Quatre maires de la Métropole de Lyon et de Valence (Drôme) signent une tribune après des menaces

Ils ont subi des menaces, des tags insultants, et signent aujourd'hui une tribune pour réclamer plus de soutien législatif et judicaire. Les maires de Valence (Drôme), Grigny, Rillieux-la-Pape et Bron refusent désormais "l'excuse de la liberté d'expression comme paravent de la pulsion de haine".

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Ils sont quatre : ces maires ont tous été menacés de mort, de décapitation etc. Aujourd'hui ils signent une tribune pour réclamer plus de protections et une réponse légale plus forte de la part de la République et de la législation. Selon eux, il est urgent de priver de ses droits civiques toute personne reconnue coupable d'outrages, de menaces ou de violences contre un élu.

► La liste des signataires

  • Jérémie Breaud, maire de Bron, conseiller de la Métropole de Lyon, menacé de mort à plusieurs reprises
  • Nicolas Daragon, maire de Valence, président de la communauté d'agglomération Valence Romans Agglo, menacé de mort 
  • Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-Pape, conseiller de la Métropole de Lyon, menacé de décapitation et d'émasculation
  • Xavier Odo, maire de Grigny (69) dont le domicile a été tagué de menaces

Nous ne sommes pas des têtes à claques, nous ne sommes ni des punching-balls ni des exutoires

Dans ce long texte les élus réclament notamment la modification de "l'article 18 du projet de loi confortant le respect des principes de la République pour déchoir de ses droits civiques toute personne se rendant coupable d'outrage ou de violence à l'égard d'un élu. Il n'y a aucune raison pour que la République accepte les suffrages de ceux qui ne respectent pas ses représentants."

Ces gens-là ne peuvent pas avoir le droit de vote pour des élections municipales

Contacté, Xavier Odo, maire de Grigny dont le domicile a été tagué de menaces, précise que pour lui, "les gens sont souvent mécontents quand on fait des choses, ou quand on ne fait pas des choses. Mais on s'est engagés pour servir, pas pour servir de punching-ball. Là, il n'y a pas de différence entre le maire et l'homme qui a une famille et qui s'inquiète pour ses proches. Il y a parfois des passages à l'acte. A quel moment on dit stop ? Ces gens-là ne peuvent pas avoir le droit de vote pour des élections municipales. Peut-être qu'ils n'en ont rien à faire, mais il faut que la République reconnaisse qu'ils n'ont plus leurs droits de citoyens sur un territoire donné."

En juillet, la maison personnelle du maire avait été taguée. Puis en octobre ce sont des tags menaçants et insultants vis-à-vis des forces de l'ordre et du maire qui avaient été découverts. Xavier Odo avait porté plainte, mais l'enquête n'a pour l'instant rien donné.

Concernant le maire (LR) de Rillieux-la-Pape, un homme de23 ans a été interpellé pour "menaces de mort sur personne investie d’un mandat électif public dans l’exercice de ses fonctions". Alexandre Vincendet avait découvert dans des commentaires sur sa page Facebook des menaces, par un auteur qui avait indiqué sa propre adresse pour que le maire "vienne le retrouver". Le suspect a été placé en garde à vue.

"La parole des maires doit se libérer"

Voici le texte signé par les 4 élus:

"Les uns après les autres, dans une sorte de litanie sans fin, sous différentes formes, nous sommes les uns et les autres la cible de menaces de mort en raison de notre mandat de maire. Alors que nous avons fait le choix de nous mettre au service de l'intérêt général, en nous soumettant au suffrage de nos concitoyens et que nous nous engageons chaque jour pour la sécurité de nos administrés, nous sommes désignés, insultés, menacés par ceux qui refusent que nous appliquions les lois de la République sur ce qu'ils considèrent comme leur territoire.

Par cette tribune, par cet appel de maires de province et de banlieue, nous voulons leur faire savoir que leurs intimidations n'auront jamais raison de notre détermination à défendre la République partout et pour tous. Désormais, nous porterons systématiquement plainte contre ceux qui nous menacent, qui menacent nos familles et nos proches, qui menacent nos domiciles, qui menacent notre liberté d'exercer notre mandat et qui, par conséquent, menacent toute la République. Nous n'accepterons plus l'excuse de la plaisanterie car aucune menace n'est anodine. Nous n'accepterons plus l'excuse du fameux et fumeux propos de comptoirs, nous n'accepterons plus l'excuse de la liberté d'expression comme paravent de la pulsion de haine. Depuis les drames récents et innommables, chacun sait ce que peut engendrer le fait de jeter en pâture un nom à la haine numérique, chacun sait que cela peut malheureusement conduire à une exécution.

Ensemble, nous prenons désormais l'engagement de ne rien laisser passer et de porter systématiquement plainte contre ces sinistres individus, auteurs de ces menaces. Nous le devons à tous nos collègues élus qui subissent ces agressions. Ils sont nombreux, très nombreux, trop nombreux. Nous avons tous été touchés par les multiples messages de soutien reçus à l'occasion de la médiatisation de nos menaces. Certains de ces messages provenaient même d'adversaires politiques. Face à la haine, la concorde républicaine sera notre réponse.

Nous porterons systématiquement plainte car nous le devons à tous nos concitoyens qui, résignés ou démunis en sont réduits à baisser les yeux face aux délinquants et ne vont plus au commissariat, convaincus de l'inutilité de la démarche. À ce citoyen, nous disons qu'il peut compter sur nous. Il peut compter sur notre mobilisation pour demander à notre justice de mettre un coup d'arrêt à cette désinhibition mortifère.

C'est pourquoi nous demandons aujourd'hui aux parlementaires d'amender l'article 18 du projet de loi confortant le respect des principes de la République pour déchoir de ses droits civiques toute personne se rendant coupable d'outrage ou de violence à l'égard d'un élu. Il n'y a aucune raison pour que la République accepte les suffrages de ceux qui ne respectent pas ses représentants.

Nous ne sommes pas des têtes à claques, nous ne sommes ni des punching-balls ni des exutoires. Nous sommes, quels que soient nous engagements partisans, nos parcours de vie, le visage de la République du quotidien. Nous appelons tous les maires de France, indépendamment de leur appartenance politique, à apporter leur soutien à cette tribune pour enfin faire entendre notre voix. Aujourd'hui, la parole des maires doit se libérer."

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