Pour faire face à la pénurie de secrétaire de mairie, une proposition de loi a été votée en novembre pour faire évoluer ce métier de la fonction publique. Exemple dans deux petites communes rhodaniennes.
Dans la mairie, il y a le maire et la secrétaire de mairie. Une employée que l'on connait tous, qui est l'interlocutrice pour toutes les démarches administratives et légales. Quand le poste est vacant, tout devient très compliqué. Face aux difficultés à recruter, une proposition de loi pour revaloriser ce métier a été votée en novembre.
Une pénurie de candidats
Dans sa mairie, Sylvie Jovillard doit tout faire, du standard, à l'expertise juridique. A 57 ans, elle effectue son troisième mandat, comme maire de Légny, une commune de 700 habitants, située dans la Vallée d'Azergues. Un travail à temps plein et pour cause, elle est seule pour répondre à toutes les demandes de ses administrés. La commune n'a plus de secrétaire de Mairie depuis deux ans. Le recrutement est ouvert, mais elle peine à trouver des candidats compétents. Elle a reçu seulement cinq candidats.
Quand on n'a pas de secrétaire, on se débrouille. Une mairie, ça fonctionne tout le temps. C'est de l'administratif, du courrier, des mails, du téléphone et tout le quotidien pour le fonctionnement du village.
Sylvie JovillardMaire de Légny
Avec trois employés municipaux, une école et des tâches administratives de plus en plus complexes, ce recrutement reste pour elle une priorité, mais faute de candidat qualifié, elle doit pour l'heure s'en passer. Cela complique tout. Elle doit suivre chaque étape de chaque dossier. "Avoir quelqu'un qui a le temps pour appeler, renseigner, suivre les dossiers, ça faciliterait la décision et l'analyse d'un dossier", conclut-elle avant de répondre au téléphone tout en recevant un colis pour l'école.
Une collaboratrice essentielle
À deux kilomètres de là, le Maire d'une commune de taille semblable est lui très heureux de pouvoir compter sur Magalie - "Sa" secrétaire de mairie - une perle qu'il a mis deux ans à recruter et dont il n'imagine pas pouvoir se passer. "Si je n'ai plus de secrétaire, je préfère démissionner" lance Charles de Rambuteau, Maire de Le Breuil avant de se rétracter. "J'ai pris un engagement, je le respecterai". Mais on sent bien la détresse de l'élu face à cette éventualité. "Sans secrétaire, je ne peux rien faire".
Je ne suis pas maire pour faire des papiers. La mission d'un maire, c'est de bosser pour sa commune.
Charles de RambuteauMaire de Le Breuil
Le poste impose beaucoup de compétences et de disponibilité, et les salaires sont limités par les budgets contraints des petites communes. Le recrutement a été très compliqué. Le champ des compétences des mairies a été élargi, mais les ressources n'ont pas été revues en fonction. Charles Rambuteau se félicite du vote de la proposition de loi, mais reste sceptique.
Il y a un problème de fond qui est le rapport au travail. C'est le rapport à l'autre. On est aujourd'hui dans une société du quant à soi. C'est un problème de vocation.
Charles de RambuteauMaire de Le Breuil
De nombreuses communes rurales cherchent à mutualiser leur service pour palier cette pénurie, mais rares sont celles qui parviennent à trouver les personnels qualifiés. Plus de 1 900 postes sont vacants et près d’un tiers des agents en poste partiront à la retraite d’ici 2030. Un brevet universitaire d'un an s'est ouvert à Poitiers pour les chômeurs et les personnes en reconversion.