est à la ramasse", juge Antoine Lelièvre. Comme lui, une centaine de métropolitains seraient encore dans l'attente d'une solution d'évacuation.
Près de 1 000 euros d'hôtel par semaine
Le déplacement d'Emmanuel Macron, une semaine après le début des émeutes, était très attendu. Dans une visite marathon, mercredi 22 mai, le président de la République a promis "un retour au calme, à la vie normale, à la paix" et annoncé des mesures économiques pour soutenir les entreprises locales touchées.
On sait qu'il y a beaucoup à gérer niveau sécurité. On espérait que la situation bouge pour nous aussi, qu'il se passe quelque chose... Rien. On se sent oubliés et on ne comprend pas pourquoi c'est si compliqué de nous mettre dans un avion retour.
Antoine LelièvreAuvergnat coincé en Nouvelle-Calédonie
"Les esprits commencent à se tendre. Il y a le besoin familial et personnel d'être chez soi, mais aussi le poids financier de rester ici. Cela devient très compliqué", poursuit-il. Pour l'hébergement sur place, la note flambe : environ 150 euros la nuitée par personne. Pour deux semaines, la facture des cinq Auvergnats logés dans le même hôtel s'élève à plus de 10 000 euros. L'établissement a opéré une remise de 20 % mais, pour le reste, c'est à eux de payer. "On a eu aucune information sur une possible prise en charge", regrette Antoine Lelièvre.
La fin de leur voyage était prévue le 19 mai. "On était en croisière en mer lorsque l'on a vu qu'il y avait des émeutes à Nouméa. On s'est dit qu'il fallait se mettre en sécurité dans un hôtel. On est toujours là, on n'a pas bougé", témoignent les touristes, qui évitent depuis de s'aventurer dans la ville. Malgré la levée de l'état d'urgence, des quartiers restent difficilement accessibles aux forces de l'ordre et des barrages sont toujours en place. Près de 480 gendarmes mobiles supplémentaires vont être déployés dans les prochaines heures.
Les vols commerciaux suspendus
Les liaisons aériennes commerciales depuis l’aéroport international de Nouméa-La Tontouta restent suspendues au moins jusqu'au dimanche 2 juin. "Des vols (de rapatriement, ndlr) vers la Polynésie française, vers Wallis et Futuna et vers le Vanuatu sont prévus cette semaine, ainsi qu’un premier retour de Calédoniens bloqués à Singapour", indique le Haut-Commissariat en Nouvelle-Calédonie, dans un communiqué ce lundi. Aucune information supplémentaire n'a été donnée aux touristes métropolitains.