André Andreu, dit le pivert, raconte des histoires sur le bois. Installé à la Mulatière, près de Lyon, il sculpte des hauts-reliefs naïfs, inspirés de scènes populaires et joyeuses.
"Quand on taille ce bois, on part, on voyage. On s'imagine jouer un rôle là-dedans". Chaque jour de la semaine, dans son petit atelier de la Mulatière, André Andreu, dit le pivert, ébauche des histoires dans le bois.
André a été apprenti menuisier, tailleur de Pierre. Il a restauré des monuments historiques. Désormais, il met en scène ses fantaisies. Ses tableaux consacrent les rondeurs et les courbes généreuses.
Une sculpture, ça se touche, ça se regarde, mais on les touche, on les caresse et là, on sent la matière, on sent le bois, on sent cette chaleur.
André Andreu, dit le pivert,sculpteur
Fêter la joie, dégager la morosité
Il trouve son inspiration dans le quotidien et dans les mots. "L'idée, je l'écris d'abord, puis je vais dessiner et là, j'ai déjà un projet qui se construit, comme un metteur en scène. Ensuite, je prends tous mes dessins, je les regroupe". Il y a un peu de lui dans chaque haut-relief des scènes d'art naïf où se niche aussi la malice. "Je ne sculpte pas la tristesse, la morosité, elle existe, mais il faut l'oublier, il faut la pousser dehors. Il faut s'occuper que des choses gaies, intéressantes à vivre, bien manger, bien boire, bien danser, bien s'amuser" revendique-t-il, avec vigueur.
La preuve à quelques pas, avec des jazz moines et d'autres ivres de vin. Dans ces récits de bois, ils ne sont pas les derniers à faire la fête. "Étant donné que c'est secret, que c'est fermé, j'invente tout un tas de trucs sur eux. On voit un peu le désordre, vous en avez qui chantent, vous en avez qui mangent, vous en avez qui boivent, pendant qu'un qui fait le discours". L'imagination prend le relais, "mais sans vulgarité précise-t-il
Un grand projet à venir
À 85 ans, le pivert a plus d'un tour dans son sac. Et encore des projets. Pour l'un d'eux qui lui tient à cœur, il a déjà tout dessiné sur une grande feuille de papier. "Ici, on voit le musée de la confluence qui sera sculptée, là la cathédrale Saint-Jean et des personnages qui fuient. Ils fuient parce que c'est l'arrivée du 21ᵉ siècle à Lyon".
Ce n'est pas près de s'arrêter. Son atelier est son paradis, il est plus chez lui ici que dans sa maison, dit-il. André se sent si bien au milieu de ses personnages qu'il figure même souvent, seul ou au bras de sa femme, dans ses œuvres.