"Un signal politique envoyé qui est mauvais" : un apiculteur s'inquiète du retour possible des pesticides

Les récentes mobilisations des agriculteurs ont poussé le gouvernement à abandonner le NODU, principal indicateur de l’usage des pesticides en France, au profit d’un outil de mesure européen, comprenant d’autres critères. La décision a entraîné l’incompréhension de beaucoup d'apiculteurs, car les abeilles souffrent de l’utilisation de ces produits. Rencontre avec l’un d’entre eux.

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Les abeilles sont le baromètre de l’environnement qui nous entoure. Avec la pollution de l’air et l'utilisation de pesticides, leur santé est plus que jamais menacée. Maxime Bardiaux, apiculteur auvergnat, détient 250 ruches, dans le Puy-de-Dôme. La majorité se trouve en zone d’élevage, au cœur du Sancy.

Une différence entre les ruchers en milieu d'élevage et ceux près de grandes cultures

Mais l’un de ses ruchers est installé sur la plaine de la Limagne, tout près d’un champ de grandes cultures. Et chaque année, au printemps, il fait le même constat. "Les abeilles qui sont sur cet emplacement ont globalement un retard de développement par rapport aux autres abeilles que j’ai. Il est causé par l’appauvrissement du milieu, l’absence de haies et l’absence de culture mellifères. L’utilisation de produits phytosanitaires rajoute un risque important sur les abeilles. Donc, c’est la conjugaison des deux."

L’utilisation de pesticide est-elle importante en Auvergne ? D’après une carte réalisée par Solagro, une "entreprise associative" née en 1981, "à l'initiative d'enseignants, de chercheurs et d'agriculteurs", la région serait relativement épargnée. Mais une zone entre l’Allier et le Puy-de-Dôme reste exposée.

L'abandon du NODU, "un mauvais signal politique envoyé"

Le rucher de Maxime Bardiaux se situe en plein cœur de celle-ci. Il regrette la mise en pause du plan Ecophyto et l'abandon du NODU par le gouvernement. Ce dernier était le principal indicateur de l'usage des pesticides en France, faisant partie du plan Ecophyto. Il va être remplacé par un autre outil de mesure européen, HRI-1, utilisant d'autres critères de calcul.

"C’est pour moi un signal politique envoyé, aux Français et aux pays européens, qui est mauvais", analyse Maxime Bardiaux. "Il faut que l’agriculture évolue. Elle a déjà commencé à le faire et c’est très bien. Mais il faut poursuivre ces efforts-là pour protéger l’environnement qui reste. Le plan Ecophyto a sûrement des défauts, mais il permettait au moins de mesurer l’utilisation des produits phytosanitaire."

S'il critique les décisions, il ne souhaite pas blâmer les agriculteurs. "Les paysans façonnent le paysage. Et en apiculture, on est marié avec eux pour le meilleur et pour le pire. Je crois que c’est important qu’on puisse travailler ensemble pour trouver les solutions. Il y a des choses déjà qui se font et il faut continuer."

L'apiculteur face à une forte concurrence 

Installé depuis 2013, Maxime Bardiaux est également confronté à une autre problématique. Chaque année, il produit six tonnes de miel bio. Un tiers de sa production est vendu à des grossistes qui mettent en pot la matière première, avant de la vendre sous leur marque. Mais, face à une concurrence féroce, il peine à l’écouler ce stock. L’Union européenne importe 40% de miel.

L'apiculteur expose : "Elle achète du miel qui vient probablement d’Europe de l’Est, d’Ukraine, voire de pays qui utilise l’Ukraine comme un comptoir pour vendre du miel." La deuxième raison du problème de vente pour lui : "l’inflation qui fait que les consommateurs achètent moins de miel."

Cette situation l'inquiète, car "il y a un manque à gagner, avec des charges qui sont quand même là, qui ont nettement augmenté ces derniers temps. Du coup, il y a un problème de survie des exploitations qui est réelle".

Maxime Bardiaux pense que des "prix planchers, réellement mis en place et efficaces, permettraient aux producteurs, apiculteurs ou paysans de vendre leur production à des prix décents." Actuellement, après avoir baissé son prix de vente, il vend son miel environ 8 euros, le kilo. Alors que celui importé par l'UE coûterait 2 euros en moyenne.

Propos recueillis par Camille Da Silva / France 3 Auvergne

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