Régionales 2021 : pour Laurent Wauquiez, Auvergne-Rhône-Alpes est comme un laboratoire

Ultra-favori pour un second mandat en Auvergne-Rhône-Alpes où il s'est replié après son échec à la tête des Républicains, Laurent Wauquiez revendique un bilan de bon gestionnaire et de protecteur face à la pandémie, tout en refusant pour l'heure d'évoquer un retour au premier plan.

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"La région ne s'occupait pas de sécurité, et je trouve ça lunaire". En campagne dans la Loire, Laurent Wauquiez martèle son thème fétiche. A Sury-le-Comtal, petite ville aux airs tranquilles d'un peu moins de 7.000 habitants au coeur du Forez, le président sortant visite le poste de police municipale doté de trois agents.

"Sur nos petites communes, on doit être vigilant, si on perd ça, on perd tout", indique gravement l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, avant de rappeler au maire les 70.000 euros alloués par la collectivité pour l'aider à s'équiper de caméras aux abords du lycée et de la gare.

Tel semble être le nouveau Wauquiez, revenu à plein temps à Lyon après le naufrage de la liste Bellamy qu'il soutenait aux européennes (8,48%). Si la barbe qu'il arbore depuis deux ans lui donne un air plus décontracté et qu'il a renoncé à sa parka rouge, "un crève-cœur", plaisante-t-il -,  le logiciel n'a lui, en revanche, pas varié : réindustrialisation, préférence régionale, lutte contre l'assistanat, et donc, sécurité.

"J'ai une constance dans ce que je porte et ce à quoi je crois mais j'ai sans doute appris à l'exprimer de façon moins dure, avec plus d'attention et de sérénité", dit-t-il.

Malgré son annonce tardive de candidature depuis une entreprise textile du Rhône qui a fabriqué des masques distribués par la région, le président Wauquiez a vite commencé à ériger sa statue. Dès 2018, il affichait "Auvergne-Rhône-Alpes, région la mieux gérée de France", sur des panneaux publicitaires, se basant sur un rapport de la Cour des Comptes qui saluait seulement une fusion budgétairement bien négociée.

Une région laboratoire

"Dans la première partie du mandat, il a sacrifié les politiques publiques pour afficher des économies car il voulait que la région soit un laboratoire de la droite qu'il souhaitait incarner", croit savoir Jean-François Debat, chef de l'opposition socialiste sortante, et co-directeur de la campagne de Najat Vallaud-Belkacem, qui l'accuse d'avoir sabré dans la formation professionnelle en divisant l'offre par deux et demi.

"Depuis son échec à la tête de LR, les subventions tombent sans critères, le but est qu'elles soient signées Wauquiez", poursuit Jean-François Debat, qui en mars dernier avait saisi le parquet national financier, critiquant la gestion "opaque" de la collectivité. Laurent Wauquiez avait réagi en portant plainte "pour diffamation et saisissant à son tour le PNF sur la gestion de son prédécesseur socialiste.

A l'origine de cette passe d'armes judiciaire, un article de Mediapart qui avait affirmé que les subventions d'Auvergne-Rhône-Alpes étaient près de trois fois plus importantes pour les communes administrées par la droite que pour celles gérées par la gauche, et dix fois plus élevées en Haute-Loire, fief de Wauquiez, que dans le Rhône.

Malgré ces déséquilibres apparents, l'ancien maire du Puy-en-Velay, né à Lyon il y a 46 ans, et qui cite le Cantalien Pompidou comme référence, incarne pourtant incontestablement le nouvel ensemble né de la fusion, "où les gens ont la fierté d'appartenir à une grande réussite qui marche", selon lui.

Ses affiches de campagne le rappellent aussi : "Notre Président, notre Région", sur un fond bleu ciel évoquant la couleur des panneaux qui fleurissent aux entrées des communes ayant reçu des subsides de la collectivité.

"Wauquiez a fait de la région le pays des schtroumpfs", ironise son adversaire LREM Bruno Bonnell quand d'autres l'affublent du surnom de "Seigneur des panneaux". "Ici les gens me jugent sur ce que je fais et pas les petites phrases maladroites ou les polémiques sur une matinale", préfère retenir celui qui s'est astreint à une ascèse médiatique sur le plan national.

Dino Cinieri, autodidacte devenu député et conseiller spécial à la région, pense que le revers des européennes a "bonifié" son "ami" normalien et énarque. "Ça l'a affecté, il a fait une analyse sur lui-même", explique l'élu de la Loire, fustigeant "les médias qui l'ont fait passer pour quelqu'un d'extrême-droite".

"Je suis très préoccupé par l'état de ma famille politique et de façon plus importante par celui de la France à la sortie de cette crise", admet de son côté Wauquiez, avant de couper net : "Pour l'instant, ce ne sont pas des questions qui se posent et je me suis interdit d'y penser". Au moins jusqu'au soir du second tour.

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