L'ambassade ukrainienne se délocalise pendant deux jours à Lyon pour faciliter les démarches des Ukrainiens. Ces vendredi 17 février et samedi 18, l'opéra accueille les réfugiés qui souhaitent renouveler ou demander un nouveau passeport.
"Nous en avons besoin pour travailler et voyager", explique Oleh. Le jeune homme a 16 ans, accompagné de sa mère, il attend dans la file comme d'autres compatriotes qui ont aussi fuit la guerre. En première année de CAP cuisine à Vienne, le jeune réfugié fait chaque jour les allers-retours entre son lycée et Villeurbanne, où il réside. Il lui est impossible de se rendre à Paris pour renouveler son passeport.
"C'est trop cher. On attendait que l'ambassade arrive jusqu'à Lyon", explique-t-il dans un français approximatif. Chose promise, chose due, l'ambassade ukrainienne pose ses valises à l'opéra de Lyon les 17 et 18 février, pour délivrer des passeports aux réfugiés.
"C'est une chance pour nous", souligne une dame d'une cinquantaine d'années, venue prolonger son passeport pour rester en France. Résidant à Saint-Priest depuis 2016, l'Ukrainienne était au courant de la tenue de ce genre d'évènement à Lyon. Elle surveillait le passage de l'ambassade ukrainienne depuis quelque temps.
Sans passeport, ils ne peuvent pas travailler en France
"Beaucoup d’Ukrainiens ne possèdent pas le passeport biométrique. Ils ont ce que l’on appelle le passeport de l’intérieur, c'est un peu comme la carte d’identité en France. Avec ce passeport de l’intérieur, ils peuvent circuler en Ukraine, mais pas passer la frontière, ni prendre l'avion", explique Anne-Marie Galayda, présidente de l'association "Lyon Lviv", venue encadrer l'évènement. Accompagnée de traducteurs, la responsable se plie en quatre pour aider les Ukrainiens dans leurs démarches.
Ce n'est pas la première fois qu'elle organise l'aide aux Ukrainiens dans la région. A la tête également des "Joyeux petits souliers", instituant un partenariat de longue date entre la maîtrise de l'opéra de Lyon et l’école de danse "Veseli Cherevychky" de Lviv, elle a organisé des collectes à destination du pays en guerre.
Sans ce passeport, impossible pour eux d'obtenir la carte APS (Autorisation Provisoire de Séjour) qui permet de rester sur le territoire français. De cette manière, les réfugiés ukrainiens de la région peuvent plus facilement entamer la procédure de création ou de renouvellement de leur passeport.
"On prend les dossiers, on les transfère en Ukraine et ensuite on attend qu’ils reviennent", souligne le vice-consul d'Ukraine en France. Une procédure longue et complexe, qui peut "prendre jusqu'à deux ou trois mois", précise le représentant, voire plus si la région concernée se retrouve sous les bombes russes.
Des Ukrainiens venus en nombre
Les uns après les autres, alignés devant l'entrée du bâtiment dès 9 h 30, assis dans la salle d'attente de l'Opéra, tous espèrent obtenir leur passeport rapidement. Certains ont obtenu un rendez-vous en ligne, les créneaux ont été pris d'assaut en moins de 10 minutes, d'autres viennent sans rendez-vous.
"On répond à un besoin. On va essayer de faire ce que l'on peut pour qu'ils puissent avoir leurs passeports au plus vite", résume le vice-consul. C'est ce que Danil espère. Lui et sa famille souhaitent rentrer en Ukraine dès que possible. "Ma grand-mère de 73 ans n’a pas de passeport. Ce n’est pas possible pour elle de venir à Paris", déplore le garçon de 10 ans qui compte retrouver son père, militaire resté au pays.
Pôle Emploi en soutien à la réinsertion
Un passeport est nécessaire pour quitter la France ou simplement pour travailler. D'ailleurs des conseillers Pôle Emploi sont à la disposition des Ukrainiens pour aider les nouveaux arrivants dans leur intégration en France.
"On est là pour donner le maximum d’informations aux personnes qui viennent aujourd’hui nous rencontrer pour des démarches d’inscription et Pôle emploi les accompagne dans leurs recherches d'emploi en France", explique Isabelle Blancardi, directrice de l'agence Pôle Emploi à Meyzieu. La responsable accueille chaque jour, des Ukrainiens réfugiés dans toute la région.
Elle le constate, ils manifestent "un grand désir d'insertion".
"On fait un diagnostic de leur situation. On regarde leur niveau, leur parcours professionnel. On examine également leur niveau d’expression orale en français et puis on confronte leur profil, leur parcours professionnel antérieur. Ensuite, on détermine comment on peut transférer leurs compétences sur le marché de l’emploi français."
Isabelle BlancardiDirectrice de l'agence Pôle Emploi à Meyzieu
En fonction de l'analyse établie, elle peut proposer une formation requalifiante, une formation en français ou encore un emploi.